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MessagePosté: 05 Juin 2011, 23:38 
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Successful superfucker
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Curtis LaForche mène une vie paisible avec sa femme et sa fille quand il devient sujet à de violents cauchemars. La menace d'une tornade l'obsède. Des visions apocalyptiques envahissent peu à peu son esprit. Son comportement inexplicable fragilise son couple et provoque l'incompréhension de ses proches. Rien ne peut en effet vaincre la terreur qui l'habite...

Un film d'une maîtrise absolue mais sans aspérité, qui conforte Shannon dans son éternel emploi de psychotique torturé dans la droite lignée de Bug. Comme le film s'appuie sur des scènes de cauchemar récurrents magnifiées par des tornades et autres éclairs, Take shelter est en proie à de multiples interprétations entre rêve et réalité qui feront la joie des palucheurs de tout poil comme à l'époque de l'âge d'or de Shyamalan.
4/6


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MessagePosté: 04 Nov 2011, 04:59 
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Ce film m'a profondément troublé. Encore au matin, j'en ressentais les effets.

Probablement mon top de l'année.

Je ne sais trop quoi dire. Ce film est parfait, du premier au dernier plan. Il explore le phénomène de la peur (cette peur qui mène à la folie) comme aucun autre film l'a fait. Le film peut faire penser par moments à Close Encounters of the Third Kind, ou même à du Stephen King, mais sans jamais tomber dans le référentiel, ni jamais plier aux mécanismes du cinéma d'horreur (même s'il en utilise certains effets). Et contrairement au cinéma de Shyamalan (auquel DSPR a comparé le film), Take Shelter ne s'amuse pas avec son scénario. Il n'y a pas plusieurs interprétations possible. Le film nous fait vivre l'angoisse profonde d'un type, frontalement, avec tout ce que ça implique (les rêves et tout). Il y a le doute, mais ce n'est jamais un jeu, pas plus qu'un film d'horreur. Il s'agit avant tout d'un drame humain, et le film tire sa puissance de sa description austère et sèche de l'Amérique au quotidien, en proie à une crise économique. En outre, la puissance du film vient aussi très certainement de Michael Shannon et Jessica Chastain, qui livrent tout deux une putain de performance tout en subtilité, sans jamais donner l'impression d'une composition. L'exemple parfait d'acteurs qui se salissent avec humilité, sans penser à Oscar.

J'ai eu un peu peur pour la fin (comment terminer un tel film), mais elle se révèle hyper convaincante. Peut-être une des finales les plus fortes que j'ai vu ses dernières années. Le scénario est juste génialissime de toute façon. Et Jeff Nichols est sacrément à surveiller. Il filme d'une manière tellement juste, efficace, tout en s'effaçant, dédié à la puissance de son scénario qu'il ne force jamais à s'atrophier. Son cinéma me rappelle un peu celui des années 70, par cette efficacité tranquille. On pourrait dire qu'il a un peu la grâce de Eastwood, mais sans le romantisme.

Ça ne m'arrive pas souvent de m'exciter pour un film. Mais celui-là m'a fait bien bander

5/6 (et la note montera probablement avec le temps. Un chef-d'oeuvre quoi!)

http://www.youtube.com/watch?v=I5U4TtYpKIc

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MessagePosté: 06 Jan 2012, 12:17 
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Assez déçu.

Je préfère de loin un film comme Bug qui sur un sujet similaire se permet d'aller beaucoup plus loin. Là le film reste trop sage, un peu morne et joue de sa langueur particulière. Il veut bien nous montrer comment le caractère insidieux de la folie qui se glisse par tout les pores, peu à peu. Michael Shannon est très bien et le film est plutôt plaisant mais j'en attendais clairement plus. Surtout après avoir découvert Shotgun Stories que du coup je préfère assez largement à celui là.

Je ne sais pas du tout comment interpréter la dernière scène par contre.

4/6 quand même parce que je ne suis pas ennuyé et que certaines scènes sont très fortes.

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MessagePosté: 06 Jan 2012, 12:26 
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Ah non, me refroidis pas !

J'étais chaud comme la braise pour le Nichols là.


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MessagePosté: 08 Jan 2012, 01:34 
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Premier film vu de 2012, et quel film, j'ai reçu une belle claque.

Michael Shannon, est impressionnant dans ce rôle, il interprète avec brio ce personnage sur la retenu prêt à éclater à tout moment. Le couple qu'il forme avec Jessica Chastain, tiens bon. On ressent aisément le liens très fort qu'il y a entre les personnages, ainsi que les différentes périodes qu'ils traversent.
Le rêve ou Curtis vois ça femme dans la cuisine (très bien mis en scène) hésitant à prendre le couteau, illustre parfaitement le doute de la femme pour "tuer" ou non son couple en quittant son mari.


Le tout est terriblement maîtrisée. Tout le film, ou presque, se passe du point de vue du protagoniste. Nous ne sommes plus spectateur, nous devenons Curtis. Les choix de cadres du réalisateur, de plus en plus serrés sur le visage de Curtis, sont très intelligemment pensés, rendant le film que plus haletant. Le film est rythmé par les rêves de Curtis, très esthétique et imprégnés d'un cinéma plus horrifique, les transitions sont telles, qu'on en arrive à se demander, s'il est réveillé ou non dans certaines scènes.

Jeff Nichols nous offre un film fascinant, angoissant, un voyage envoûtant qui vous plonge, sans vous laisser respirer, à l'intérieur de la tête de son personnage.

Art Core a écrit:
Je ne sais pas du tout comment interpréter la dernière scène par contre.


Linéairement, on pourrait parler de prophète, j'aurais tendance à penser à une idée d'inconscient collectif, vu la fusion qu'il y a entre les deux personnages, et qu'à ce moment la la caméra est centrée sur Jessica Chastain et plus Michael Shannon. Après c'est peut-être le film de Cronenberg qui m'influence!


Je veux absolument voir son premier film.

5.5/6 (pour le moment).


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MessagePosté: 08 Jan 2012, 02:46 
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Art Core a écrit:
Je ne sais pas du tout comment interpréter la dernière scène par contre.


Pour moi c'est clair, c'est une métaphore pour exprimer l'idée de cette angoisse qui se transmet de génération en génération. Cette peur qui finit par intoxiquer les gens qui sont à sa proximité (au départ, toute l'Amérique est présenté comme génératrice de cette peur. Puis, le film nous montre comment elle s'immisce au sein d'une famille, chez un père qui a des antécédents familiaux, une mère déjà fragilisé). Enfin, je l'ai compris comme ça.

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MessagePosté: 08 Jan 2012, 13:25 
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J'avais déjà été impressionné lors la sortie de Shotgun stories par la maturité dont faisait preuve Jeff Nichols, que ce soit dans sa trame narrative ou dans sa mise en scène. J'étais donc impatient mais assez confiant avant de voir Take Selter.
Mais je pensais pas finir la projo aussi sonné.
Sur un sujet assez casse gueule, qui peut rapidement tomber dans la banalité, il prend le parti de construire son film sur le trouble de son protagoniste, et non pas autour. De cette façon on n'en vient jamais à juger la potentielle maladie de Curtis, ni à blamer ses choix. On vit le même stress et la même appréhension que lui, sans jamais en sortir. Le choix de méler intelligemment rêve et réalité, renforce d'autant plus la perte de repère du spectateur.

C'était déjà l'idée de base du film de Peter Weir La dernière vague dont Take Shelter emprunte énormément d'idée : le déchirement du cercle familial, la plongée du protagoniste dans une névrose de plus en plus envahissante, celle ci venant de vision de tempête/fin du monde, une ambiguité sur la véracité de ces visions, un isolement du protagoniste du à l'incompréhension de son entourage...
La principale différence entre La dernière vague et Take Shelter semble être que le premier tend vers la véracité des visions, lorsque le second, à première vue, leur fait prendre la forme de cauchemar.
Nichols veut donc opposer son personnage à lui même, le faire lutter contre ses peurs,ce que Micael Shannon réussi à merveille, alors que Weir opposait deux cultures (les blancs face aux tribus aborigènes).

Tout ça pour dire que j'ai adoré, que j'irai le revoir et que Nichols est plus que jamais un grand en devenir

5.5/6 (en attendant le seconde vision)


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MessagePosté: 08 Jan 2012, 13:34 
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David Swinton a écrit:
Art Core a écrit:
Je ne sais pas du tout comment interpréter la dernière scène par contre.


Pour moi c'est clair, c'est une métaphore pour exprimer l'idée de cette angoisse qui se transmet de génération en génération. Cette peur qui finit par intoxiquer les gens qui sont à sa proximité (au départ, toute l'Amérique est présenté comme génératrice de cette peur. Puis, le film nous montre comment elle s'immisce au sein d'une famille, chez un père qui a des antécédents familiaux, une mère déjà fragilisé). Enfin, je l'ai compris comme ça.


Ce que Jeff Nichols à dit lors d'un interview, confirmerait ton point de vue:
"Durant l’été 2008, lorsque j’ai commencé à écrire Take Shelter, je venais de me marier. J’étais comblé, professionnellement et personnellement, mais j’avais pourtant le sentiment que le monde s’acheminait vers des temps difficiles. Cette angoisse lancinante était certainement due à la crise économique mais pas seulement. J’avais, dans ma vie, des êtres et des choses que je ne voulais pas perdre."


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MessagePosté: 08 Jan 2012, 13:42 
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xTom a écrit:
Art Core a écrit:
Je ne sais pas du tout comment interpréter la dernière scène par contre.


Linéairement, on pourrait parler de prophète, j'aurais tendance à penser à une idée d'inconscient collectif, vu la fusion qu'il y a entre les deux personnages, et qu'à ce moment la la caméra est centrée sur Jessica Chastain et plus Michael Shannon. Après c'est peut-être le film de Cronenberg qui m'influence!



Je suis assez d'accord, la dernière scène s'attarde énormément sur Chastain, comme j'avais précédemment dans le film. C'est ce qui me fait douter sur le réalité ou non de cette scène. Sans ça j'aurai forcément interprété ça comme la continuité de la maladie de Curtis.
Après est ce que ce visage plein de gravité de Chastain est celui qu'elle a face aux troubles de son mari ?...ça parait un peu capilotracté quand même.


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MessagePosté: 08 Jan 2012, 18:29 
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El Topo a écrit:
près est ce que ce visage plein de gravité de Chastain est celui qu'elle a face aux troubles de son mari ?...ça parait un peu capilotracté quand même.


Un peu. Mais Chastain semble une épouse hyper aimante. Elle choisit à la toute fin de se donner entièrement à cette relation, de supporter son mari comme il se doit. Dans une situation comme celle-là, l'angoisse du mari devient un peu l'angoisse de sa femme j'ai l'impression. Pour moi, la pluie acide nous présente cette idée d'une façon métaphorique.

Mes parents m'ont transmis beaucoup de leurs angoisses à force de vivre auprès d'eux dans l'enfance. La peur intoxique d'une manière pernicieuse celui qui se trouve dans les parages. J'ai trouvé le film très juste à ce niveau.


Certains reprochent au film de ne pas aller assez loin. Je ne suis pas d'accord. Le film va très loin, mais en usant de subtilités, sans le tape à l'oeil d'un Aronovsky par exemple. Je trouve que le film décrit admirablement, d'une façon presque documentaire, chaque étapes qui mènent de la peur à la folie, les mécanismes sournois. Et le plus génial, c'est que le film ne fait jamais le procès de quoi que ce soit. Il nous présente le phénomène de l'intérieur. C'est ce que j'ai adoré.

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MessagePosté: 09 Jan 2012, 15:50 
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J'ai vu le film comme dans un rêve semi-éveillé (pas dormi depuis bien trop longtemps) et du coup il m'a fortement imprégné (j'ai bu le film sans aucun filtre conscient en fait quoi). Le travail sur l'image et le son est fantastique dans le film, moi qui adore tout ce qui est tempête/orages, etc... j'ai trouvé ça magnifique.

Je me range avec ceux qui pensent que le film va bien assez loin, certainement avec subtilité mais la plongée dans le cerveau de Michael Shannon (remarquable, comme Chastain) est totale, on arrive à s'identifier au personnage malgré le rejet que l'on fait de sa folie, de son comportement irrationnel et parfois dangereux.

Certains plans sont magnifiques (esthétiquement, le film est par ailleurs très réussi).

Pas grand chose à redire en fait, si ce n'est que le film s'attarde parfois un peu, et certaines réactions qui m'ont paru un peu trop appuyées (comme celle de Dewart, qui sert certes de catalyseur, mais je trouve que c'est un peu trop).

Un bien bon film. 4.5-5, mais faudrait que je le revoie en étant réveillé.

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MessagePosté: 24 Jan 2012, 12:46 
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Je trouve le postulat de départ assez banal (même si assez original en 2011, le mélange rêve/réalité ça faisait longtemps qu'on ne nous l'avait pas sorti !), mais plutôt bien mis en place par Nichols.
L'ennui c'est que Nichols ne parvient jamais à faire décoller son histoire. C'est toujours élégant (belles scènes de tempête), toujours soigné, toujours réfléchi, toujours très propre, mais ça manque furieusement d'idées et de carburant pour alimenter le moteur. Au bout d'un quart d'heure, le film se met à tourner en rond, et les rares évènements qui se produisent alors sont attendus depuis le début du film ... Je m'attendais au moins à de grandes performances des acteurs, mais Michael Shannon ne surprend jamais, et Jessica Chastain (l'actrice la plus surestimée de 2011) est assez fatigante dans un rôle de mère au foyer bidon et mollassonne. Ça se regarde et ce n'est en soi pas déplaisant, mais peut mieux faire ...
3/6


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MessagePosté: 29 Jan 2012, 23:54 
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Marlo a écrit:
Je trouve le postulat de départ assez banal (même si assez original en 2011, le mélange rêve/réalité ça faisait longtemps qu'on ne nous l'avait pas sorti !), mais plutôt bien mis en place par Nichols.
L'ennui c'est que Nichols ne parvient jamais à faire décoller son histoire. C'est toujours élégant (belles scènes de tempête), toujours soigné, toujours réfléchi, toujours très propre, mais ça manque furieusement d'idées et de carburant pour alimenter le moteur. Au bout d'un quart d'heure, le film se met à tourner en rond, et les rares évènements qui se produisent alors sont attendus depuis le début du film ... Je m'attendais au moins à de grandes performances des acteurs, mais Michael Shannon ne surprend jamais, et Jessica Chastain (l'actrice la plus surestimée de 2011) est assez fatigante dans un rôle de mère au foyer bidon et mollassonne. Ça se regarde et ce n'est en soi pas déplaisant, mais peut mieux faire ...
3/6


Je suis un peu sur cette ligne-là, la BA m'avait bien emballé mais le film, intéressant hein, tourne un peu à vide je trouve. Chastain est sous-employée par rapport au Malick (ou alors c'est une de ces actrices qui gagnent à se taire) et Shannon est plus puissant dans ses vingt minutes de Revolutionnary Road qu'ici où sa partition est plus linéaire et sur des rails. Le problème principal c'est que, comme l'a déjà dit elmomo, la mise en scène tend à nous faire entrer dans la tête du héros mais le scénario saborde ça
en faisant passer les signes annonciateurs de la catastrophe sur le compte de rêves le plus souvent, là où des hallucinations pures et simples auraient fait partager au spectateur le doute et l'angoisse du héros
. A l'instar de Black Swan, en moins grand-guignolesque bien sûr, c'est à mon sens une nouvelle tentative râtée de représentation de la folie au cinéma. C'est dommage parce que le film a de grandes qualités (notamment plastiques).
3,5/6


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MessagePosté: 30 Jan 2012, 21:35 
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David Swinton a écrit:
Ce film m'a profondément troublé. Encore au matin, j'en ressentais les effets.

Probablement mon top de l'année.

Je ne sais trop quoi dire. Ce film est parfait, du premier au dernier plan. Il explore le phénomène de la peur (cette peur qui mène à la folie) comme aucun autre film l'a fait. Le film peut faire penser par moments à Close Encounters of the Third Kind, ou même à du Stephen King, mais sans jamais tomber dans le référentiel, ni jamais plier aux mécanismes du cinéma d'horreur (même s'il en utilise certains effets). Et contrairement au cinéma de Shyamalan (auquel DSPR a comparé le film), Take Shelter ne s'amuse pas avec son scénario. Il n'y a pas plusieurs interprétations possible. Le film nous fait vivre l'angoisse profonde d'un type, frontalement, avec tout ce que ça implique (les rêves et tout). Il y a le doute, mais ce n'est jamais un jeu, pas plus qu'un film d'horreur. Il s'agit avant tout d'un drame humain, et le film tire sa puissance de sa description austère et sèche de l'Amérique au quotidien, en proie à une crise économique. En outre, la puissance du film vient aussi très certainement de Michael Shannon et Jessica Chastain, qui livrent tout deux une putain de performance tout en subtilité, sans jamais donner l'impression d'une composition. L'exemple parfait d'acteurs qui se salissent avec humilité, sans penser à Oscar.

J'ai eu un peu peur pour la fin (comment terminer un tel film), mais elle se révèle hyper convaincante. Peut-être une des finales les plus fortes que j'ai vu ses dernières années. Le scénario est juste génialissime de toute façon. Et Jeff Nichols est sacrément à surveiller. Il filme d'une manière tellement juste, efficace, tout en s'effaçant, dédié à la puissance de son scénario qu'il ne force jamais à s'atrophier. Son cinéma me rappelle un peu celui des années 70, par cette efficacité tranquille. On pourrait dire qu'il a un peu la grâce de Eastwood, mais sans le romantisme.

Ça ne m'arrive pas souvent de m'exciter pour un film. Mais celui-là m'a fait bien bander

5/6 (et la note montera probablement avec le temps. Un chef-d'oeuvre quoi!)

http://www.youtube.com/watch?v=I5U4TtYpKIc


On peut quand-même y voir une métaphore des maux de l'amérique actuelle en pleine crise économique et existentielle. Il parait que le mouvement des personnes paranoïaques qui construisaient des abris contre les tempêtes existe vraiment aux states. Sinon d'accord avec toi sur la qualité du film et quel sens du cadrage. Son premier film était très bien également, moins métaphorique,plus pied au plancher, mais le même talent à l'oeuvre.


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MessagePosté: 30 Jan 2012, 21:41 
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Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
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Marlo a écrit:
Je trouve le postulat de départ assez banal (même si assez original en 2011, le mélange rêve/réalité ça faisait longtemps qu'on ne nous l'avait pas sorti !)


C'est ça le postulat de départ??? EUh oui si on veut...


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