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MessagePosté: 26 Mai 2014, 10:11 
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Successful superfucker
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Aydin, comédien à la retraite, tient un petit hôtel en Anatolie centrale avec sa jeune épouse Nihal, dont il s’est éloigné sentimentalement, et sa sœur Necla qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements...

Jamais trop accroché au cinoche tout engourdi de sa beauté plastique thermolactile de Ceylan, mais force est de constater qu'avec ce film (au titre gag qui prêtait le bâton pour se faire battre),il rompt avec le paysagisme mutique habituel pour se lancer dans la philosophie existentielle bavarde (l'amour, la mort, la morale etc etc), reprenant cette tendance lourde antoniono-angelopoulossienne, soliloquant par logorrhées solennelles sur des thématiques s'auto-proclamant profondes, qui donne parfois l'impression que le film va décoller, avant de se remettre confortablement sur ses rails. L'essentiel des scènes se concentre sur un affrontement entre ce comédien pétri d'orgueil et d'ego, de sa supériorité aigre bienveillante, et son entourage abattu par l'ennui et la pauvreté, de sa femme et à ses locataires, façon quatre vérités. Ses longues scènes de dialogue s'achèvent parfois par des trouées fulgurantes et brèves, une impressionnante cavalcade de chevaux épuisés pour la plus remarquable. Même si Sommeil d'hiver se laisse suivre sans épuisement, Ceylan appuie inutilement sur la durée de son film pour renforcer sa toute-puissance universelle, pour surligner la toxicité de son personnage, ce qui laisse une impression de facilité: C'est aussi le talent d'un cinéaste d'arriver à faire vibrer et réfléchir en arrivant à être concis, et du coup parfois Ceylan et son forcing impérieux finit par s'aligner aux travers de son personnage.
3/6


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MessagePosté: 30 Mai 2014, 20:42 
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Antichrist
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Je ne vais pas écrire un long texte, j'ai écrit dessus (et pas très bien) sur Paris Match. Non, juste signaler que c'est un film qui m'a profondément marqué, qui me colle à la rétine et à la tête, que je trouve formidablement bien écrit et mis en scène. Après il se mérite, même s'il y a une tension sociale digne d'Une Séparation en plus du huis clos bergamanien entre les trois personnages principaux.

6/6 Un des films les plus accomplis de ces dernières années.


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MessagePosté: 31 Mai 2014, 12:52 
DPSR a écrit:
Aydin, comédien à la retraite, tient un petit hôtel en Anatolie centrale avec sa jeune épouse Nihal, dont il s’est éloigné sentimentalement, et sa sœur Necla qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements...

Jamais trop accroché au cinoche tout engourdi de sa beauté plastique thermolactile de Ceylan, mais force est de constater qu'avec ce film (au titre gag qui prêtait le bâton pour se faire battre),il rompt avec le paysagisme mutique habituel


??? C'est du cliché de courier du lecteur
Même s'il y a des incursions (surtout pour le premier: le port d'Istambul sous la neige, la mission pour faire des photos de paysage, etc...mais en fait e sont des passages courts) Uzak et les Trois Singes sont essentiellement des huis-clos en appartement, et des films au contraire très bavards. Dans les Climats il y a une superbe scène d'appartement où le mec va voir son ex-maîtresse qui arrive à lui arracher le secret de la fin de sa relation avec sa femme. Les personnages de Ceylan ont justement du mal à investir l’extérieur, et son cinéma plus proche de Rohmer que d'Antonioni ou Angelopoulous à qui il est souvent comparé (tout le monde se base sur le résumé: la méditerranée, l'est de l'Europe, le malaise du quarantenaire conscient de l'histoire qui est derrière lui mais imposible à rejouer).
Pour ma part Uzak et les Climats m'avaient plu, ils comptent en effet parmi les film les plus aboutis de ces 15 dernières années, moins les 3 Singes à cause de l'histoire trop symbolique (et copiée sur un film d'Ormibaev), même si le film est politiquement intéressant


Dernière édition par Gontrand le 31 Mai 2014, 12:56, édité 1 fois.

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MessagePosté: 31 Mai 2014, 12:54 
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Antichrist
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de Rohmer ?


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MessagePosté: 31 Mai 2014, 12:57 
Le grand frère célibataire dans Uzak, il est finalement très proche de Brialy dans le Genou de Clair ou (surtout) Trintignant dans ma Nuit chez Maud, même flottement, même mélange de nihilisme et de naïveté, de dureté et de confiance absolue en la bonne foi des autres. Et Istanbul enneigé ressemble bcp à Clermont-Ferrand (dans le film)

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Dernière édition par Gontrand le 31 Mai 2014, 13:03, édité 3 fois.

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MessagePosté: 31 Mai 2014, 13:00 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Je trouve vraiment le rapport lointain, pour le coup les deux cinéastes dont il me parait le plus proche sont Bergman et Antonioni, le premier pour - et je suis d'accord avec toi - la profondeur psycho, les longs face à face dialogues, le rapport intime - universel, le second pour le travail formel et le rythme.


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MessagePosté: 31 Mai 2014, 13:27 
Ceylan est plus complexe psychologiquement que Bergman. Chez Bergman, il y a la vision d’une lutte théologique radicale entre bien et mal qui détermine ensuite de manière assez frustre d’autres oppositions : entre l’ordre familial (d’où découle pour lui directement l’ordre social) et la magie, et comme les relations entre femmes ont un caractère magique, ensuite entre hommes et femmes.
Il n’y a que quatre rôles de femmes chez Bergman :
-la fille morte trop tôt, vierge et païenne,
-l'épouse qui est une marie salope
-la mère qui est une ancienne pute et une sainte martyrisée
-la sœur de la sœur qui est tout cela en même temps
et à la limite le film se dénoue toujours par l'élimination d'une femme (sauf Saraband, mais c'est l'histoire du patriarche mourant Bergman himself qui provoque le suicide de son fils pour laisser vivre la petite fille dont il est incestueusement amoureux). C'est vraiment hyper-archaïque. Pasolini avait raison, ce sont des trucs encore plus vieux que l'Oedipe qu'il filme.

Chez Ceylan, il n’y a pas une telle opposition, les personnages ne se comprennent pas et s'affrontent, mais c'est justement parce qu’ils se ressemblent tous, éprouvent les mêmes sentiments, et ont spontanément la même idée du bon sens, homme comme femme. L’espace de la laïcité est sentimental, c’est à la fois celui de l’amour et de l’abandon, mais c’est filmé comme une situation de départ, déjà jouée, il faut faire ensuite avec.


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MessagePosté: 31 Mai 2014, 18:53 
.


Dernière édition par Jerzy Pericolosospore le 11 Juin 2014, 08:25, édité 1 fois.

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MessagePosté: 31 Mai 2014, 19:24 
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Oui malgré la qualité d'écriture et d'analyse apparentes de Gontrand j'ai eu bien du mal à retrouver Bergman, par exemple si on prend des films comme Sonate d'automne ou Scènes de la vie conjugale. Pas compris non plus cette histoire de bien et de mal: il me semble que tout le travail de Bergman vise justement à montrer que ce manichéisme n'existe que dans la psychologie des personnages sans avoir de fondement métaphysique.


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MessagePosté: 31 Mai 2014, 19:36 
.


Dernière édition par Jerzy Pericolosospore le 11 Juin 2014, 08:25, édité 1 fois.

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MessagePosté: 01 Juin 2014, 10:58 
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Inscription: 04 Juin 2010, 12:55
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Ce serait possible de mettre en hide les énormes images, s'il vous plait?


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MessagePosté: 01 Juin 2014, 11:53 
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C'est fait, j'ai repassé quelques topics...
Messieurs, merci de faire un effort, personne n'a un écran de 2500x5000 pixels...


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MessagePosté: 01 Juin 2014, 13:16 
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Il faudrait que les images soient redimensionnées automatiquement lorsqu'elles dépassent un certain nombre de pixels.


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MessagePosté: 01 Juin 2014, 13:18 
Des films centrés sur la mise à mort, réelle, par rapport à la raison ou symbolique de femme chez Bergman, il y en a plein, plus que l'inverse (Monika certes...quoique la signification du regard caméra est ambigüe: liberté assumée, mais peut-être aussi signature d'une dimension démoniaque chez Monika?:
la Source (cas 1)
l'Oeuf du Serpent (inclassable, mais sûrement pas le film qui démontre que le bien et le mal sont des projections psychologiques pour B.),
d'un certain côté Sonate d'Automne (la fille vient à bout de la mère de la même manière que le père vient à bout du fils dans Saraband) cas 3
A Travers le Miroir cas 1
La Fontaine d'Aréthuse
Scènes de la Vie Conjugales il me semble que Liv Ullmann s'en sort bcp plus fragilisée qu'Erland Josephson

Si je me souviens bien une des sœurs meurt dans le Silence (cas 4 comme Cris et Chuchotement que j'ai pas pu voir en entier) et dans Fanny et Alexandre la mère est enfermée dans une vierge de fer par le pasteur son nouveau mari (cas 3)




Quant à l'idée de laïcité, c'était pour différencier Ceylan de Bergman (les personnages masculins de Ceylan me semblent proches de ceux de certains Rohmer, surtout dans les Contes Moraux, même si la vision du monde est différente, et que Rohmer ne ferait pas un film comme "les Trois Singes" qui va plus chercher du côté de Costa-Gravas ni Ceylan "Astrée et Céladon")


Dernière édition par Gontrand le 01 Juin 2014, 15:31, édité 5 fois.

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MessagePosté: 01 Juin 2014, 13:21 
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Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
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Tu peux éviter de spoiler massivement les films stp? :) Il y a une balise Hide pour ça.


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