Film sur le démon de midi d'un quarantenaire, médecin de la petite île d'Antiparos en Grèce, je n'en attendais pas grand-chose et je me suis donc surpris à trouver ça bien mieux que je l'escomptais.
Grâce notamment à une espèce de génie du lieu : entre le cabinet du médecin, sa maison en face, le camping et sa plage naturiste, les quelques bars et boîte de nuit, l'espèce d'allée empruntée la nuit par les fêtards alcoolisés, la grande qualité du film est d'abord de donner à voir de manière presque tangible cette géographie. Aux dires du réalisateur, le film alterne entre plans soigneusement composés et improvisation (des dialogues en particulier), ce qui participe à son aspect organique mais aussi organisé tout à la fois.
L'autre consiste en son portrait d'un quarantenaire dont on se rend compte au cours du film qu'il est dépressif. L'acteur qui le joue, Makis Papadimitriou, a un physique qui rend le récit crédible, oscillant selon les circonstances entre un charme bourru et fragile à la fois et des airs d'imbécile heureux.
Marrant que je découvre ce matin que Médiapart a sorti un article sur la misogynie* du Masque et la Plume parce qu'il serait amusant de savoir ce que les critiques auraient dit des jeunes filles du film à l'écran. Perso, je suis revenu de cette cinéphile attardée qui consiste à fantasmer sur des beautés au cinéma, mais dans
Suntan, Papadimitropoulos choisit d'entourer ce médecin d'une bande de jeunes au physique de mannequin, à l'arrogance et l'aisance insupportables, symbolisée par cette manière de se mettre nu ou de porter un demi-string pour un mec avec désinvolture.
Ils poursuivent ce qui est un cliché du cinéma grec, dont les figures de faune à la sexualité exacerbée indissociables de paysages aux airs de paradis primates sont constituées de longue date, avec
Zorba le Grec ou
Jamais le dimanche et d'autres films moins connus.
Papadimitropoulos choisit d'emmener le film du côté noir, de la psychose et de la tragédie. C'est son choix et il le fait plutôt bien, même si ça rend le film plus banal qu'il aurait pu l'être s'il avait daigné rendre ses personnages plus complexes que ce qu'ils sont ici, et de les rendre moins réalistes, moins prévisibles.
La conclusion de la critique du Monde est quand même bizarre :
Citation:
Suntan est ainsi le récit d’une mini-déchéance tout autant que la peinture grinçante et précise d’une spirale masochiste dans laquelle se laisse glisser le principal protagoniste. Le plaisir paradoxal pris au film est justement celui d’une joie mauvaise, entretenue par le sentiment d’assister aux malheurs d’un protagoniste pathétique et lourdaud. Le masochisme du personnage n’appelle-t-il pas le sadisme du spectateur ?
Idée farfelue mais si Rauger y prend une espèce de plaisir sadique, c'est à mon avis qu'il a un problème. Le ton importe, et même si la comédie affleure par moments, on n'est pas là dans une comédie italienne avec Catherine Spaak et Ugo Tognazzi style
La Voglia Matta (cet aspect grotesque s'incarne par exemple dans un personnage secondaire de dragueur du village qui aurait pu être, lui, le sujet d'une comédie)
*la misogynie de nombreux avis sur imdb est hallucinante entre les "Sure she is a fluzzy but I would totally tap that" ou un compliment du style "the actress who plays the frequently nude Anna could be described as cinematic Viagra".
Ce type sur imdb qui évoque le film du point de vue de la culture nudiste... En fait cet aspect du film, assez secondaire d'après moi, lui a valu des comparaisons myopes et paresseuses dans la presse française avec l'
Inconnu du Lac.Citation:
This film is not a nudist film, nor will the nudist culture embrace it because of it's dark turn in the last act.
But it's exactly what a nudist film needs to be. Honest, unflinching, raw. This is an examination of what every American Nudist goes through. (to use the title of a failed film I was forced to make).
We middle-aged nudists have to come to terms with millennials calling themselves Young Naturists, who are rewriting the rules of nudist etiquette. And while they thrive, embracing the "new hedonism" which actually is pretty mild, and naturally, beautiful realized in this film, older nude beach goers like our hero Kostis feel like a relic, who no longer fit in with the younger crowd no matter how hard they try to hang on to romantic notions of love.
Kostis, a pathetic romantic fool, ends up like every unattractive romantic fool, neglecting his professional duties and spiraling downward in some misguided attempt to recapture something he never had.
And it can only end tragically. Because ultimately, romance is selfish. Romantics are self absorbed egomaniacs who are unable to see the world as it truly is. And romantic naturists are the worst offenders.
That being said, there are some weaker moments, Some scenes are repetitive and the fight choreography was awful. I was hoping it'd be even more violent, but that's my American attitude showing.
Overall, I highly recommend this film because it's the direction that any indie filmmaker interested in using nudity in their art should go. It's bold, daring and immediately relevant to our lifestyle.