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MessagePosté: 13 Avr 2015, 15:34 
Oui c'est un motif d'agacement ou du moins de questionnement suffisant. Pendant 20 ans la critique s'est débattue avec le problème de l'esthétique "rétro" et ce film en relève quand-même, même s'il est plutôt moins malhonnête que d'autres. C'est un peu pour l'Italie le même film que "Dernier Métro" pour la France finalement : un microcosme qui épuise toutes les attitudes psychologiques possibles par rapport au fascisme, puis de manière parallèle, plusieurs types de mise en scène et de filmage, du dispositif à la Antonioni jusqu'à la caméra à l'épaule, du néo-réalisme au réalisme poétique ou au pompiérisme (symbolisme lourdingue pata-Jean Cocteau de l'oiseau qui s'échappe et est le seul à appeler Antonietta par son prénom, de la montée vers la terrasse puis de la redescente vers le sol et l'enfer après l'acte sexuel). J'avais parfois l'impression de voir une exposition sur la guerre (la reconstitution de l'intérieur petit bourgeois typique, l'attention de conservateur de musée aux vêtements et aux différences sociales qu'ils indiquent, à la presse...) plus qu'un film.


Et puis je suis surtout agacé par cette manière de résumer le film par une appréciation sur un personnage: dire que Mastroianni est misanthrope ou qu'il est condescendant, c'est finalement prolonger par un jugement moral réel ce qui dans la fiction est l'athmosphère de suspicion du fascisme. Qu'est-ce qu'on en sait finalement? Le film est finalement l'histoire d'une disparition comme la Mort de Majorama se Sciascia ou les Lunettes d'Or de Bassani à qui il doit beaucoup.

Et puis Mastroianni ne prend pas le numéro de Loren justement (elle n'a pas le téléphone et le jalouse pour cela, cela lui donne un prétexte qui déclenche l'engueulade sur la terrasse, le coming-out et finalement le rapport : il ne serait qu'un dragueur qui sans téléphone ne serait rien). Ma vision est peut-être "polluée" par des considérations extérieures, mais je n'invente pas des scènes au film...


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MessagePosté: 13 Avr 2015, 16:25 
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D'accord, c'est compréhensible mais ça devient assez rapidement secondaire dans mon cas (d'ailleurs, je crois que je n'avais pas aimé le premier mouvement de caméra dans la cour d'immeuble - trop monumental, pesant à mon goût), tandis que Pauline Kael n'arrive pas à faire abstraction de tous ces éléments (elle évoque Sophia Loren non-maquillée mais mise en valeur par la lumière du chef opérateur, la photo sépia, même sa "robe stupide", il faut vraiment avoir l'esprit momentanément mesquin pour être obnubilé par ce genre de choses).

Citation:
Et puis je suis surtout agacé par cette manière de résumer le film par une appréciation sur un personnage: dire que Mastroianni est misanthrope ou qu'il est condescendant, c'est finalement prolonger par un jugement moral réel ce qui dans la fiction est l'athmosphère de suspicion du fascisme.

Non.
Il ne s'agit pas de résumer le personnage à ça mais on fait naturellement correspondre des caractères aux personnages sans "prolonger l'atmosphère de suspicion du fascisme". Il n'y a pas d'angélisme dans la manière dont sont rapprochés ces deux personnages contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire.

Gontrand a écrit:
Et puis Mastroianni ne prend pas le numéro de Loren justement (elle n'a pas le téléphone et le jalouse pour cela, cela lui donne un prétexte qui déclenche l'engueulade, le coming-out et finalement le rapport sur la terrasse: il ne serait qu'un dragueur qui sans téléphone ne serait rien). Ma vision est peut-être "polluée" par des considérations extérieures, mais au moins je n'invente pas des scènes au film...


J'ai oublié cela. Ce que je voulais dire, c'est que leur relation est tout de même très asymétrique.


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MessagePosté: 13 Avr 2015, 16:35 
Mais en fait l'angélisme n'est pas le pire des risques justement, car cette ambiguïté est aussi un artifice.
Récemment une amie m'a parlé d'un serious game où on joue le curateur du Louvre pendant la guerre, et qui simule les négociations avec les Allemands. Si tu passes pour trop résistant, cela ne va pas car les oeuvres sont spoliées, si tu passes pour trop collabo, tu es exécuté à la Libération:

http://www.louvre.fr/illustre-inconnu-c ... -le-louvre

Je m'énerve et lui dit que c'est débile, que cela vise à donner une expérience "totale" et immersive de la guerre qui ne la fait justement pas comprendre (les témoignages sur la Drôle de Guerre et l'Exode insistent au contraire sur le détachement apparent et, dans bien des cas, la banalité des conversations en France entre Munich et 1941, voire jusqu'à Stalingrad) et qu'on s'identifie à une des rare positions qui soit à la fois celle d'un décideur en même temps que d'un anonyme, et elle me répond "en même temps il faut bien des récits pour les toucher, les gens ne vont plus passer des années à comprendre ce qui s'est passé, après on peut bien renvoyer vers des documents pertinent'". Et elle a aussi raison...


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MessagePosté: 13 Avr 2015, 16:46 
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D'accord pour l'artifice mais je trouve que la psychologie du film n'est pas aussi clichée qu'on pourrait s'y attendre.
On dévie mais j'en ai rien à foutre des dilemmes moraux du conservateur du louvre personnellement. Il y a un film de Sidney Pollack sur le sujet, Castle Keep, avec un Burt Lancaster qui doit défendre un château dans les Ardennes et qui n'a rien à faire du patrimoine qu'il faudrait éventuellement sauver au grand désespoir du châtelain qui les accueille.
J'avais trouvé ça pas mal, c'est adapté du roman d'un bon auteur américain (William Eastlake) qui a plutôt fait des sortes de westerns avec des indiens pour héros. Je crois que Manchette en dit du mal dans son journal (du film).


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MessagePosté: 13 Avr 2015, 16:48 
Caribou a écrit:
D'accord, c'est compréhensible mais ça devient assez rapidement secondaire dans mon cas (d'ailleurs, je crois que je n'avais pas aimé le premier mouvement de caméra dans la cour d'immeuble - trop monumental, pesant à mon goût), tandis que Pauline Kael n'arrive pas à faire abstraction de tous ces éléments (elle évoque Sophia Loren non-maquillée mais mise en valeur par la lumière du chef opérateur, la photo sépia, même sa "robe stupide", il faut vraiment avoir l'esprit momentanément mesquin pour être obnubilé par ce genre de choses).




C'est le premier film que je vois où l'étalonnage et les contrastes changent à ce point pendant les plans, en fonction du fait que l'on parle (on passe au noir et blanc) ou non (couleur, que les personnages montrent eux-même un objet (le contraste est alors marqué) ou sont seuls dans le plan (quasi noirs et blanc) et finalement cela devient une figure de style pesante qui renvoie au roman psychologique plus qu'au cinéma, ce n'est pas très heureux (même si Scola a le mérite d'essayer quelque chose). C'est presque Europa de von Trier, on se demande quand Jean-Marc Barr va apparaître.


Dernière édition par Gontrand le 13 Avr 2015, 16:58, édité 1 fois.

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MessagePosté: 13 Avr 2015, 16:50 
Caribou a écrit:
D'accord pour l'artifice mais je trouve que la psychologie du film n'est pas aussi clichée qu'on pourrait s'y attendre.
On dévie mais j'en ai rien à foutre des dilemmes moraux du conservateur du louvre personnellement. Il y a un film de Sidney Pollack sur le sujet, Castle Keep, avec un Burt Lancaster qui doit défendre un château dans les Ardennes et qui n'a rien à faire du patrimoine qu'il faudrait éventuellement sauver au grand désespoir du châtelain qui les accueille.
J'avais trouvé ça pas mal, c'est adapté du roman d'un bon auteur américain (William Eastlake) qui a plutôt fait des sortes de westerns avec des indiens pour héros. Je crois que Manchette en dit du mal dans son journal (du film).


C'est un "Château en enfer" en français? Mais c'est plutôt un truc genre "les Douze Salopards rencontrent le Grand Maulne"? C'était le genre du film qui apssait sur TF1 il y a 20 ans, je me souviens l'avoir vu avec ma mère.


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MessagePosté: 13 Avr 2015, 17:11 
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Oui c'est ça.
Pour en revenir à l’incertitude psychologique, le film n'a cependant rien à voir avec le relativisme moral qui prospère dans la fiction télévisuelle américaine de ces dernières années et qui me paraît, elle, pernicieuse.


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MessagePosté: 13 Avr 2015, 17:24 
Oui bien sûr, et même dans des séries européennes pour petit vieux comme Barnaby et Morse qui contiennent plus de morts que l'oeuvre de Sade relue trois fois, mais à Oxford. Il y avait un épisode sur de Castle où un tueur amnésique et divorcé éit absout ppur la polcie elle-même (il n'avait tué qu'un galliériste d'art contemporaind pédant, pas un enfant ou uen femme) et se remettait avec sa femme qui le trouvait humble et séduisant du fait de son manque de mémoire La situation de la Pendaison était retournée en récit familial (en fait même pas familial) d'une naïveté qui ferait passer "quoi de neuf Docteur" pour du Bergman.
Les gens ne s'étonnent pas que l'on tue pour l'héritage ou laver un secret de famille sur un adultère du siècle passé, et s'accomodent du libérialisme moral dans la mesure où c'est la police qui est tolérante à leur place.


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MessagePosté: 06 Jan 2023, 09:41 
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Film important qui noue comme rarement l'intime et le politique à travers son décor de cour d'immeuble où transitent les milices fascistes constituées par les familles mêmes. Il faut le déplacement miraculeux d'un perroquet qui semble moquer une Antonietta parodie de fan fasciste pour que les deux laissés pour compte de cette pantomime se rencontrent.

L'omni-présence sonore de la parade est aussi une belle idée pour figurer le totalitarisme, mais aussi tout bêtement coller ensemble les deux parties de la journée, la parade et la rencontre. Joli twist que je n'ai pas vu venir
d'un Mastroianni homosexuel, même si l'on pourrait regretter que l'aspect subversif de l'intellectuel finisse par se caractériser juste par son orientation sexuelle.


Et personnellement, contrairement à Tom qui regrettait l'issue trop brouillée de la relation, je la trouve parfaite, l'idée que
un homosexuel puisse se donner charnellement à une femme en besoin de tendresse
, cela subvertit complètement tous les schémas sexuels et amoureux et en fait un film d'épanouissement ultime (et temporaire...) des sentiments.


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