Evangeliemandens Liv en VO. The Candle and the Moth ou John Redmond, the Evangelist à l'international.
Un prédicateur raconte à un jeune voyou comment lui-même s'est sorti du vice et converti.
Au-delà d'être un cinéma bourgeois (cinéma propre, de la tenue, de l'apparence à conserver, des sentiments refoulés dans la tension d'un jeu sobre), ça me frappe avec ce film combien le muet danois, et plus spécifiquement le cinéma d'Holger-Madsen, est profondément protestant : la faute et le pêché qu'il faut expier à perte, la fange morale dont il faut être extirpé - tendance décelable, même, dans cette épure formelle des films, lavée de tout soupçon de fioriture coupable.
Le personnage du pasteur ici, au-delà d'être un horizon moral imposé, est surtout une sorte de super-héros paternaliste, gérant les pauvres comme autant d'enfants déviants perdus, et tape vite sur le système. Car d'habitude, cette rigueur morale est confrontée au fantasme, à la fascination morbide qui lui résiste, à la pulsion qu'il faut justement soumettre par la rigueur. Ici, pas vraiment : le monde vicié est à peine entrevu, le personnage traverse le film d'emblée penaud, et ni lui (dans le flashback) ni son protégé (dans le présent) n'opposent une réelle résistance. Pas d'inconscient au travail, et du coup le film d'Holger-Madsen n'épate vraiment que par petits moments, quand justement une friction réapparaît : quand un pano vient dévoiler sous l'évangéliste éthéré un prolo qui hurle son sentiment d'injustice, quand l'obscurité d'un appartement vient frapper de mélancolie lugubre la solitude prétendument désirable du pasteur, quand le déshabillement émerge paradoxalement derrière la pudeur d'un rideau, ou encore quand la ferveur religieuse (que ce soit dans la nuit onirique de la cellule, ou dans le défilé rituel en boxs) prend des accents fanatiques et sectaires.
Le reste du temps, le film est totalement neutralisé, tout est déjà joué, et si Holger-Madsen a incontestablement un talent des cadres, il ne sait pas assez construire ou mettre en valeur les enjeux sur le long (la tension qui monte entre le jeune homme et la courtisane, l'usure nerveuse de la femme du jeune voyou, le procès...) pour que les scènes-clés vibrent d'autre chose que de leur moralisme immédiat.
Puisque c'était le dernier film de la compil Valdemar Psilander, un petit mot sur l'acteur : je pige pas forcément ce qu'il a de si remarquable, son assurance satisfaite me le rendrait même assez tête à claque. Est-ce pour l'originalité (par rapport aux autres) d'un jeu plus simple et marqué, d'un corps relativement massif qui fait une présence plus naturelle et solide (jeu souvent statique, figé dans des poses), qui "tient" le film comme un pilier ? Je ne sais pas, mais à chaque fois, même s'il n'est pas gênant du tout, j'ai trouvé ses partenaires plus fins et meilleurs que lui... Il reste que le star-sytem construit autour de lui semble assez dément, comme en témoigne l'ouverture gentiment WTF :
Un truc de plus à rajouter à la liste des étrangetés du muet danois...
Concernant le DVD : c'est le plus beau film des trois, malgré le bord visible de la pellicule sur le côté (facilement enlevable sur logiciel). Qualité impec.
Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 5 invités
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets Vous ne pouvez pas répondre aux sujets Vous ne pouvez pas éditer vos messages Vous ne pouvez pas supprimer vos messages