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Également À travers les rapides pour le titre VF.



Johan vit dans une ferme isolée aux côtés d'une mère autoritaire et d'une orpheline, Marit. Confrontée à ses premiers désirs de femme face à un saisonnier manipulateur, celle-ci épouse le sage Johan après que l'étranger ait quitté les lieux...


Toujours aride de chez aride Stiller, mais cette fois ça marche (finie cette sensation de maladresse, ou d'héritage mal digéré du ciné en tableau qui pouvaient traîner dans ses autres films). Refus strict d'un lyrisme qu'on dénie aux paysages (à l'immensité offerte), aux personnages (potentiellement mélodramatiques), au symbolisme (potentiellement poétique)... De cette sécheresse butée, de cette observation sans empathie de son héroïne, approchée sans affect ni morale, découle des situations et des confrontations à la finesse froide - et par là-même, la délicatesse paradoxale d'un regard franc qui ne ment pas (sur le désir et le pathétique de certains persos, c'est quand même parfois très cash).

On est pourtant loin de ces cinéastes qui apposent une distance glacée ou conceptuelle cassant toute possibilité d'identification... Stiller est frigide, mais reste aux côtés des personnages (voir par exemple tout le passage autour de la cabane avec les poissons, où l'on est clairement calé sur la panique grandissante de la fille). C'est la force bizarre de son cinéma : Stiller filme une jeune fille chez qui on a réveillé le désir, mais ne s'en émeut jamais. Tout comme la nature alentours gagne une majesté brute à ne jamais être idéalisée ou mythifiée, le tableau humain n'est touchant que parce qu'il est cru.

Qu'est-ce qui manquait du coup aux deux autres film pour que ça fonctionne aussi bien ? Erotikon se parait d'un point de vue ironique parasitant la neutralité du regard ; Le trésor d'Arne, parce qu'il se permettait quelques envolées comme autant de pêchés mignons, était sans doute plus contradictoire et bordélique. Sous ses atours excessivement modestes (peu de lieu, peu de persos, linéaire...), ce film-ci est donc pour moi son meilleur, celui où son style si particulier prouve ce qu'il a dans le ventre. Dommage pour l'acte 4, gros morceau de cinéma malheureusement empesé de quelques maladresses (décadrages, maquettes visibles, longueurs...) qui trouent l'impression d'ultra-précision que Stiller avait jusque là maintenu.