C'est surtout pour tenter d'y voir un peu plus clair dans l'opacité qui règne souvent dans le milieu du cinéma, même si j'ignore en grande partie les tenants et les aboutissant du truc. Bref, s'agit principalement de partager un maximum d'infos concrètes sur le métier, à défaut de pouvoir tout rendre transparent. Réservé à ceux qui ont des tuyaux à donner, des questions à poser, des réponses à apporter etc... Dans une logique de "démocratisation" de l'information.
Je commence avec une séries d'infos et de questions.
I) Production A) Rentabilité salle 1) Comment se répartissent les revenus d'un ticket ?
Si certains souhaitent savoir où va précisément l'argent d'un ticket de cinéma, voici ce que j'ai trouvé sur le net, en prenant l'exemple d'un ticket à 8 euros :
Le distributeur/ producteur (RDB) : 41% 3,28 euros
La TVA : 5% 0,4 euros
La TSA : 10,72% 0,85 euros
La SACEM : 1,5% 0,12 euros
Salle de cinéma : 41% 3,28 euros
RDB = Recettes brutes distributeur, c'est à dire l'argent que le distributeur a investi pour la promo et qu'il récupère à hauteur de 41% sur l'ensemble du ticket, jusqu'à ce qu'il se soit intégralement remboursé. Néanmoins, ce pourcentage diminue dès l'instant où le distributeur rentre dans ses frais. Se met alors en place l'accord négocié avec le producteur qui peut alors commencer à toucher des revenus (RNPP), car il faut savoir qu'avant que le distributeur ne se soit entièrement remboursé, le producteur ne touche rien (sauf dans le cas d'un minimum garanti). Ce RNPP varie donc en fonction de l'accord passé avec le distributeur.
TVA = Taxe sur la valeur ajoutée, impôt direct classique.
TSA = Taxe spéciale additionnelle, c'est à dire la taxe qui est directement reversée au CNC (centre national de la cinématographie), afin d'aider certains films via des subventions (avance sur recettes, aide à prod, aide à l'écriture etc), certains distributeurs via d'autres subventions, ainsi que la plupart des exploitants dans la modernisation de leurs salles et de leurs équipements.
La SACEM = La société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique qui gère les droits d’auteurs. Le pourcentage d’une place de cinéma est donc reversé à la SACEM qui ensuite reverse les droits à chacun des ayants droits.
Salle de cinéma = exploitants, qui touchent eux aussi 41% du billet pour payer leurs matériel, leurs frais. A la différence que chez eux ce taux est fixe durant toute la durée de l'exploitation, contrairement aux distributeurs. Sans oublier que chez les exploitants, les films servent essentiellement d'appât; comprenez par là, que la majorité de leurs bénéfices se font sur la vente de boissons et de confiseries, et non sur la vente de tickets en eux même.
Prenons un exemple concret pour illustrer tout ça.
Le distributeur d’un film, c’est celui qui est chargé de le distribuer, de le vendre, c’est à dire qu’il doit en faire les copies (2000 euros l'unité, environ) décider du nombre de salles dans lequel il va sortir et s'occuper de la promotion (affiches, presse etc…). Le producteur ne dépense plus d'argent, à ce stade. On considère que le coût moyen de distribution, tous films confondus, s'élève à environ 600 000 euros. Mais prenons le cas d'un premier film à 1 million d'euros. Un distributeur décide de s'en occuper et avance 100 000 euros pour la promo et les copies. Une fois que le film sorti, les 41% reviennent en intégralité au distributeur jusqu’à ce que ce montant de 100 000 euros soit remboursé, c’est à dire à amortissement du film. Pour atteindre cet amortissement, le film doit faire un minimum de 30488 entrées. Car 30488 entrées x 3,28 euros (41%) correspondent à 100 000,64 euros. Jusque là, le producteur ne touche rien. Mais n’oublions pas que le but de toutes les parties c’est de gagner de l’argent. Le distributeur a pris un risque financier en avançant les sous, il ne va pas se contenter du remboursement. C'est pourquoi un pourcentage avec le producteur sur les entrées après amortissement du film, a été négocié au préalable. En règle générale, ce pourcentage est compris entre 15% et 30% dès 3,28 euros, à partir de l'amortissement. Imaginons que la négociation soit de 15%, cela veut dire que le distributeur touchera 0,49 euro à partir de la 30489 place. Les 2,79 euros (3,28 – 0,49) restants iront dans la poche du producteur, c’est ce que l’on appelle les RNPP (recettes nette par producteur). Donc si le film fait 1 000 000 d’entrées au total, le distributeur touchera 475 060 euros et le producteur touchera 2 704 938 euros. ATTENTION : Le producteur doit peut être rembourser des prêts ou a pris des engagements, comme un accord avec 1 ou des auteurs, par exemple. Il se peut donc que cette somme n’aille pas en intégralité dans sa poche, d'où la difficulté d'évaluer précisément les bénéfices d'un producteur. Mais disons que cela nous donne une bonne idée de son chiffre d'affaire, sur l'exploitation en salles. Alors, je sais ce que vous allez me dire : le prix d'un ticket ne peut pas être de 8 euros vu la pluralité incroyable de tarifs qu'il y a en fonction de l'âge, de la région, des cinémas etc. Non, en effet, le prix moyen d'une place de cinéma est de 6,46 euros, en France (donnée 2013, mais cela n'a pas du beaucoup changer). Si vous voulez avoir une idée encore plus précise du partage de revenus, il vous suffit de faire la même opération en remplaçant 8 euros par 6,46 euros et vous obtiendrez un ordre de grandeur suffisamment fiable pour évaluer la situation, en sachant qu'en fonction du type de contrats négocié, les revenus peuvent légèrement varier.
La prochaine fois, j'évoquerai la rentabilité VOD et DVD si je parviens à trouver toutes les informations nécessaires. Et ceux qui auraient des informations qui compléteraient ou corrigeraient les miennes, sont les bienvenues.
De mon côté, j'ai également des questions pour les connaisseurs, car j'ai beaucoup de mal à obtenir les chiffres de ventes à l'international.
Je sais que les producteurs gagnent aussi de l'argent lorsqu'ils vendent leurs films sur d'autres territoires, sauf que les données que j'ai sont très floues. On me parle de 50 000 euros en moyenne pour la vente d'un film à l'étranger, est-ce que c'est vrai ? Et en fonction de quoi se négocie le prix d'achat ? Des acteurs du film ? Du budget ?
La plupart des ventes à l'étranger se font via les marchés du film, mais doit-on forcément passer par un agent de vente ? Et quelle est la part qu'ils empochent en moyenne, car je n'ai pas réussi, non plus, à obtenir cette information. Se pourrait-il que la vente se fasse directement de producteur à distributeur étranger ? Les pré-achat sont-ils moins rémunérés que les achats ?
Jusqu'à maintenant, je n'ai réussi à trouver qu'un site d'agent de ventes. Est-ce normal ? Y a-t-il une interface qui les regrouperaient, par exemple ? Si certains pouvaient m'éclairer, ce serait bien.
Enfin, est-ce que certains sauraient comment ça se passe dans les autres pays européens, au niveau de la distribution ? Y a t-il des distributeurs leaders européens qui dominent le marché ? Si oui lesquels ? Ou alors est-ce également Hollywood qui domine en Europe ?
Merci de participer. On m'a appris que la seule clef de réussite dans ce monde, c'est le savoir.
_________________ "Citoyens, un roi n'est pas un homme ordinaire...c'est un rebelle, un usurpateur des droits d'hommes ordinaires. Un roi doit régner...ou mourir"
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