Ellen Aim, une chanteuse de rock est kidnappée par Raven et son gang de motards. Son ancien amant Tom Cody arrive en ville pour la libérer, ce qu'il fait rapidement. Raven et son équipe se lance alors à leur poursuite...Quand le sous-titre de ton film est
"A Rock n' Roll Fable", tu sais que tu vas au devant du bide.
Quel improbable projet de la part de Hill, enorgueilli par le succès de
48 Hrs., qui accouche de ce cocktail entre codes du western (c'est globalement
La Prisonnière du désert la première moitié) et symboles de la culture des années 50 (coiffures banane, bagnoles d'époque, motard Hell's Angels-
like) propulsés dans un contexte urbain on-ne-peut-plus '80s (un Chicago cradingue).
Le film commence de manière tonitruante avec une performance musicale sur scène de bébé Diane Lane, doublée pour une chanson de
power rock signée Jim Steinman (
Total Eclipse of the Heart, I Need a Hero, I'd Do Anything For Love), qui baigne dans une esthétique de clip fiévreux (le montage du film est mi-avant-garde, mi-faux raccords) avec une introduction des méchants savoureusement stylisée avant un kidnapping qui lance le récit.
Mais les soucis commencent dès l'arrivée du héros, campé par un Michael Paré inénarrable d'anti-charisme. À ses côtés, Amy Madigan s'en sort beaucoup mieux par son énergie revêche, tout comme Rick Moranis à simili-contre-emploi en petit ami/manager
nerd mais, de manière générale, la direction d'acteur vibre à une fréquence beaucoup trop haute et les dialogues sont d'un tel didactisme qu'on a l'impression de regarder des
cut scenes de jeu vidéo.
Ça passerait sans doute mieux si le film était un vrai
musical mais il s'agit plutôt d'un sous-
The Warriors dont Hill essaie de répéter l'épure mythique mais n'obtient qu'un empilement précipité de motifs qui laissent parfois interrogateur comme le bar des méchants qui semble issu du même imaginaire homophobe (dans le sens littéral de "peur") que
Mad Max ou
Cruising, où les apparats d'une certaine frange de la communauté gay évoquaient la déviance et donc le Mal (cf. la danseuse androgyne et le look de Willem Dafoe torse poil sous une espèce de salopette de pêcheur en vinyle).
Certaines scènes présent un aspect YOLO assez amusant, genre le héros qui snipe avec un fusil à pompe des motos qui explosent instantanément ou bien ce duel final à coups de marteaux/piolets, laissant vraiment entrevoir qu'on est dans le
"Another time, another place..." indiqué par la carton d'ouverture, mais ni l'action ni l'histoire ne parviennent à réellement contenter le spectateur, certes maintenu intéressé par l'hallucination générale mais décontenancé par le peu que ça raconte (au-delà du virilisme hillien habituel où les meufs sont soit la soeur relativement inexistante du héros, soit un garçon manqué qui lui sert de partenaire, soit la demoiselle en détresse à qui le héros FOUT UNE GROSSE PATATE afin de l'endormir avant la baston finale
).
Reste l'
outro du film, qui se termine donc comme il avait commencé, avec un autre morceau sur scène écrit par Steinman, le puissant hymne
Tonight Is What It Means To Be Young. Si tout le film avait eu la force de ces deux chansons (ou de cette affiche!), ça aurait été mortel. En l'état, c'est un peu un OVNI vaguement foireux.