Forum de FilmDeCulte

La Llorrona : seuls les coupables l’entendent pleurer. Selon la légende, la Llorona est une pleureuse, un fantôme qui cherche ses enfants. Aujourd’hui, elle pleure ceux qui sont morts durant le génocide des indiens mayas. Le général, responsable du massacre mais acquitté, est hanté par une Llorona. Serait-ce Alma, la nouvelle domestique ? Est-elle venue punir celui que la justice n’a pas condamné ?

J’apprécie le concept du film : la mythologie des Amérindiens vient hanter les responsables des massacres ethniques perpétrés sous la dictature. Dès l’ouverture, les croyances occidentales sont mises sur le même plan que celles indigènes, avec cette scène de prière incantatoire, manière de bien illustrer que chaque civilisation possède ses propres mythes expiatoires. Je comprends le point de vue adopté, le fait de se situer dans la famille d’un ancien général auteur de massacres, mais je trouve que la diffusion progressive du mythe au sein de la réalité est trop diffuse, et que la résolution finale ne raccroche pas tous les fils et indices de ce malaise, instillé que trop tardivement dans le récit.

Le film transmet malgré tout quelque chose d’intéressant, l’histoire guatémaltèque m’étant assez peu familière, et arrive à ne pas se vautrer dans la revanche basique ou la surexplication pour les nuls, et sait rester pudique, mais ce n’est que trop peu habité pour me parler totalement bien que la fin comporte son morceau de bravoure bien marquant. Peut-être que le défaut du film est d'être dans un entre-deux de tons, entre film politique austère et factuel, et horreur feutrée, et de ne pas arriver à basculer dans la vision onirique, le propos métaphorique ou l’horreur pure pour créer une oeuvre plus radicale et aboutie.

J'avais adoré son Ixcanul, totalement raté Tremblements l'année dernière, celui-ci me laisse un sentiment mitigé mais il y a un point de vue original que je continuerai à suivre.

3/6

Ixcanul reste son meilleur, en effet, mais je trouve cette "trilogie" (car c'en est une*) tout à fait passionnante.
Ici, j'ai aimé comment Bustamante assumait avec beaucoup de classe son réalisme magique, je trouve son "mélange de genres" très réussi, c'est ce qui confère au film toute sa force, du moins sa singularité. Et puis revisiter le Mythe de la Llorona pour convoquer les fantômes de l'Histoire, je trouve ça très intéressant.

Ses films passent un peu inaperçus et c'est fort dommage (et injuste) car c'est un futur grand nom du cinéma, en cinq ans le mec (à peine 42 ans) nous pond trois films passionnants qui nous montre vraiment l'âme de son pays et de sa culture, en n'hésitant pas à farfouiller du côté du Dark Side. Le tout en s'essayant à plusieurs genres, en adoptant son style au sujet.. Vraiment, un grand metteur en scène qui a plein de choses à dire. Très curieux de voir ce qu'il va faire après ça.

*Il s'agit de la "Trilogie de la Haine" qui règne au Guatémala. Là-bas, les trois pires insultes qu'on peut asséner c'est "indigène" (voir Ixcanul), "homosexuel" (voir Temblores, inimaginable chemin de croix d'un homo qui croit que le plus dur est fait une fois fait le coming out), et "communiste" (voir ce La Llorona), terme qui désignait tous les opposants au régime sanguinaire du général Efraín Ríos Montt, condamné (en 2013) pour génocide et crime contre l’humanité durant ses deux années au pouvoir, à l’issue de son coup d’État au début des années 1980.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Je suis le réalisateur guatémaltèque depuis son premier et brillant film Ixcanul. Ici, il conclut sa trilogie de la haine avec un film de fantôme politique, plus intéressant que totalement réussi, qui manque un peu de surprise dans sa narration - et aussi de vrais moments de frisson. Mais il est jeune (enfin 42 ans quand même), explore le Mal de son pays avec un vrai sens de la mise en scène.

3/6, un peu déçu de part sa réputation