Forum de FilmDeCulte

Film d'animation qui retrace la vie de Josep Bartoli, illustrateur espagnol qui a combattu avec les Républicains durant la Guerre Civile et qui a été emprisonné dans un camp pour réfugiés espagnols dans le sud de la France quand il a tenté de fuir son pays après la victoire de Franco.

Le film est intéressant du point de vue historique, on ne sait pas grand chose de ce grand fait historique totalement éclipsé par la seconde guerre mondiale. Pourtant la France est coupable d'atrocités, de camps de concentration totalement inhumains où des gens mouraient de faim et de maladie sans assistance, violentés par des gendarmes xénophobes etc... De ce point de vue là le film est vraiment instructif. C'est amusant de voir comment la culture espagnole parvenait à exister toujours dans ces camps avec la musique, le flamenco et cette envie de vivre très latine avec ses moeurs légères où les femmes tiraient au sort les mecs qu'elles allaient baiser .

Mais là où le film parvient à dépasser l'article Wikipédia c'est dans son utilisation du dessin. En effet, on va en fait assister "en direct" aux dessins qu'a réalisés Bartoli durant sa captivité (qu'il a publié longtemps après). Et il y a tout un truc autour du dessin comme passage de témoins historiques qui est très beau, très émouvant, notamment dans le geste final

Il y a quelques passages sympas notamment la rencontre tardive avec Frida Kahlo et le film se suit sans déplaisir. Mais globalement on est quand même dans le syndrome film d'animation français, techniquement très pauvre (même si ça semble volontaire, pour se conformer au style de Bartoli) et doublage grossier (Morel en gendarme pervers en fait trop, David Marsais du Palmashow qui double un ado en faisant une voix fluette est ridicule, Sergi Lopez est bien lui). Et au final ça reste un tout petit film (1h15 générique inclus) recommandable mais loin d'être inoubliable.

4/6

_________________
CroqAnimement votre

Tu ne vas pas nous refaire le coup de l'animation française pauvre, quand même

L'animation est pauvre c'est un fait. La première séquence est d'ailleurs horrible, ce n'est même pas animé, ce sont des dessins qui se succèdent. Après c'est justifié par le film puisque ce sont les dessins du personnage qui sont utilisés. Mais c'est particulier. Et pour la généralisation à la France, j'attends toujours de voir un film d'animation (contemporain) qui me séduise totalement techniquement. Je bouffe énormément de courts métrages d'animation français et il y a un talent dingue que je ne retrouve pas trop dans les longs métrages. Apparemment Calamity Jane est très réussi, je suis curieux

_________________
CroqAnimement votre

Karloff et moi sommes de grands fans donc t’as intérêt à aimer sinon t’es plus mon ami.

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Pour l'anecdote j'ai vu le film hier dans une salle rempli de vieux ET d'un père qui y a amené ses deux enfants (âges 4 à 6 ans à vu d’œil), je ne pouvais pas les manquer puisqu'il a jugé bon de s’assoir exactement devant moi (dans une salle même pas au quart remplie). Je me suis aussitôt demandé si le mec s'était un peu renseigné avant d'emmener ses enfants voir le film, j'avais un doute que ça puisse convenir à un public si jeune, ce qui s'est confirmé tout au long de la projection (explication à chacun de ses enfants toutes les deux minutes, le plus jeune qui n'arrêtait pas de poser des questions sans chuchoter). La prochaine fois qu'on me fait ce coup là je change de place directe. En tout cas bon courage à lui pour les discussions d'après film (j'imagine ce que les gosses vont raconter à leur mère ).


J'y suis allé justement parce que j'avais découvert l'existence de ces camps dans un roman lu il y a quelques années, Toutes les vagues de l’océan de Víctor del Árbol (Un millón de gotas en VO), que je recommande par ailleurs chaudement, qui se termine par l'horrible histoire de l'île aux cannibales en Sibérie. Josep correspond en tout point à l'idée que l'on peut se faire de ses camps tels qu'ils sont décrit dans le roman, la séparation homme/femme et le tirage au sort pour y apparier les couples y étaient pareillement décrit. Par contre au-delà de l'illustration de cette réalité, j'ai trouvé que l'on avait bien peu de choses à se mettre sous la dent. La dernière partie Frida Kahlo est vraiment là pour être exhaustif sur le parcours de Bartoli, les aller-retour présent/passé ont pour unique but l'existence de la scène finale, au final un film qui a le mérite de lever le voile sur un moment de l'histoire peu glorieux de la France, qu'il n'est pas inutile de rappeler, mais ça ne va pas beaucoup plus loin que ça.

Souvenir de la caissière du ciné qui avait dissuadé une vieille qui voulait emmener ses petits-enfants voir LES NOUVEAUX MECS, sans doute car l'affiche était dessinée.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

En docu on peut aussi citer No pasaràn, album souvenir, qui date de 2003.

En Espagne (et particulèrement en Catalogne) la mémoire de ces camps est vive et l'était sans doute déjà dès les années 40, même si la chape de plomb empêchait d'en parler au jour libre.
L'écrivain Antonio Machado est mort dans un ce ces camps par exemple.
Il y a aussi une continuité complexe entre l'histoire espagnole ces camps en 1939, et le fait que certains ont été utilisés l'année suivante pour interner des citoyens allemands ayant fuit l'hitlérisme dans les années 30 lors de la déclaration de guerre (Hanna Arendt est sans doute une des plus connues) alors qu'ils cherchaient au contraire à rejoindre les USA par l'Espagne, sans compter qu'ils ont été dans un troisième temps été utilisés par les autorités de Vichy contre les Juifs, livrés aux Allemands. Celui de Gurs a ensuite utilisé pour des collaborateurs.

Wikipédia mentionne aussi qu'il y a eu des camps pour les Républicains mis en place pour la France en Afrique du Nord (https://fr.wikipedia.org/wiki/Retirada)

_________________
Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Bon, je vais faire d'une pierre deux coups ds ce topic.

"Josep" j'ai pas été emballé du tout, le côté didactique m'a gonflé j'aurais préféré un film-cauchemar véritablement du point de vue du dessinateur dans les camps. Tout le côté transmission contemporaine entre le pépé et le gamin c'est trop conventionnel. La dernière partie est très faible, la référence longue et lourdingue à Khalo (avec du poil sous les bras), surtout quand en bout de parcours le truc c'est de dire qu'un bouquin de dessins a été publié puis qu'une expo à Guggenheim a eu lieu (et donc aussi un film d'animation), ce "happy end" commercial est franchement de mauvais goût. Pendant ce temps, à la municipalité RN de Perpignan, on veut rouvrir les musées car "c'est pas plus risqué que d'aller dans un centre commercial"... Le côté dessin peu animé m'a pas convaincu non plus, pourquoi pas faire un livre illustré justement plutôt qu'un film d'animation à ce point saccadé ? Il paraît qu'il y a une évolution du dessin dans le film qui suit celle de Josep Bartoli, ça ne m'a pas du tout frappé.

"Calamity Jane" j'ai trouvé ça totalement dégueulasse sur la forme, on se croirait revenu à l'époque des premiers jeux vidéo 3D d'Eric Chahi, "Another World" ou "Flashback" début des années 90. J'imagine que c'est volontaire, que c'est déjà une vague retro de retour à l'âge "primitif" de la 3D qui colle à l'âge des pionniers de la nouvelle frontière, mais bon dieu que c'est moche (et personne pour le dire !). Le récit est aussi chiant au possible, ça se veut film d'aventure mais c'est toujours le même ressort (éculé) qui est utilisé : être sauvé d'une attaque d'un serpent, d'une attaque d'un ours, d'une attaque d'un puma, d'une chute d'un précipice, d'un torrent... passionnant. Je vois pas trop l'intérêt de raconter ce type d'histoire en film d'animation, ça décolle jamais vraiment de la réalité, sauf dans le côté soi-disant "fauviste" des décors mais qui sont en même temps foutus en l'air par leur statisme. Après y a tjs les clowns "critiques" habituels qui ont réussi à voir du Miyazaki là-dedans (au moment où le fils Miyazaki bascule d'ailleurs lui-mm dans une sorte de 3D lissée type "doll world" absolument hideuses également à tous points de vue !)...

Tout ça est plein de bons sentiments, mais bon c'est pas fameux fameux pour autant.

J'ai été un peu déçu pour ma part, aussi. Je trouve l'intention remarquable, j'aime bien l'idée finale - la chanson est très belle aussi. Mais l'animation limitée (c'est volontaire ok), les voix m'ont parfois sorti du film et j'ai trouvé que cela manquait beaucoup de rythme pour ne pas me dire que j'aurais préfère découvrir la même histoire en bd.

3/6