Forum de FilmDeCulte

Période d’occupation japonaise en Chine, vers 1945. Un paysan se voit obliger de recueillir un japonais fait prisonnier et un chinois bilingue pour un motif qu’il ne connaît pas. Les ravisseurs doivent venir les rechercher 5 jours après, mais ils ne sont toujours pas revenu au bout de 6 mois !

Depuis le temps que je l'ai à côté de moi celui-là, le mauvais trip sur Le soleil se lève aussi n'aidant certainement pas à y aller. Eh bien, j'aurais du me lancer plus tôt parce qu'on est pas très loin du chef d'oeuvre, même si quelques fautes de goûts ralentissent par petites bribes le plaisir brut que m'a procuré cette vision.
Déjà, Wen balance une mise en scène et un montage du feu de Dieu, littéralement embrasés et fiévreux lors d'explosions très violentes et brutales, complètement désemparées qui parachèvent un sentiment général de dernier souffle qui revient quand même à la charge (facile mais efficace dernier quart d'heure très à propos).
Le comique revient aussi souvent et la fluidité de l'écriture ainsi que la direction d'acteurs vive et légère n'ont d'égal que la noirceur et la cruauté qui se dégagent au final d'une oeuvre fine qui frappe fort, sans tomber dans les travers du trop de comédie ou du trop de violence.
Wen dose ce mélange habile en flux tendus sur plus de deux heures qui passent à une vitesse folle, de l'ahurissant brasier nihiliste et sauvage au trois quart de métrage à la partie de cache-cache burlesque autour d'un condamné à mort, en passant par de petites mais magiques touches formelles comme la caméra qui pivote en poursuivant un jet de projecteur ou plus globalement cette caméra portée qui chahute l'image pour mieux s'accorder avec le montage et ne pas juste appliquer un effet "troublant".
L'ensemble est souvent joyeux mais surtout cruel, très noir, fondamentalement absurde et parfois cliché (les américains et leurs chewing gums !), éclairant d'une manière originale et nerveuse une partie de l'histoire chinoise, tout en mettant le spectateur dans une position inconfortable par ses parti-pris et ses crises de violence qui touchent forcément au monde barbare de tous temps.
Coup de coeur brutal. 5/6

Aaah j'avais adoré à l'époque, il était même dans mon top 10 de l'année.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Guizi lai le en VO.




Depuis 2001 qu'on me le chantait au Lycée, "tu sais c'est trop bien les démons à ma porte", et que ça revenait de temps en temps façon "ah oui c'était quand même un chef-d'oeuvre les démons à la porte", agrémenté de quelques "mais t'as pas vu les démons à ma poooorte ?"

Bon dix ans après : ok c'est excellent, mais je vais faire mon bâtard, parce que je suis pas aussi à fond que je l'aurais voulu. Si un film aussi unanimement respecté n'a toujours pas à ce jour gagné ses galons de date-clé, c'est peut-être parce qu'il lui manque un petit truc... Tout foisonnant qu'il soit, il a quelques fois du mal à dépasser le happening intense de deux heures, le shaking de spectateur entre horreur et rire. Cette approche sait très bien peindre une certaine atmosphère de guerre (surtout dans ce festin final, qui concentre un peu tout le projet du film - qu'elle soit euphorique ou sanglante, cette énergie est la même), mais cette fièvre donne aussi un peu l'impression de se ré-décliner à chaque séquence de manière identique, pas toujours avec le respect de la continuité du film alentours d'ailleurs (souvent l'impression qu'une "idée de plan" vient perforer bruyamment l'équilibre d'une scène), et sans toujours chercher à construire au-delà du moment - la toute dernière image, en ce sens, semble quasiment assumer l'idée : le film est littéralement increvable. Il me manque des petites touches, mêmes discrètes, qui puissent émerger du chaos pour tracer une menue ligne de fuite, comme le fait parfois la trop rare histoire d'amour du film (si jolie scène par exemple à deux, mains sur le visage, après l'aveu, qu'est-ce que ça aère !) : que la furie ambiante ne soit pas sa propre fin. Alors c'est du chipotage, on est pas une seconde dans le baroque stérile et cyclique : chaque scène est indépendante et ultra-investie, les personnages existent, et le film impose un tel feu nourri d'inspiration (les scènes que cite oncletom, entre autres) qu'on ne peut que s'en réjouir et ouvrir grand les yeux... Ça tient donc à rien, mais l'ensemble reste néanmoins un peu frustrant ; c'est surtout l'épilogue qui m'a déçu, je crois.

Jamais entendu parler de ce qu'a fait Jiang Wen ensuite (ni avant d'ailleurs), c'est normal ? C'est moins bon, c'est pas sorti ici ?
(edit : je vois déjà ci-dessous qu'un de ses films suivants à pas fait que des heureux...)

Très étonnement il vient de réaliser le plus grand succès chinois de l'histoire, une comédie d'action avec Chow-Yun Fat, Let the Bullets Fly :
http://www.youtube.com/watch?v=HEpvZPiTiXs

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CroqAnimement votre

L'auto-caricature de film chinois.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui là effectivement...
Bon, la bande-annonce doit aussi être conçue en ce sens.