DPSR a écrit:
mais aucun style ni aucune idée de mise en scène.
J'ai trouvé ça remarquable d'intelligence et de précision que ce soit dans la mise en scène ou le regard porté par les Taviani. Alors oui, c'est un faux documentaire mais la captation du réelle est telle qu'on n'a pas un moment l'impression que les émotions ou le ressenti du duo des cinéaste soient fabriquées. Mise en scène sobre mais très loin d'être classique. Très classe même et je trouve que ça regorge d'idées, la manière dont les frères laissent le réel faire irruption dans les répétitions (scène de l'harmonica au casting). Et puis cette théâtralisation stylisée à l'extrême des rapports entre prisonniers, cet art de capter les figures et leurs expressions, c'est autant le texte de Shakespeare qui se nourrit de ses prisonniers que réciproquement.
Et la liberté que laisse les Tavianis aux spectateurs, aucun regard sentencieux ou morale appuyée sur l'expérience de ces prisonniers, aux personnes dans la salle de se faire la pleine interprétation de cette expérience et de son effet sur les prisonniers. Parce que c'est avant tout un film sur l'imagination, la puissance que l'art a sur chaque individu et la mise en scène même. Tout le long, le film tient comme un équilibriste sur un film mais jamais il ne tombe dans le vide ou la facilité. Film exigent et d'une densité rare, c'est vraiment un gros morceau de cette année 2012 et il n'a pas volé son Ours d'or (bon je n'ai pas vu Tabou).
C'est dommage que peu de personnes l'aient vu, c'est vraiment admirable.