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 Sujet du message: Ida (Pawel Pawlikowski - 2013)
MessagePosté: 20 Oct 2013, 17:07 
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Successful superfucker
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L’histoire d’une orpheline dans la Pologne des années 1960 qui découvre ses racines juives au moment d’entrer au couvent.

Après s'être planté dans les grandes largeurs avec La femme du 5ème, un Pawlikowski, plus remonté que jamais à en découdre, revient avec cette odyssée intime d'une jeune aspirante nonne filmée dans un noir et blanc d'une incandescence surréelle (la photo laisse baba) et bercée du jazz de Coltrane, qui remporte absolument tous les grands prix partout où il passe (Varsovie, Londres). Tenant dorénavant à distance ses pulsions mélodramatiques et ne s'embarrassant pas de gras (ça dure 80 minutes), Pawlikowski utilise avec intelligence les chemins de traverse pour raconter le destin d'Ida, qui se croyait orpheline, mais qui se voit enjoint par la mère supérieure de rencontrer sa tante avant de prononcer ses voeux. Alcoolique et désabusée au premier plan, on pense à une fille de mauvaise vie qui ira bêtement tenter de la pervertir: Pas du tout, c'était en fait une ancienne procureur de premier plan mise sur le carreau par les transformations de l'après-guerre en Pologne. Sans doute parfois trop désincarné, Ida évite pourtant les pièges de l'austérité par les splendeurs de son sens de la composition et en laissant ses personnages dans un doute permanent qui leur rend toute leur humanité.
4/6


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MessagePosté: 20 Oct 2013, 19:31 
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Oui parait que c'est sublime ca... Attente!

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 13 Fév 2014, 22:38 
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DPSR a écrit:
. Sans doute parfois trop désincarné, Ida évite pourtant les pièges de l'austérité par les splendeurs de son sens de la composition et en laissant ses personnages dans un doute permanent qui leur rend toute leur humanité.


La photo est belle mais j'ai trouvé ça un peu austère justement. Pawlikowski s'en tire bien avec une très belle scène où pendant un court instant elle décide de se décoiffer et de s'admirer dans la glace, mais je trouve qu'on aurait pu s'en tenir à ça, les 20 dernières minutes sont un peu trop démonstratives selon moi.

3/6


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MessagePosté: 14 Fév 2014, 10:16 
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Moi j'ai trouvé ça absolument renversant esthétiquement, dans les cadrages et la photo (CHAQUE. PLAN. sans exception est sublime et voudrait appuyer sur pause et l'encadrer dans son salon). Déjà.
Et puis le personnage est magnifique, cette double quête (celle du passé, celle du présent) m'a beaucoup touché... Et l'actrice principale crève l'écran.

Bref c'est vraiment un petit bijou.

5/6

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MessagePosté: 14 Fév 2014, 10:37 
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Pareil, je trouve le film sublime. Surtout que contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là je le trouve absolument pas austère. Déjà le film dure 1h20 et ensuite les plans fixes sont relativement courts et Pawlikowski ne cherche pas à rentrer dans la durée comme peut le faire Bela Tarr (avec qui on compare, à tort d'ailleurs, le film). Mais il y a une noirceur, une tristesse absolument sans fond qui rend le film presque apocalyptique seulement éclairé ça et là par des saillies brutales (comme ce plan extraordinaire où Ida montre enfin ses cheveux). Grand film pour moi, il sera sans aucun doute dans mon top de fin d'année. Je fais rarement de la pub mais voilà le texte que j'ai écrit pour un blog.
Au festival des Arcs j'ai tapé la discute avec l'actrice principale, fille sublime, engagée un peu par hasard sur le film et qui à mon grand regret n'a pas envie d'être actrice.

5/6

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MessagePosté: 14 Fév 2014, 11:09 
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Art Core a écrit:
Pareil, je trouve le film sublime. Surtout que contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là je le trouve absolument pas austère. Déjà le film dure 1h20 et ensuite les plans fixes sont relativement courts et Pawlikowski ne cherche pas à rentrer dans la durée comme peut le faire Bela Tarr (avec qui on compare, à tort d'ailleurs, le film).


Je pense pas que ça ait un quelconque rapport avec la durée des scènes ou du film. Effectivement c'est très court, et perso je me suis pas vraiment ennuyé (encore que, un peu quand même mais rien de dérangeant). C'est plutôt la noirceur du film, l'opacité de certains cadres, les thèmes abordés (perte de la foi, alcoolisme, déprime, suicide, etc.). C'est quand même un film assez triste avec peu de moments de respiration (en effet très jolie scène où elle détache ses cheveux encore une fois). Je pense que c'est surtout ça qui peut embêter. Moi ça m'a tenu un peu à l'écart même si je conçois qu'on puisse trouver ça très beau.

Mais par exemple, je me retrouve pas du tout là dedans:

Citation:
Mais il y a une noirceur, une tristesse absolument sans fond qui rend le film presque apocalyptique seulement éclairé ça et là par des saillies brutales (comme ce plan extraordinaire où Ida montre enfin ses cheveux).


Le "le film presque apocalyptique seulement éclairé ça et là par des saillies brutales" je trouve ça un peu exagéré, en tout cas ça ne m'a touché à ce point.

Encore que, comme saillie brutale je vois bien le suicide de la tante mais je sais pas si ça "éclaire" le film par contre :)


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MessagePosté: 14 Fév 2014, 11:16 
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Pour moi le film travaille justement une profonde douleur qui est contrebalancée par la naïveté d'Ida (qui va être réduite à néant au fur et à mesure). Et les plans sur son visage sont souvent empreints selon moi d'un espoir intense. Elle représente quelque chose de vivant, de passionné, de sincèrement bon et parfois dans son regard, dans la façon de capter son visage indéchiffrable il y a comme de petits rayons de soleil qui viennent frapper la rétine.
Même si au final
c'est pour mieux faire retomber le film dans la pire horreur. Le suicide de la tante et la foi bafouée d'Ida qui va se réfugier dans le couvent par défaut
C'est comme ça que je l'ai vécu en tout cas.

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CroqAnimement votre


Dernière édition par Art Core le 14 Fév 2014, 11:34, édité 1 fois.

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MessagePosté: 14 Fév 2014, 11:30 
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Tout à fait d'accord avec Art Core.

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MessagePosté: 15 Fév 2014, 19:01 
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Le coup du suicide de la tante je pense juste que ca vient du fait qu'elle n'ai plus de raison de vivre tout simplement, le seul but dans sa vie restait le mystère d’où pouvais être enterré son fils, frustration qu'elle exerçait par le sexe.

Sinon pour le coup de Ida qui revient au couvent à la fin je pense que c'est juste qu'elle avait goutté au joie de la vie civile et voulait aller jusqu'au bout de l'expérience dans le doute, voyant à la fin que ce n'était pas pour elle, elle renonce.


Sinon c'est un beau petit film plastique avec une durée raisonnable au vu la proposition de cinéma mais je ne peux pas dire que ca m’ait transcendé tant que ça sur le traitement, sentiment bizarre à la sortie.

3/6


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MessagePosté: 19 Fév 2014, 21:19 
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Pour moi la fin s'interprète davantange dans un aveu d'impuissance, d'une tristesse sans nuance: par rapport au couvent qui représente sérénité et protection, le monde extérieur ne lui apporte que l'horreur de sa famille éradiquée par ses compatriotes, horreur que la promesse d'un avenir tout tracé (mariage, enfants, quotidien) ne peut venir contrebalancer. Ida demande "Et après?", car elle cherche un absolu, une transcendance lui permettant de faire davantage que de simplement compenser un drame. La religion peut à ses yeux remplir ce rôle, d'autant qu'encore une fois, il n'y a que le monde extérieur qui pose problème à Ida, le monde intérieur du couvent étant certes austère, mais sans horreur.


Reste que tout cela m'a laissé froid. Non pas que le film soit austère (c'est faux si l'on compare à du Bela Tarr, du Bresson, du Tarkovski, du Dreyer, etc.), mais il semble reculer devant tout affleurement d'émotion. Je crois comprendre à travers DPSR que le précédent film du cinéaste partait dans des effusions malvenues, et j'ai l'impression qu'ici il veut se rattraper en faisant l'inverse. Mais c'est très peu incarné: les beaux cadres, la belle photo, la belle actrice, la belle musique, n'offrent en définitive, dans l'utilisation qui en est faite, aucune vie, ils sont désespérement mornes, vides, à l'image de cette actrice au visage touchant de candeur mais manquant cruellement de nuances, ou à l'image de Mozart et Bach utilisés de manière convenue.

Le film contient des éclats (Ida qui défait ses cheveux, Ida qui écoute Coltrane, sa tante dans la baignoire, de nombreuses utilisations de l'architecture pour opérer un découpage dans le cadre...) mais toujours dans l'immobilité, et personnellement, ce côté figé de la matière me paraît limité même pour traiter un tel sujet (je dirais en fait, surtout). Si l'on veut verser dans les comparaisons, Hajdewich et Camille Claudel 1915 enfoncent totalement ce film dans leur façon brute et matérielle de mettre en scène une quête d'absolu, un enfermement, l'horreur inconsolable, etc.

Ce n'est pas mauvais, pas sans promesses, mais c'est trop appliqué et trop figé pour éveiller en moi une quelconque émotion.


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 12:40 
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Trouvé ça super chiant aussi, genre contrefaçon horrible du ciné de Bresson. Merci Léo.


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 13:10 
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Antichrist
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Citation:
Dinara Droukarova


Le nom revenu des limbes. Je la trouvais super mignonne.


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MessagePosté: 05 Juil 2014, 22:25 
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Antichrist
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Un beau film de festival. Sujet fort, deux partis pris de mise en scène - N&B et format carré -, belles actrices et scénario très construit. Le petit bémol tient que je trouve justement le film presque trop maîtrisé et cadenassé. La fin est très forte.

4/6


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MessagePosté: 05 Juil 2014, 22:29 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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en fait, j'ai l'impression à chaque fois, ou presque, de résumer vos avis. Je suis d'accord avec tous.


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MessagePosté: 13 Fév 2016, 17:14 
Le film m'avait agacé par son côté rétro et j'avais l'impression d'un certain artifice peu crédible historiquement avec la reprise de Naima de Coltrane. Mais en fait j'ai oublié qu'il y avant ne scène jazz très vivante en Pologne à l'époque, en dialogue avec les USA, et proche de l'Ecole de Lodz j'ai écouté récemment "Astigmatic" de Krzystof Komeda qui est quand-même superbe.


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