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MessagePosté: 22 Mar 2011, 04:32 
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Je me lance dans la vision du gros docu mythique des années 2000...
Et pas les quatre parties d'un coup, parce que je suis faible.



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Rouille I

Shenyang, dans la Chine profonde, à quelques jours du nouveau millénaire. Wang Bing suit les ouvriers du gigantesque complexe industriel de Tie Xi, qui s'effondre dans une lente agonie.

Pour ce qui est de l'importance ou pas du film, déjà, puisque c'est la grosse réputation qu'il se trimballe... Il y a effectivement, immédiatement, la sensation que l'utilisation de la DV qui est faite ici (mais aussi le type de cinéma et de documentaire qui en découlent), a quelque chose de réellement nouveau et puissant. Ce n'est pas qu'un style, mais un véritable "canon" formel d'utilisation de la DV qu'on a là, qui vient sans problème apposer une nouvelle voie à celles, rares, qui ont réellement installé un modèle en rendant la DV légitime (les dogmeux, Lynch...). Difficile à décrire, cette esthétique marie les stigmates de la vidéo la plus "sale" (objectif attaqué de neige et de poussières, son brutal et abrupt...) à un découpage d'une fermeté et d'une rigueur implacables, fruit d'un montage et d'une sélection qu'on devine impitoyables. Pas un plan amolli par un suivi mou, pas une seconde de cadre hésitant, tout semble décidé : on en finit par croire que Bing a une chance de cocu, tant il semble toujours prévoir à l'avance ce qui va advenir dans son cadre, comment les corps vont y atterrir, à croire que les ouvriers suivent des marques au sol... Ça donne souvent des plans patients qui mûrissent avec assurance, pour finalement exploser toute leur puissance de manière inattendue (je pense à la dispute d'ouverture dans la salle de repos, mais c'est plus généralement le fonctionnement de pas mal de scènes, finalement). C'est aussi une structure qui n'hésite pas à emprunter à la fiction (les évènements décrits en parallèle dans un même montage), un traitement de la lumière toujours inventif et étrangement soigné pour de la vidéo SD...

Sur ce segment lui-même, à présent, et sur le film au-delà de son dispositif de mise en scène... Je trouve la première demi-heure (toute la partie nocturne, en gros) éblouissante. Une véritable impression de se retrouver égaré au bout du monde au fond à gauche, dans un amas de tôles sans géographie, usines géantes dont on ne distingue pas le fond, et que les ouvriers semblent faire tourner à vide, seuls, comme si les patrons avaient déserté les lieux. Impression d'enfer tranquille façon Silent Hill, de fin des temps entre les éléments en furie et les fumées somnolentes, de corps nus qui se trimballent naturellement entre la pierre, les vapeurs, et la rouille. Dans cet amas au parfum de catastrophe, les ouvriers sont approchés de la façon la plus parfaite, par je ne sais quel miracle, se fichant de la caméra sans obstinément l'ignorer, dans la distance idéale pour les mythifier tranquillement, sans l'once d'un regard pathétique.

Le reste du film (soit les trois quarts, tout de même) est cependant plus classique, plus attendu. Il est certes un peu déplacé de rechigner à voir les ouvriers parler de leurs salaires et de la toxicité des fumées qui les entourent, mais au final j'ai l'impression que le film parvenait très bien à le faire ressentir seul, de façon plus fine. En devenant plus informatif (même si ce n'est pas immédiatement le but), en décrivant de façon plus exhaustive le fonctionnement des usines plutôt que de laisser leur configuration dans un certain flou, Wang Bing comble un peu les vides et hors-champs qui faisaient la force de son ouverture, et perd en singularité. Ça n'empêche pas la mise en scène de rester à la hauteur tout le long, dans cette impressionnante solidité, avec un vrai talent à filmer les hommes au travail (particulièrement sensible dans le passage de maintenance), mais aussi une petite propension à se répéter (la maintenance, toujours, et ses 36 retours en salle de repos). Le film sait quoiqu'il en soit parsemer ce flux très correct de régulières fulgurances (la visite de la tôlerie abandonnée, les bains...), et n'ennuie pas.

Il y enfin le charisme et l'ambition d'un travail "cartographique", pas au sens purement géographique, mais dans l'idée qu'il y a vraiment là la possibilité de faire un portrait géant de la Chine à ce tournant du millénaire. Je trouve encore une fois qu'en démythifiant légèrement, en se penchant sur le détail du fonctionnement de telle ou telle usine, Bing perd quelque peu l'universalité qui pourrait servir à ce projet plus ample. Mais ce n'est qu'un segment, sur ce plan-là le tableau entier réserve sans doute des surprises.

Je me fais la suite cette semaine.


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MessagePosté: 22 Mar 2011, 09:14 
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Tom a écrit:

Il y enfin le charisme et l'ambition d'un travail "cartographique", pas au sens purement géographique, mais dans l'idée qu'il y a vraiment là la possibilité de faire un portrait géant de la Chine à ce tournant du millénaire. Je trouve encore une fois qu'en démythifiant légèrement, en se penchant sur le détail du fonctionnement de telle ou telle usine, Bing perd quelque peu l'universalité qui pourrait servir à ce projet plus ample. Mais ce n'est qu'un segment, sur ce plan-là le tableau entier réserve sans doute des surprises.
.


Les différents segments donnent des impressions assez différentes. En tous cas c'est chouette que tu t'y attaques, c'est
peut être quelque chose qu'on ne peut regarder qu'une fois mais c'est un film-monde qui émeut et auquel on repense des années après.


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MessagePosté: 22 Mar 2011, 14:17 
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Faudrait que je m'y mette un jour, depuis le temps qu'on me dit que ça a l'air autrement plus scotchant au niveau de la mise en scène que son film de fiction.


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MessagePosté: 22 Mar 2011, 18:38 
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Rouille II

Mars 2000 : incident dans les hauts fourneaux de cuivre, une coulée se répand. Alors que les usines du complexe ferment une à une et que l'été approche, les ouvriers bientôt sans travail vont passer leur dernier séjour obligatoire à l'hôpital...

L'abandon programmé du complexe, annoncé de manière prophétique par l'un des ouvriers en conclusion du premier chapitre, est le fil rouge de ce deuxième opus en forme de tranquille désagrégation. Toutes les règles posées jusqu'alors, notamment cette structure binaire très marquée entre salle de travail rythmique et salle de repos dialoguée (comme le dit un type sur Allocine, cette construction rappelle pas mal Alien), se font peu à peu poreuses. Tout se mélange : la salle de travail se remplit de pauses, d'escapades, d'absences ; les ouvriers discutent eux-même des bénéfices et de la façon de gérer l'argent, on s'organise à voler le matériel... Au lieu de la peur du chômage, c'est curieusement l'été, son atmosphère naïve de vacances et de 400 coups, qui semble peu à peu envahir la carcasse ferrailleuse de l'usine. De même, une temporalité et une progression s'installent : on sent très bien la fuite en avant, les mêmes décors occupés puis à l'abandon, les salles qui se vident, l'espace qui s'ouvre. C'est au tour des murs du complexe de se faire poreux : le fonctionnement anarchique de l'usine mi-abandonnée se retrouve dans l'hôpital au rythme semblable (séance de piqures, salles de repos, escapades), puis enfin dans la ville et ses maisons. Mais si cette expansion de l'espace et du temps ouvre et fait respirer le film, elle étend également discrètement, du même geste, le fonctionnement vétuste de l'usine à celui de la cité, et de la Chine toutes entière.

Wang Bing semble subir (ou organiser, comme on voudra) la même dynamique : moins de morceaux de bravoure (le démantèlement est beau, mais c'est sans doute le seul moment qui ressort) pour un tout plus égal, plus mêlé, même si subsistent les longs dialogues-blocs et cette façon de toujours faire durer le plan pour l'amener au sommet à sa fin (très beau moment de l'ouvrier qui se confie sur sa petite enfance, qui remonte ses années de primaires jusqu'à avouer qu'il a l'impression de ne rien savoir, soudain coupé par un collègue annonçant que l'usine ferme dans deux jours). J'aime comment le film sait installer un parfum estival grandissant, façon quartiers d'été, comme si on observait le calme et la vie qui continue après l'apocalypse. C'est la première fois que le film se fait assez lumineux, qu'il respire, avec pourtant cette odeur de mort qui traîne toujours dans le coin, même dans les passages les plus apaisés à l'hôpital. Je trouve par contre la réalisation moins rigoureuse dans l'ensemble (un peu d'ennui par moments), et j'ai du mal à piger la nécessité de l'épilogue hivernal longuet, bond soudain de six mois qui vient casser cette progression linéaire pour pas grand chose (peut-être pour la vision étrange des bureaux pris dans les glaces, mais bon...).


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MessagePosté: 22 Mar 2011, 19:08 
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Ah ça a quand même du bon le chômdu...

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MessagePosté: 23 Mar 2011, 04:16 
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Tu parles de d'eux ou de moi, là ? :D


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MessagePosté: 23 Mar 2011, 05:00 
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Vestiges

Dans le quartier de la rue Arc-en-ciel, construit en 1930 pour loger la main-d'œuvre des usines, les enfants de la classe ouvrière sont laissés à eux-même, entre ennui et premiers émois amoureux. L'annonce de la destruction du quartier entier, et de l'obligation de le quitter, vient frapper toute la communauté.

Retour à la case départ : le film nous fait repartir à zéro, au commencement, quelques jours avant le passages à l'an 2000, pas loin des usines qui ne savent pas encore qu'elles vont toutes fermer. Si Rouille s'ouvrait dans une solitude abstraite et majoritairement nocturne, Vestiges débute en plein jour, tout en hurlements et en hystérie, dans une foire multicolore et vulgaire où la foule se tasse en masse. A peine un mois plus tard, dans un désert de neige, quelques personnes écument le terrain à la recherche de matériel à revendre, exhumant du manteau blanc les reliques de la fête laissée en décombres - barres de fer, planches, tous sortis de terre comme autant de traces archéologiques. L'accolement de ces deux scènes en ouverture résume à merveille ce troisième opus : le bordel cancérigène, sa mise à mort, son oubli fulgurant. Le village étouffant et saturé mettra en effet à peine plus d'un an à s'aplatir en sage et pure ligne d'horizon.

Les trois heures ne sont clairement pas de trop : plus concret et incarné, attaché à une série de personnages identifiés dont on partage l'intimité, Vestiges s'apparente à une immense fresque aux multiples circonvolutions. L'approche de la cité via les adolescents, parti-pris qui laisse espérer un peu d'innocence dans cet univers catastrophe, m'a d'abord fait un peu peur : ils sont tous, sans exception, absolument détestables - feignants, cruels entre eux, accrochés à leurs signes extérieurs de richesse... Dans ce lieu filmé comme une ruelle de western (séquence drôle et hallucinante des tous petits gamins qui, en une minute chrono, escroquent un adulte avec une assurance terrifiante), ils ne sont qu'une bande de plus. La beauté imprévue du film, c'est que la mise à mort de la ville va brutalement les plonger dans l'âge adulte, et les rendre terriblement dignes.

Le film est en effet construit autour d'une heure centrale, celle du grand déménagement, où tout le potentiel dense et étouffant de ce semi-bidonville explose comme une tornade. Dans la fièvre de l'été, le bordel des maisonettes envahit les rues bondées d'habitants en mouvement, marchandant tout et n'importe quoi, trimballant les matériaux de leur baraques qui partent en morceaux. Au cours de cet imposant (et épuisant) segment central, pas un jeune en vue, pas un seul des adolescents et de leurs marivaudages qu'avait longuement exposés la première partie. Au sortir de ce chaos, quand la troisième heure commence et que l'hiver s'installe, nous les retrouvons hagards, perdus au milieu les derniers habitants restants, face à un monde transfiguré. L'intelligence de Bing est de ne pas réduire cette dernière partie au mouvement de résistance de ceux qui ne veulent pas partir, mais de l'approcher comme un rétrécissement de la civilisation, dans une dynamique claustrophobe (de plus en plus calfeutré dans les intérieurs) qui fait le chemin inverse de Rouille. Un à un, les éléments de la vie en cité disparaissent : voisins partis, bâtiments supprimés, électricité et eau coupés... La ville ressemble bientôt à un champ de bataille abandonné (très belle scène de feux d'artifice, aux allures de bombardement), décor post-apocalyptique épuré qui convoque toute une imagerie : expéditions groupées pour aller chercher bois et autres matériaux dans les ruines, regroupements nocturnes en intérieur autour des feux, silence absolu des extérieurs glacés, population réduite à quelques visages connus de "survivants"... Et au milieu du vide les jeunes gens observent le No Man's Land, désarmés. Cette troisième heure est absolument sublime, belle à en chialer, et pour l'instant c'est le meilleur de l'ensemble. Hâte de voir le dernier.


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MessagePosté: 23 Mar 2011, 06:26 
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Tom a écrit:
Tu parles de d'eux ou de moi, là ? :D


Je crois surtout qu'il t'a confondu avec Z!

Genre Arnotte se tapait des docu chinois de douze heures à qui mieux-mieux entre deux virées sur le site de l'apec!

*ou alors il se rappelait avec nostalgie les premiers héros des films des frères Dardenne*


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MessagePosté: 23 Mar 2011, 10:17 
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Je ne sais pas ce que Tom fait dans la vie, mais je me demande où il trouve le temps de voir tous ces films (et ceux-ci sont particulièrement longs). Du coup je faisais une blague sur le chômage... avec une pointe de nostalgie de l'époque (trois mois) où je pointais! Et une pointe de jalousie car là je n'ai plus le temps de mater tous les DVD qui m'attendent...

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MessagePosté: 23 Mar 2011, 11:29 
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Arnotte a écrit:
Je ne sais pas ce que Tom fait dans la vie, mais je me demande où il trouve le temps de voir tous ces films (et ceux-ci sont particulièrement longs). Du coup je faisais une blague sur le chômage

Alors je m'insurge de tout mon long, le terme exact est "intermittent du spectacle" (je précise quand même : faut pas croire que tous les intermittents ont ce temps-là, ceux qui font leurs heures sur des tournages de courts en mènent pas large...)

DPSR a écrit:
Genre Arnotte se tapait des docu chinois de douze heures à qui mieux-mieux entre deux virées sur le site de l'apec!

Lol, mais clair !


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MessagePosté: 23 Mar 2011, 15:54 
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Rails

Traversant le complexe de Tie Xi, 20 kilomètres de chemins de fer se chargent d'acheminer matières et produits manufacturés hors de la ville. Malgré la fermeture progressive des usines, le petit groupe de cheminots continue la valse de ses longs trajets nocturnes.

A l'écart de la double catastrophe, dans un contexte qui en ressent à peine les secousses (quelques discussions évasives sur le sujet, parfois la vue d'une usine en ruines sur le chemin), ce dernier volet adopte le rythme d'un présent perpétuel. Au chaud dans leurs cabines, entretenant peu de contacts avec le reste du monde, travaillant quand tous dorment, les cheminots sont un satellite de cette histoire, dans une certaine liberté et indépendance, perméables aux évènements.

Wang Bing semble pourtant avoir du mal à assumer cet aspect jusqu'au bout, ré-appliquant par exemple le déroulé du calendrier de façon un peu forcée, quand tout le film s'échine à associer ces courses en chemins de fer à un hiver nocturne continuel (la seule parenthèse estivale, tout aussi onirique, donne l'impression que la végétation envahit les ruines), le montage étant occupé à en faire un phénomène en répétition constante, sans début ni fin, sans progression. De fait, la vue récurrente des rails, ligne droite hypnotique sur laquelle le réal aime à s'attarder, constitue une grosse part du film, et paradoxalement c'est la plus captivante : peut-être pour la beauté visuelle des plans, plus probablement parce que Bing trouve là le moyen parfait de peindre un final crépusculaire et somnambule. L'histoire du vieil homme et de ses deux fils, simple et ronde comme une fable, s'insère à merveille au centre de ses vues épurées.

Le reste est plus maladroit : les inserts des cheminots au repos, une fois retirée la menace de la destruction sous laquelle avançaient les autres segments, ne prennent jamais l'ampleur qu'elles ont eu dans les autres opus. On sent le réal entrain de chercher la situation originale, la petite anecdote, une approche qu'il avait su éviter jusqu'ici, rattachant toujours des confidences a priori banales à une structure ferme qui les menait quelque part. Ici, les à-côtés se font parasitaires (l'histoire d'échangisme, la dispute concernant le vélo...), et je pense que le film aurait vraiment gagné à élaguer un maximum, à assumer son statut d'annexe ou de post-scriptum à la grande fresque, sans chercher à ré-appliquer à l'identique le système des trois autres parties.

Rails accomplit néanmoins sans problèmes la fermeture de ce grand voyage, atteignant en route des sommets d'intensité (la scène des photos, my god), à l'extrême limite de l'impudeur sans jamais y sombrer.


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MessagePosté: 23 Mar 2011, 15:59 
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Pour l'ensemble mis bout à bout... Sur le plan strict de l'univers, de l'atmosphère, ce serait mentir de dire que j'ai été surpris : c'est un peu ce que j'en pressentais, une sorte de Stalker en Chine. Mais dans l'exécution, le film prend quand même une ampleur autrement plus innatendue. Ma plus grande surprise est en fait de voir combien la vision fut addictive, presque comme pour une série. Le projet est monumental, le sait, le fait sentir, et trouve une place d'une telle d'évidence à l'utilisation de la DV (à vraiment tous les niveaux : technique, éthique, structurel, esthétique...) qu'il est assuré d'en renouveler l'utilisation dans le documentaire pour la décennie à venir- si ce n'est pas déjà fait. Après, je suis d'accord avec Jack Griffin, je ne sais pas si je le reverrai... Beaucoup de films asiatiques de la décennie (des trucs comme Still Life, tiens, puisque c'est dans le même trip) me font l'effet d'un concept passionnant et de quelques scènes pépites, perdues au milieu d'un ensemble perfectible et ennuyeux. Ici c'est exactement le contraire : pas certain, par exemple, que les plus belles scènes aient un effet autrement que pris dans la vision mastodonte des 9h. Il faut digérer.

Je retiens en tout cas un des docs les mieux mis en scène que j'ai pu voir jusqu'ici. On le voit très bien en cours de plan : quand le mec choisit un cadre il le tient, l'angle maintenu l'amène toujours quelque part, lui permet constamment de choper ce qu'il veut quand il veut... Pas un milligramme d'hésitation sur les 9h de documentaire, c'est bluffant.


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MessagePosté: 23 Mar 2011, 16:00 
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Mon préféré est de loin le premier et le troisième épisodes qui m'avaient hyper touchés.


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MessagePosté: 23 Mar 2011, 16:02 
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Oui, ils se détachent assez nettement, même si je viens de voir qu'en fait Rouille I et Rouille II sont pas censés être découpés, ce serait apparemment juste une volonté du distributeur français (c'est zarb, je les trouve assez différents sur pas mal de plans, pourtant).


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MessagePosté: 02 Mai 2014, 11:16 
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J'ai presque envie de le revoir. En fait, depuis les séries, j'ai l'impression qu'il est beaucoup plus facile de voir ce type de projets monumentaux. Je coupe quand j'ai envie, généralement au bout d'une 1h30-2h.


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