Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 22 Nov 2024, 15:14

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 28 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Ida (Pawel Pawlikowski - 2013)
MessagePosté: 20 Oct 2013, 17:07 
Hors ligne
Successful superfucker
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
Messages: 8711
Image

L’histoire d’une orpheline dans la Pologne des années 1960 qui découvre ses racines juives au moment d’entrer au couvent.

Après s'être planté dans les grandes largeurs avec La femme du 5ème, un Pawlikowski, plus remonté que jamais à en découdre, revient avec cette odyssée intime d'une jeune aspirante nonne filmée dans un noir et blanc d'une incandescence surréelle (la photo laisse baba) et bercée du jazz de Coltrane, qui remporte absolument tous les grands prix partout où il passe (Varsovie, Londres). Tenant dorénavant à distance ses pulsions mélodramatiques et ne s'embarrassant pas de gras (ça dure 80 minutes), Pawlikowski utilise avec intelligence les chemins de traverse pour raconter le destin d'Ida, qui se croyait orpheline, mais qui se voit enjoint par la mère supérieure de rencontrer sa tante avant de prononcer ses voeux. Alcoolique et désabusée au premier plan, on pense à une fille de mauvaise vie qui ira bêtement tenter de la pervertir: Pas du tout, c'était en fait une ancienne procureur de premier plan mise sur le carreau par les transformations de l'après-guerre en Pologne. Sans doute parfois trop désincarné, Ida évite pourtant les pièges de l'austérité par les splendeurs de son sens de la composition et en laissant ses personnages dans un doute permanent qui leur rend toute leur humanité.
4/6


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 20 Oct 2013, 19:31 
Hors ligne
tape dans ses mains sur La Compagnie créole
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
Messages: 22739
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Oui parait que c'est sublime ca... Attente!

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 13 Fév 2014, 22:38 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Oct 2007, 11:11
Messages: 8089
DPSR a écrit:
. Sans doute parfois trop désincarné, Ida évite pourtant les pièges de l'austérité par les splendeurs de son sens de la composition et en laissant ses personnages dans un doute permanent qui leur rend toute leur humanité.


La photo est belle mais j'ai trouvé ça un peu austère justement. Pawlikowski s'en tire bien avec une très belle scène où pendant un court instant elle décide de se décoiffer et de s'admirer dans la glace, mais je trouve qu'on aurait pu s'en tenir à ça, les 20 dernières minutes sont un peu trop démonstratives selon moi.

3/6


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 14 Fév 2014, 10:16 
Hors ligne
tape dans ses mains sur La Compagnie créole
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
Messages: 22739
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Moi j'ai trouvé ça absolument renversant esthétiquement, dans les cadrages et la photo (CHAQUE. PLAN. sans exception est sublime et voudrait appuyer sur pause et l'encadrer dans son salon). Déjà.
Et puis le personnage est magnifique, cette double quête (celle du passé, celle du présent) m'a beaucoup touché... Et l'actrice principale crève l'écran.

Bref c'est vraiment un petit bijou.

5/6

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 14 Fév 2014, 10:37 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28404
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Pareil, je trouve le film sublime. Surtout que contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là je le trouve absolument pas austère. Déjà le film dure 1h20 et ensuite les plans fixes sont relativement courts et Pawlikowski ne cherche pas à rentrer dans la durée comme peut le faire Bela Tarr (avec qui on compare, à tort d'ailleurs, le film). Mais il y a une noirceur, une tristesse absolument sans fond qui rend le film presque apocalyptique seulement éclairé ça et là par des saillies brutales (comme ce plan extraordinaire où Ida montre enfin ses cheveux). Grand film pour moi, il sera sans aucun doute dans mon top de fin d'année. Je fais rarement de la pub mais voilà le texte que j'ai écrit pour un blog.
Au festival des Arcs j'ai tapé la discute avec l'actrice principale, fille sublime, engagée un peu par hasard sur le film et qui à mon grand regret n'a pas envie d'être actrice.

5/6

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 14 Fév 2014, 11:09 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Oct 2007, 11:11
Messages: 8089
Art Core a écrit:
Pareil, je trouve le film sublime. Surtout que contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là je le trouve absolument pas austère. Déjà le film dure 1h20 et ensuite les plans fixes sont relativement courts et Pawlikowski ne cherche pas à rentrer dans la durée comme peut le faire Bela Tarr (avec qui on compare, à tort d'ailleurs, le film).


Je pense pas que ça ait un quelconque rapport avec la durée des scènes ou du film. Effectivement c'est très court, et perso je me suis pas vraiment ennuyé (encore que, un peu quand même mais rien de dérangeant). C'est plutôt la noirceur du film, l'opacité de certains cadres, les thèmes abordés (perte de la foi, alcoolisme, déprime, suicide, etc.). C'est quand même un film assez triste avec peu de moments de respiration (en effet très jolie scène où elle détache ses cheveux encore une fois). Je pense que c'est surtout ça qui peut embêter. Moi ça m'a tenu un peu à l'écart même si je conçois qu'on puisse trouver ça très beau.

Mais par exemple, je me retrouve pas du tout là dedans:

Citation:
Mais il y a une noirceur, une tristesse absolument sans fond qui rend le film presque apocalyptique seulement éclairé ça et là par des saillies brutales (comme ce plan extraordinaire où Ida montre enfin ses cheveux).


Le "le film presque apocalyptique seulement éclairé ça et là par des saillies brutales" je trouve ça un peu exagéré, en tout cas ça ne m'a touché à ce point.

Encore que, comme saillie brutale je vois bien le suicide de la tante mais je sais pas si ça "éclaire" le film par contre :)


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 14 Fév 2014, 11:16 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28404
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Pour moi le film travaille justement une profonde douleur qui est contrebalancée par la naïveté d'Ida (qui va être réduite à néant au fur et à mesure). Et les plans sur son visage sont souvent empreints selon moi d'un espoir intense. Elle représente quelque chose de vivant, de passionné, de sincèrement bon et parfois dans son regard, dans la façon de capter son visage indéchiffrable il y a comme de petits rayons de soleil qui viennent frapper la rétine.
Même si au final
c'est pour mieux faire retomber le film dans la pire horreur. Le suicide de la tante et la foi bafouée d'Ida qui va se réfugier dans le couvent par défaut
C'est comme ça que je l'ai vécu en tout cas.

_________________
CroqAnimement votre


Dernière édition par Art Core le 14 Fév 2014, 11:34, édité 1 fois.

Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 14 Fév 2014, 11:30 
Hors ligne
tape dans ses mains sur La Compagnie créole
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
Messages: 22739
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Tout à fait d'accord avec Art Core.

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 15 Fév 2014, 19:01 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 03 Nov 2013, 23:05
Messages: 3534
Le coup du suicide de la tante je pense juste que ca vient du fait qu'elle n'ai plus de raison de vivre tout simplement, le seul but dans sa vie restait le mystère d’où pouvais être enterré son fils, frustration qu'elle exerçait par le sexe.

Sinon pour le coup de Ida qui revient au couvent à la fin je pense que c'est juste qu'elle avait goutté au joie de la vie civile et voulait aller jusqu'au bout de l'expérience dans le doute, voyant à la fin que ce n'était pas pour elle, elle renonce.


Sinon c'est un beau petit film plastique avec une durée raisonnable au vu la proposition de cinéma mais je ne peux pas dire que ca m’ait transcendé tant que ça sur le traitement, sentiment bizarre à la sortie.

3/6


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 19 Fév 2014, 21:19 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
Messages: 9899
Localisation: Ile-de-France
Pour moi la fin s'interprète davantange dans un aveu d'impuissance, d'une tristesse sans nuance: par rapport au couvent qui représente sérénité et protection, le monde extérieur ne lui apporte que l'horreur de sa famille éradiquée par ses compatriotes, horreur que la promesse d'un avenir tout tracé (mariage, enfants, quotidien) ne peut venir contrebalancer. Ida demande "Et après?", car elle cherche un absolu, une transcendance lui permettant de faire davantage que de simplement compenser un drame. La religion peut à ses yeux remplir ce rôle, d'autant qu'encore une fois, il n'y a que le monde extérieur qui pose problème à Ida, le monde intérieur du couvent étant certes austère, mais sans horreur.


Reste que tout cela m'a laissé froid. Non pas que le film soit austère (c'est faux si l'on compare à du Bela Tarr, du Bresson, du Tarkovski, du Dreyer, etc.), mais il semble reculer devant tout affleurement d'émotion. Je crois comprendre à travers DPSR que le précédent film du cinéaste partait dans des effusions malvenues, et j'ai l'impression qu'ici il veut se rattraper en faisant l'inverse. Mais c'est très peu incarné: les beaux cadres, la belle photo, la belle actrice, la belle musique, n'offrent en définitive, dans l'utilisation qui en est faite, aucune vie, ils sont désespérement mornes, vides, à l'image de cette actrice au visage touchant de candeur mais manquant cruellement de nuances, ou à l'image de Mozart et Bach utilisés de manière convenue.

Le film contient des éclats (Ida qui défait ses cheveux, Ida qui écoute Coltrane, sa tante dans la baignoire, de nombreuses utilisations de l'architecture pour opérer un découpage dans le cadre...) mais toujours dans l'immobilité, et personnellement, ce côté figé de la matière me paraît limité même pour traiter un tel sujet (je dirais en fait, surtout). Si l'on veut verser dans les comparaisons, Hajdewich et Camille Claudel 1915 enfoncent totalement ce film dans leur façon brute et matérielle de mettre en scène une quête d'absolu, un enfermement, l'horreur inconsolable, etc.

Ce n'est pas mauvais, pas sans promesses, mais c'est trop appliqué et trop figé pour éveiller en moi une quelconque émotion.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 24 Fév 2014, 12:40 
Hors ligne
Expert

Inscription: 04 Juin 2010, 12:55
Messages: 4352
Trouvé ça super chiant aussi, genre contrefaçon horrible du ciné de Bresson. Merci Léo.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 24 Fév 2014, 13:10 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23988
Citation:
Dinara Droukarova


Le nom revenu des limbes. Je la trouvais super mignonne.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 05 Juil 2014, 22:25 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23988
Un beau film de festival. Sujet fort, deux partis pris de mise en scène - N&B et format carré -, belles actrices et scénario très construit. Le petit bémol tient que je trouve justement le film presque trop maîtrisé et cadenassé. La fin est très forte.

4/6


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 05 Juil 2014, 22:29 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23988
en fait, j'ai l'impression à chaque fois, ou presque, de résumer vos avis. Je suis d'accord avec tous.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 13 Fév 2016, 17:14 
Le film m'avait agacé par son côté rétro et j'avais l'impression d'un certain artifice peu crédible historiquement avec la reprise de Naima de Coltrane. Mais en fait j'ai oublié qu'il y avant ne scène jazz très vivante en Pologne à l'époque, en dialogue avec les USA, et proche de l'Ecole de Lodz j'ai écouté récemment "Astigmatic" de Krzystof Komeda qui est quand-même superbe.


Haut
  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 28 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Cold War (Pawel Pawlikowski, 2018)

Arnotte

12

1907

10 Nov 2018, 17:26

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. My Summer of Love (Pawel Pawlikowski - 2004)

Zaphod

9

2052

17 Aoû 2005, 10:56

Jericho Cane Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. G. I. Joe : Conspiration (Jon M. Chu - 2013)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4 ]

MrHobbes

46

6181

15 Déc 2020, 09:14

Le Cow-boy Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. We Are What We Are (Jim Mickle, 2013)

Film Freak

0

1661

08 Sep 2013, 23:12

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Old Boy (Spike Lee - 2013)

Karloff

14

2068

10 Déc 2013, 23:38

Billy Budd Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Ilo Ilo (Anthony Chen - 2013)

DPSR

4

1623

17 Juin 2013, 17:54

DPSR Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. A Touch of Sin (Jia Zhang-ke, 2013)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4 ]

Karloff

52

5697

28 Déc 2013, 19:05

snaky Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. The Grandmaster (Wong Kar-waï, 2013)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4, 5 ]

Karloff

73

7911

26 Avr 2013, 20:57

Gounou Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Tip top (Serge Bozon - 2013)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4 ]

DPSR

59

6583

30 Jan 2014, 06:42

Gontrand Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Malavita (Luc Besson, 2013)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 4, 5, 6 ]

snaky

76

6419

04 Sep 2023, 21:52

Qui-Gon Jinn Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Bing [Bot], oeil-de-lynx et 42 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web