Forum de FilmDeCulte

Nan mais laisse, c'est un compliment.

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Voilà, come on Léo

(mais je t'aime, Tom, hein, ne pars pas surtout)

Nan j'm'en fous, je me casse !

Faisons l'amour, expliquons-nous :

1) Dire que le France détruit la carrière des cinéastes, c'est une blague hein, je le pense pas sérieusement.

2) Mais comme toute blague a un petit fond d'arrière-pensée, posons à plat ce qui entretient ce préjugé. La France est un pays cinéphile qui subventionne et soutient les cinéastes, quand bien même ils ne trouvent plus d'écho chez le public, et plus personne pour les produire chez eux. Du coup quand ils viennent, on se dit que c'est parce qu'ils tournent en rond et savent plus quoi faire (genre je vais participer à un projet de film sur le Louvre, gageons que ça va impliquer ma personne et ma vie en tant qu'artiste). Ou alors qu'ils sont en fin de carrière, et qu'ils commencent à devenir grave maniéristes qui tournent à vide (genre je vais faire un remake d'ALAIN CORNEAU). Ou qu'ils commencent à manquer d'un rapport au public et d'une certaine altérite (genre j'aime filmer des filles les bras en l'air, j'ai trouvé mon chef-op préféré qui est ok avec ça, et je vais me recroqueviller avec lui tel un disque rayé dans un autisme à faire pâlir Burton et Johnny Depp). D'où le parfum de fin de carrière, tout cela emballé dans du beau pré-pensé, vu que je n'ai pas vu les deux premiers films auxquels je fais référence... Mais on pourrait résumer plus simplement : je suis pas certain qu'une totale liberté est bonne en cinéma, et en art de manière plus générale.

3) C'est justement notre rôle d'être intraitable avec le cinéma qui nous est contemporain ET national. Dans 20 ans à peine, on redécouvrira le cinéma d'aujourd'hui en marchant sur des œufs, on trouvera une efficacité humble et un retrait des réals admirable aux productions Europacorp, une subversion incomprise en son temps aux films de Kim Chapiron, et des expérimentations de montage chez Jean-Marie Poiré. Au risque de se tromper, autant être exigeant avec les réals, d'autant plus lorsqu'on les estime.

*bisous*

C'est clair que ce projet bidon a fait du mal aux deux asiatiques suscités, le truc c'est qu'il doit y avoir un pouvoir "auteur" (label courant dans d'autres langues d'ailleurs) qui crée une mythologie bien française qui attire tout ce beau monde de l'étranger...



Par contre là reproche depuis Pulsions et Body Double en fait. De Palma il accepte Millenium film (Dahlia Noir), la VOD US (Redacted où il se fait quand même censurer le générique de fin), les producteurs mégalos (Femme Fatale) ou des anciens de chez UGC aux projets branques (Passion). Ce n'est pas spécifiquement "la France", Femme Fatale a t'il eu beaucoup de subventions au milieu de la manne à pognon mystérieuse de Tarak Ben Ammar, prod de flops couteux depuis presque 40 ans?


Si l'artiste est en crise d'inspiration, paresseux : c'est son affaire j'ai envie de dire. A lui de prendre conscience qu'il tourne en rond ou pas, on ne va pas créer à sa place.
Le public suit relativement bien un Burton qu'on peut juger paresseux et pas du tout CNC pour le coup... La critique beaucoup moins il faut bien le dire.


Ah mais tu as le droit d'être exigeant, un film raté est un film raté... c'est juste le truc de l'intervention du tiers auprès du réal là... Celà suppose que le prod aurait coupé in fine en disant "c'est pour ton bien artistique, c'est pour le bon sens industriel"? Faut laisser à ce que tu trouves être de la bouse et de la paresse (ou pas) le droit d'exister comme telle, et à la responsabilité de l'artiste (si son système lui donne le final cut, à lui de l'assumer car c'est une chance). Là comme tu le présente c'est le critique qui se fantasme en sanctionneur de la prod, c'est comme une critique qui rève de son système "Minority Report" finalement.

Oui enfin dire qu'il manque parfois un prod pour cadrer les auteurs, c'est pas nouveau et c'est pas faux.
Tu sens que Silver cadre les Wacho sur le premier Matrix...mais pas sur les suites.
Alors ce sont des films 100% Wacho mais ce sont aussi des films ratés.
Pas inintéressants, mais ratés.

Comme l'a dit Tom, un prod c'est un collaborateur aussi, comme le monteur, comme tout le monde, il fait ses suggestions et c'est pas forcément mauvais (pour ne pas dire "de la censure"). Après, la responsabilité reste celle du réal.

Mais faut arrêter de voir une hypothétique intervention d'un prod comme quelque chose de forcément "étouffe-art".

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En même temps même s'ils sont en partie raté, on ne sait pas sous quelle orientation Silver aurait recadré exactement Matrix 1 et 2, lesquels des éléments qui peuvent plaire aux un et aux autres des films d'aujourd'hui auraient sautés sur sa seule intervention et son seul point de vue.

Ca va de soi.

Mais ça m'empêche pas de penser qu'il manque un prod sur Matrix 2 & 3, sur Blueberry, sur Van Helsing, sur Riddick, etc.

Des films qui partent en couille quoi, et qui auraient pu être recadrés lors du développement.

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Voilà. Quand je parle du monteur ou du prod, je sous entend deux choses : la présence d'un vrai collaborateur (quelqu'un qui va remettre en question son réal, ce qui devient compliqué dans les cas où c'est de la production-hommage pour cinéastes en exil/retraite), mais surtout la capacité du réal à écouter ce qu'on lui renvoie (à se mettre dans une situation où il va devoir se confronter à quelqu'un). Après il coupe ou il coupe pas, c'est évidemment son affaire (un prod qui serait passé après WKW pour remonter, c'est pas quelque chose qui m'aurait plu). C'est surtout le sentiment d'autisme qui est gênant.

En même temps, un film comme Pola X par exemple, c'est un pur film d'autiste objectivement, mais il y a vraiment des trucs que je trouve à tomber dedans et ce n'est pas loin d'être mon Carax préféré. Donc ça ne me dérange pas que personne ne m'en ai privé en l'état

Mais je trouve The Grandmaster bien moins fermé sur lui que 2046 en fait (que j'aime beaucoup quand même), voir même In the mood for love, c'est plus impur et varié de parce que le film brasse aussi. Limite c'est côté bordel hétéroclite mais somptueux qui peut énerver et je comprends. Plastiquement tous les grands combats, ou une scène très forte visuellement comme celle de la procession de l'enterrement, je trouve que ça l’amène sur des terrains assez différents de ce qu'il a fait jusqu'ici niveau stylistique, donc pas de paresse à mon niveau... C'est juste que c'est au milieu d'un épuisement de certaines autres de ses figures, mais je trouve ça intéressant (genre en revenir à la citation directe de Once upon a time in America)

Oui, c'est vrai, au moins pour 2046 (que j'aime moyennement, d'ailleurs), In the mood for love ayant plutôt pour moi valeur d'apothéose, avant l'usure justement. "Autisme" n'est peut-être pas le bon mot, effectivement.

En fait, je pense que le gros problème de Malick et WKW, en un sens, c'est qu'ils sont arrivés à un état cinématographique où ce qui les intéresse principalement est de ... filmer. WKW avoue en interview que son rêve aurait été de tourner à l'infini The Grandmaster, mais que c'est la fin de la pellicule Fuji qui a mis fin au tournage.

La version chinoise de 2h10 est maintenant disponible en qualité blu-ray dans toutes vos bonnes quincailleries.

Je me demandais si la version chinoise avait le petit montage de générique de fin... en tout cas je serai curieux de la voir!

Bon, alors moi je me suis pris une petite claque.
Certes le film n'est pas parfait et peut paraître désarticulé par instants. Quelques errements narratifs et autres redondances esthétiques régulièrement balayés par d'autres grands moments de cinéma à l'état pur.
A son plus haut, je n'ai tout simplement pas vu plus fort et gracieux en salle depuis le début de l'année. Evidemment, le plaisir des retrouvailles n'est pas étranger à ma béatitude. Retrouvailles avec une grammaire et une sensibilité uniques et atypiques, celle d'un cinéaste adoré quitté au plus haut en 2004 avant de déchanter devant sa parenthèse américaine. Mais au-delà de ça, c'est aussi et surtout de le voir (et bizarrement, de m'en étonner) pousser ses obsessions thématiques et formelles en les intégrant - aux forceps - à un canevas historique intéressant mais prétexte.
Car c'est évidemment moins l'histoire même du Kung Fu qu'un pas de deux que veut capter WKW dans un mouvement perpétuel, au travers d'histoires croisées, mélancoliques et distendues. Et finalement, il ne procède pas si différemment que dans son chef-d'oeuvre 2046, film évoqué constamment entre les lignes, par ces passerelles temporelles, ces réminiscences altérées par l'image syncopée, ce confinement (très peu de séquences en extérieurs, lumières et cadrages isolants la plupart du temps...), cet érotisme niché au détour d'un corps à corps dans des escaliers... Un film très intérieur, encore une fois.
Bref, c'est en fait la même histoire, la même "mélodie", mais renouvelée par la force brute et libératrice de combats à la fois très énergiques (impressionnantes chorégraphies) et puissamment abstraits (le déchaînement des éléments).
Enthousiasme sans doute décuplé par la surprise... mais quelle bonne surprise !