Forum de FilmDeCulte

François est un jeune professeur de français dans un collège difficile. Il n'hésite pas à affronter Esmeralda, Souleymane, Khoumba et les autres dans de stimulantes joutes verbales, comme si la langue elle-même était un véritable enjeu. Mais l'apprentissage de la démocratie peut parfois comporter de vrais risques.

Pour une fois voilà un bon pitch Allociné car ce que Cantet réussit le plus dans cette adaptation du propre bouquin de Bégaudeau (en attendant la pièce de théâtre en Janvier, le cahier de vacances Passeport et les mugs) c'est cet affrontement par la langue, ce sens de la transmission par rapport à la signification des mots. Dans le bouquin de Bégaudeau, tout passait entièrement grâce à une énergie constante des dialogues et par le parler vrai des jeunes et ça passe complètement ici, grâce à des ados bluffant de naturel, dont la construction des scènes de joutes entre eux et Bégaudeau est issue essentiellement d'ateliers d'impro. Si l'ossature reste la même que le bouquin, le film a été actualisé, et les personnages des profs un peu sacrifié par rapport à ceux des gamins.

D'ailleurs Entre les murs porte bien son titre car toutes ces deux heures dix ne sont que salles de classe de Bégaudeau, salle des profs et cour de récré (filmée un peu à la manière de caméra de surveillance, avec de la hauteur et de la distance au début). Autrement je trouve que le film passe vite, qu'il est parfois touchant, mais aussi trop modeste (la mise en scène est assez faible par rapport aux autres Cantet et passe surtout par la direction d'acteurs) pour être totalement irrésistible. La relation Bégaudeau (qui se donne un peu le beau rôle concernant son attitude à l'égard de Souleymane l'élément perturbateur)/ élève tire le gros du film et accumule parfois certaines longueurs, ce qui donne l'impression d'effleurer parfois le sujet, et le découpage est assez disproportionné par moment. Mais c'est pas mal du tout.

4/6

Alors c'était bien, Chatenay-Malabry?

Je viens de finir le bouquin qui est vraiment pas mal *conseil de 1h41*, du coup je suis assez curieuse.

Chatenay Malabry c'est d'abord un projectionniste qui sait pas faire des raccords, une programmatrice qui rentre en trombe dans la salle au moment où les lumières s'éteignent pour beugler SURTOUT PAS DE CAMERA NI DE TELEPHONE PORTABLE et un public de cinéma fantastique qui au moment où dans le film une prof, juste après avoir discuté des problèmes scolaires, enchaîne sur le problème de machine à café, lance tout haut "Ah ouais ça c'est vraiment important pfffffuit".

La banlieue, ses RER, ses bus, ses moments de vie.

*Et c'était même pas complet*

Rhah l'envie d'égoregement...

J'ai très envie de voir ce film. Encore une saison à attendre.

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Et une salle qui semble être entièrement composée de profs qui à l'instant même où le film casse et la lumière se rallume se lance dans des *Mais ouiiiiii c'est exactement çaaaaaaaa*

Les mêmes profs d'ailleurs derrière au début de la séance:
- Ouais je viens de voir Indiana Jones c'est trop naze
- Non mais attends il faut l'accepter pour ce que c'est et d'enlever son cerveau pour le récupérer à la sortie
- Ah tu te rappelles tu m'as déjà enmené à uen Palme d'or... C'était pourri, là, le film sur la violence à l'école.
- La violence à l'école?
- Oui, comment ça s'appelait déjà, ah oui Elephant. Heureusement l'année dernière c'était un bon choix de palme, là, la fanfare.
- Ah oui la fanfare... ça c'est du vrai cinéma.

*MTM = mange ton mur*

Putain, je suis heureux d'être sourd.

T'es bourré ?

_________________
I think we're gonna need a helmet.

Oui.

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Bon sinon j'ai revu récemment Ça commence aujourd'hui (6/6) et L'Esquive (6/6) qui traitent de l'école (en partie), mais aussi Ressources humaines (5,5/6) et L'emploi du temps (6/6), donc je suis supra chaud pour le Cantet.

_________________
I think we're gonna need a helmet.

RHAH, trop envie de les voir, ceux-là, depuis toujours..

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

http://www.priceminister.com/offer/buy/16607616/Laurent-Cantet-Ressources-Humaines-Et-L-emploi-Du-Temps-DVD-Zone-2.html#?t=271840

_________________
I think we're gonna need a helmet.

L'Esquive 6/6
Ressources humaines 5/6
L'emploi du temps 6/6
Entre les murs 5,5/6

Bonne nuit.

J'ai trouvé ça excellent. Je trouve le regard particulièrement affuté dans sa peinture de "la classe" du titre de partout ailleurs, ses problématiques, le pouvoir par le langage (il est essentiellement question de ça dans ce cours de français, des leçons au clash scolaire), les rapports de force ou la remise en question de l'autorité, et de ma petite tiny expérience j'ai trouvé que le film plantait un pur compas là où il fallait.

Mais je trouve aussi que le film ne se limite pas à un rêve de Sean Penn du film qui regarde le monde tel qu'il est avec ses questionnements d'actualité, qu'il y a quelque chose de très cinégénique dans la concentration de la caméra entre ces murs, ses parenthèses en plongée surveillance sur la cour de récré, le charisme de Bégaudeau au rôle nuancé et le sur-naturel des gamins, quelque part ce ring d'une année, finalement exténué, que Cantet filme avec les chaises retournées et comme vidées fin juin.

Le film t'attrape le cou et ne le lâche plus pendant 2h10. De ce que j'ai vu de Cannes, c'est à dire un très large bout, c'est effectivement parfaitement palmable.

5/6

_________________
Doll, it's a heartbreaking affair

La force du verbe

Une Palme d'or ça change tout. Grand vent de fraîcheur apportée sur la Croisette, Entre les murs de Laurent Cantet ne peut qu'être critiqué, aujourd'hui, qu'à la lumière médiatique et cinéphile apportée par la plus belle récompense du cinéma mondial. Le sujet du film donne à débattre, c'est déjà ça, et les grands thèmes à la mode de ce début d'automne devraient être l'éducation nationale et la transmission des savoirs. Formidable outil pédagogique qui met le doigt là ou ça fait mal, sur la difficulté d'intégrer une population qui ne dispose pas de tous les outils notamment linguistiques pour réussir, Entre les murs pourrait être dépassé par sa propre approche sociologique et faire oublier l'essentiel: qu'il est un formidable film, brillamment mis en scène et interprété avec un incroyable naturel. Ne pas croire à un hasard providentiel. François Bégaudeau et Laurent Cantet ont beaucoup travaillé en amont avec leur jeune troupe de comédiens.

Un homme seul

Le second écueil de la réception critique d'Entre les murs tient en la personnalité de François Bégaudeau. Critique de cinéma, cet enseignant de 37 ans a adapté son propre essai et tient le rôle principal. La caméra ne l'abandonne jamais si bien que l'on aurait pu sombrer dans le narcissisme déguisé. Il n'en ait rien. Entre les murs, le film, tient beaucoup à la personnalité de Laurent Cantet. Ce n'est pas un hasard si l'auteur de Ressources humaines a choisi le roman de Bégaudeau. On retrouve la figure de l'homme seul contre l'adversité de ses précédents films, contraint à de permanents rapports de force pour tout simplement exister dans un vase clos: l'entreprise dans Ressources humaines, la famille dans L'Emploi du temps, une salle de cours dans Entre les murs. Les longs-métrages de Laurent Cantet expriment toujours une certaine claustrophobie sociale, une difficulté à exprimer réellement son point de vue. Pourtant Entre les murs est teintée d'humanisme. Un film beau et chaleureux qui rassure sur une certain façon de faire du cinéma.