Forum de FilmDeCulte

Merci pour la précision, en effet ça change tout .

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CroqAnimement votre

Prenons 50.000 pour l'écriture d'un film.

Les producteurs te filent 5.000 à la signature du contrat.
T'es content, t'as de quoi voir venir pour deux gros mois.

Puis 3.000 à chaque remise du traitement (tout le film résumé et détaillé sur 20 pages - faut déjà avoir bien gambergé et que ça reste sexy !! Généralement y a deux versions du traitement, donc deux chèques).

Premier palier critique

Soit les prods trouvent qu'en fait, tout bien considéré, ton film n'est pas aussi génial que ça, et ils s'arrêtent là. T'as beau avoir signé 50.000, tu n'auras touché que 11.000. Passe à autre chose.

Tu te retrouves sans travail. Si t'as mis deux mois pour pondre tout ça, t'es gagnant. Mais si t'as mis quatre à six mois, tu l'as dans le cul, parce que t'as plus d'argent, et plus de boulot. Pas le droit aux assedics (c'est du droit d'auteur, pas du salaire), ni au statut d'intermittent (ne concerne que les techniciens, dont l'auteur ne fait pas partie).

Si par contre le film plait toujours, alors super, on passe au scénario dialogué !

5.000 à chaque remise du scénario dialogué (les trois premières versions sont contractualisées, pas les autres). Mettons que tu n'en fasses que trois et pas huit... tu gagnes donc 15.000 supplémentaires.

Là tu peux un peu respirer, parce que ça te fait entre 7 et 8 mois tranquille. Sauf que sur ces 7/8 mois, faut voir combien t'en as déjà gaspillé en écriture de ces trois versions, justement. T'as intérêt à avoir été efficace ! Si t'as mis 6 mois, alors t'es baisé. Et même galère que plus haut, sans job, sans assedics, sans statut. Et sans film qui se fait, sans reconnaissance, ça use.

Si par contre ça plait, le process continue.

T'as signé pour 50.000, t'as fait ton boulot de scénariste, mais t'as touché que 26.000.

Ils te doivent encore 24.000 !
Alors tu les touches quand ?

Bah tu les touches que si le film se fait, c'est cool non ? Et là, dis-toi que ça peut arriver après une année complète de recherche de financement... alors j'espère que t'as dégoté d'autres contrats entretemps

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I think we're gonna need a helmet.

FF me racontait qu'idéalement, il fallait 3 scénarios en cours pour être tranquille (et encore, on ne parle pas de grosses sommes sur lesquelles le grand public fantasme).

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Sachant que généralement, les prods alignent ton salaire de scénariste à hauteur de 1 à 5% du budget du film, déjà c'est un peu honteux. Mais en plus, comme ils découpent cette somme en prenant soin de te filer un bonbon à chaque étape, tu vis relativement mal.

Moi j'aimerais bosser avec des prods qui te filent 50.000 d'un coup, peu importe que le film se fasse ou non, sans carotte à chaque étape. C'est pas un investissement si dingue. On se fixe des deadlines ensemble (qui généralement correspondent aux dépôts CNC aide au développement, avance sur recette, aide en région... Ca permettrait d'organiser ta vie, d'épargner pour les périodes plus compliquées, de gérer ta vie de famille, tes projets etc... Bref d'avoir de la visibilité, et d'emmerder personne à réclamer sans cesse ou à te faire un ulcère en voyant les échéances arriver.

Parce que 50.000 sur un an c'est très cool. Mais si le film ne se fait pas, c'est juste la moitié, ça équivaut à 2.000 par mois sur un an. Et si t'as mis plus de temps que ça pour trouver la bonne histoire ou la bonne structure, tu te retrouves rapidement dans le rouge.

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I think we're gonna need a helmet.

Merci pour tout ça, c'est passionnant et oui en effet c'est un système assez injuste. Il faudrait que le scénariste ait accès au statut d'intermittent. Quand je lisais des scénarios et faisaient des fiches de lecture, j'étais intermittent donc bon...

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CroqAnimement votre

C'est ma conclusion aussi.

J'en ai actuellement trois de signés, dans trois boîtes différentes. Un relativement bien payé (mon exemple plus haut, sous réserve d'aller vite et jusqu'au bout), un moyennement (indexé au petit budget du projet) et un très mal (petite prod qui tire la langue). Sauf que je n'ai chaque fois que la carotte qui correspond à l'échéance, donc j'écris vite pour cumuler les carottes, et sans garantie d'avoir le reste.

Si les films vont jusqu'au bout, ça va grave le faire et ça devrait me mettre à l'abri quelques années (d'autant que je prendrai alors ma casquette de réalisateur et toucherai un salaire en plus). Si y en a qui s'écroule, ça devrait passer de justesse, j'espère. Si par contre deux projets s'arrêtent...

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I think we're gonna need a helmet.

Ouaf, c'est surréaliste de lire tout ça, ramené à nos réalités dans le monde du documentaire, les nombreuses versions de textes que l'on fournit en étant généralement payés au lance-pierres d'un pauvre contrat d'option, en attendant l'hypothétique cession de droits et les salaires tardifs et tellement faibles...

cf : https://www.scam.fr/detail/ArticleId/65 ... entaristes

et : https://mcusercontent.com/559f359af9671 ... r_2021.pdf

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Bien fait pour toi, t'as qu'à faire des comédies avec Kad Merad.

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Non mais là on passe de honteux/précaire à proprement scandaleux ! ... Ces montants sont insultants.

Je ne sais absolument pas comment tu fais pour gérer...

Moi perso je débarque dans le game du scénario de cinéma depuis 6 mois seulement, avant ça j'avais un métier et un salaire mensuel pour éviter de stresser. Depuis 6 mois, c'est une toute autre vie, j'écris donc c'est chouette, mais je sens un gouffre sous mes pieds.

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I think we're gonna need a helmet.

Tu prends Kad et Franck Dubosc, tu leur fais jouer deux vieux pédophiles dans une prison à ciel ouvert, ils se détestent, s'envoient des blagues tout le long, se balancent à la flotte sur la plage, se lancent des yaourts à la gueule, et à la fin ils s'entendent mieux car ils se rendent compte qu'ils ont sauté la même gamine. Voilà, 50% de la vente de l'idée dans ma poche !

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Je ne sais pas non plus.
Je suis en général intermittent, à un taux souvent faible, parfois simplement au SMIC.
Je "profite" de l'année blanche jusqu'en août, mais j'ai actuellement, précisément, 0 heures au compteur, donc l'avenir n'est pas réjouissant.
On verra ce qui se passe, mais heureusement que je suis producteur et que je travaille donc sur de nombreux autres projets, dans l'espoir qu'ils me permettent de me rémunérer.
Si je devais ne vivre que de mes films, je n'y arriverais pas du tout.

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Intéressant tout ça...
Après je pensais au contraire que les scénaristes étaient beaucoup moins bien payé, un peu comme la majorité des écrivains.

Putain enfin une discussion intéressante et je suis pas dispo.

Du coup, Z a tout dit.

Ça reste un statut précaire de ouf et le fait que ça ne soit pas comptabilisé en intermittence est abusé.

Là j'ai bossé un an en tant que scénariste au sein d'une boîte de jeu vidéo et du coup, c'était au statut intermittent, parce que journée quantifiées, mais je suis sûr qu'une solution serait trouvable pour quantifier le travail, quitte à poser des délais pour les rendus de chaque doc.

Et en outre, oui, il faudrait que le budget alloué au scénario soit plus important que 1 à 5% du budget total.

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Et y a le fait, aussi, que le statut d'auteur, c'est vraiment un statut de merde.
Tant que ça tourne bien, nickel, mais dès que t'as un trou, t'as que dalle.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."