Forum de FilmDeCulte

Kinshasa, où la vie nocturne voluptueuse et trépidante semble toujours prête à engloutir le temps. Quelques rares privilégiés y mènent la grande vie, au mépris de tous les laissés-pour-compte. Ceux qui n'ont rien envient ceux qui ont tout et ils n'aspirent qu'à une seule chose : devenir les nouveaux maîtres de la nuit.
Riva est l'un de ces rêveurs. Il rentre plein aux as après dix ans d'absence, bien déterminé à s'offrir, avec son vieux copain J.M., une folle nuit de beuverie, de danse et de débauche. Reine de la nuit, mystérieuse et distante, Nora danse et Riva est subjugué. La belle appartient à un caïd local, mais Riva s'en moque : il lui faut cette fille. Aura-t-il sa chance ?

C'est merveilleux de voir tous ces mauvais comédiens participer à cette grosse mascarade putassière dont on devrait se contenter car il apporte la preuve qu'on peut faire des hollywood night en Afrique entre un homme qui crie et autres minimalisteries désossées. Les nanas auraient pu être là pour tourner un vincebanderos tellement elles ne semblent être là que pour se faire fourrer ou prendre des torgnoles, quand elles n'ondulent pas de la croupe pour une boucle d'oreille. Voir une grosse daube dans ce style soutenue par le monde et compagnie, c'est juste ubuesque.
1/6

Puisqu'on te dit que c'est le Pulp Fiction congolais !

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"Je suis prêt à accepter une tonne de qualité chez Spielberg" Lohmann

C'est peut-être parce que c'est le premier film "congolais" sorti depuis des lustres. Il y a sans doute encore de cette condescendance européenne envers les Africains, qui fait qu'on ne peut pas vraiment dire que c'est mauvais quand ça l'est, ou qu'on trouve de la "fraîcheur" et de la "spontanéité" là où il n'y a qu'approximations, mauvais jeu et manque évident de moyens.

Et pourtant. Même si ces défauts sont plus que visibles, on ne peut pas nier au film son envie et son originalité. Cette originalité ne réside pas tant dans l'histoire -un film de gangsters avec ses classiques enjeux de vengeance, d'ambitions dorées et de rêves brisés - que dans les thématiques abordées. C'est d'abord une esquisse de la société congolaise et surtout kinoise, à travers sa musique, sa façon de parler, de se vêtir. J'ai bien aimé la caractérisation de certains personnages. Par exemple l'ami du héros, incarnation du "sapeur" à l'ancienne, qui se veut élégant mais au fond vulgaire et ringard. Le personnage de la "Commandante", seul personnage féminin bien interprété, et incarnation du poids des femmes dans l'armée et la société en général. Ou la façon dont le clivage générationnel est dépeint à travers l'usage de la langue. Mais pour apprécier cela, il faut sans doute avoir vécu au Congo.

C'est aussi l'ambition d'un réalisateur "du cru" de décrire cette "ville de tous les pêchés" qu'est Kinshasa, une cité où la corruption généralisée, la quête effrénée de l'argent et les plaisirs faciles auraient vicié les esprits, les familles et les amitiés. Cette ambiance de "sin city" à la sauce africaine est assez bien retranscrite, même si on a sans doute voulu aller (beaucoup) trop loin dans les scènes de sexe et de violence.

Le réalisateur aurait pu en rester là, mais il n'a pas pu s'empêcher de rajouter un message bien lourd sur "l'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, l'argent qui ruine, etc etc" comme dirait tonton. Cette tentative malheureuse ne suffit finalement pas à cacher les absences et les incohérences parfois abusées du scénario. Dommage.

2,5/6