JulienLepers a écrit:
notamment dans le montage où tous les effets m’ont plu (du plus petit comme des lunettes qu’on chausse
Déchausse. Ça va tellement vite, je me demandais combien de gens captaient le raccord.
Je suis sûr que c'est une ref inconsciente à un film, peut-être
True Lies avec la carte de visite ou un effet de montage dans un Edgar Wright...
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ou du plus évident comme le « c’est pas vrai » qui enchaîne la discussion dans le parc avec celle du bar)
Celui-là, j'avais tellement peur qu'il passe pas, que le mouvement de tête de Joahann soit pas suffisamment similaire...
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La lumière c’est moins mon truc, mais ça a du sens (l’illumination de l’empathe qui suit le « c’est pas vrai » ou le filet bleu qui lie les deux personnages au début du court).
Ah merciiiiii! Je voulais en effet ne pas utiliser les flares de manière uniquement esthétique (même si je trouve ça très beau en soi) mais également raconter quelque chose avec, intrinséquement à chaque fois :
- les flares horizontaux bleus du début au bar qui viennent participer à l'image surchargée, saturée de couleurs et de lumière, qui ajoutent en pression et jouent sur l'idée d'un truc "parasite", qui "coupe" l'image, tout en marquant effectivement une connexion entre Claude et Mahalia alors même que le découpage les sépare (le flare n'apparaît pas sur un champ-contre-champ mais sur deux plans de profil, ils ne sont vraiment pas dans le dialogue mais l'opposition, ils s'entendent pas, d'où le fait de ne pas les filmer de face)
- l'emphase du flare englobant pour accompagner le travelling avant vers Jeanne qui vient de "comprendre" Jonathan
Mais aussi en opposition d'un flare à l'autre (les premiers coupent le cadre, le second l'embrasse), pour marquer l'évolution.
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J’ai pas du tout été dérangé par le jeu des acteurs, au contraire, j’ai trouvé que c’était un des points forts, d’autant plus balèze que tout repose sur les relations entre eux. Ça marche autant au niveau des deux premières rencontres, que des deux amitiés de longue date, y a une versatilité dans la façon de balancer les répliques qui rend ces relations crédibles, et on a l’impression de les connaître d’emblée.
J'ai rencontré tous les acteurs indépendamment (et tard) et si j'étais convaincu qu'ils seraient bons dans leurs rôles, ce n'est qu'à la première lecture que j'ai été rassuré de voir que ça matchait entre eux, tant pour les ami.e.s que les couples en devenir.
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On a un peu un combo de toutes ces qualités dans le gag du mec qui tente d’entrer dans l’appartement.
J’adore également le moment qui précède la séquence où il gratte la porte dans le couloir assombri et du coup, je rejoins aussi Müller sur le fait de laisser un peu plus place aux silences, même si, dans le contexte du court c’est compliqué.
Typiquement un des "gags" où je m'attendais à ce que ça rit davantage alors que c'est toujours le silence. Content que ça te plaise.
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La légère déception c’est le final et je pense bien qu’une des répliques (le « c’est niais, hein ? ») est vraiment adressée à la frange du public dont je fais partie et qui peut pas s’empêcher, un peu contrit, de maugréer dans sa barbe : « ouais un peu quand même ».
Mais c'est trop mignoooooooon.
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J’ai aussi regardé le court plusieurs fois pour savoir si j’ai été désarçonné par le court (le suspense et la révélation marchent à fond parce que je ne m’y attendais pas) ou bien parce que j’avais un réel problème avec la fin. Et il y a un peu des deux.
Pour ce qui est du fond, j’ai forcément un peu de mal avec le « pouvoir de l’amour » qui se traduit par des meufs servant d’éponges émotionnelles à leurs mecs. Je peux paraître dur et je pense qu’une conversation hypothétique de vive voix serait plus simple pour rentrer dans les détails mais je trouve qu’il y a quelque chose de cet ordre qui me fait tiquer.
Cf. ce que j'ai pu en dire en réponse aux autres. J'entends et je pense que c'est inévitablement mon propre biais masculin qui fait ça, même si je prends bien le soin de dire dans le film que c'est censé être réciproque. Après, je joue en partie sur les codes de la romcom, en traduisant les tropes via le fantastique (les pouvoirs) mais du coup, on reste dans le cliché, oui.
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Il y a aussi le fait que c’est très premier degré dans la description du pouvoir, donc là c’est le lecteur de comics qui parle et c’est de la déformation après avoir bouffé du Chris Claremont à hautes doses, mais sur le même sujet, Brian Azzarello avait trouvé le moyen de détourner l’idée du pouvoir de l’amour de Wonder Woman dans une sorte de twist par rapport à un ennemi qui la force à l’épouser et tient à lui demander via le lasso de vérité si elle l’aime « pour de vrai ». Fatalement, elle le défait tout en lui expliquant que « oui, elle l’aime » mais qu’« elle aime tout le monde » ce qui détourne le cliché de l’amour qui résout tout.
Mais pour moi elle n'a pas de pouvoir, Mahalia. Elle a pas "le pouvoir de l'amour". Ce que Claude décrit, ce qu'elle "fait", c'est ce dont on est tous capables.
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(Pour celui qui voit tout arriver tout le temps, forcément, on ne peut pas ne pas penser à Doc Manhattan mais c’est suffisamment bien intégré avec l’idée du montage qui brouille la situation temporelle.)
D'où son prénom (Jonathan).
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Et en faisant abstraction de tout ça, je trouve qu’il y a quand même un souci dans le final avec un (léger, j’insiste) « tout ça pour ça » qui dénote avec le moment où le court-métrage part dans l’envolée lyrique avec les chœurs, les cloches, etc… C’est là où le court m’a perdu : j’aurais préféré qu’on reste sur quelque chose de plus ambigu ou de plus "tranche de vie", parce que jusqu’ici j’adorais la description des super-pouvoirs comme un handicap pour les rencontres et le côté complètement terre-à-terre de la situation.
Bien qu'il y ait affèterie formelle à ce moment-là, elle ne sert qu'à illustrer justement le tourment du personnage qui le vit effectivement comme un handicap. C'est précisément le moment où on le voit assailli de visions comme autant d'instants qu'il vit simultanément.
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D’ailleurs le fait que ça se concentre que sur des pouvoirs de perception plutôt que sur des dons plus spectaculaires (genre voler, cracher du feu, balancer des rayons), ça m’a un peu rappelé l’optique des X-Men de Bryan Singer qui met en avant Xavier, Magneto, Mystique plutôt que Cyclope ou Colossus.
Meilleur compliment. Singer est une autre de mes influences (et l'envolée lyrique susmentionnée et intégralement pompée sur
Usual Suspects).
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Mais surtout, je trouve que ça dessert ce qui précède et les qualités et notamment le changement d’objectif en plein milieu qui est très touchant : on croit partir sur une rencontre entre l’Invisible et la femme mystérieuse mais tout à coup, c’est l’histoire d’un pote qui en aide un autre à surmonter un échec sentimental. Tout ce qui ressort alors de la description de l’amitié sonne vrai.
<3
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Et ce, que ce soit les garçons ou les filles, d’ailleurs, pour rebondir sur la remarque des champs/contrechamps de bmntmp.
On réunit beaucoup plus dans le même cadre les « couples » d’amis et amies plutôt que ceux qui vont se former. Il y a même deux beaux plans qui témoignent de ça, concernant l’Invisible et son Wingman :
_celui façon DePalma où on réunit sur le même plan le profil du wingman et l’invisible qui est planqué dans le salon.
_ celui où on voit le wingman dans le miroir pendant que la conversation continue avec l’Invisible.
Les deux plans en
split diopter du film. #cacedédiàlamédailledargentdelacoupedumondedesréalscatégorieNésdanslesannées40
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Et de plus, le couple qui se délite est également constamment dans le même cadre : alors, il doit y avoir des raisons de tournage ou d’efficacité au niveau du court, mais je trouve ça intéressant parce que là encore ça sonne juste.
C'était pas pour se faciliter le tournage mais pour appuyer la répétition (un même cadre, unique, comme symbole du quotidien) et de montrer l'éloignement physique progressif des deux jusqu'à ce que l'un d'eux quitte le cadre.
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D’un autre côté, on sent aussi la conclusion qui pourrait fonctionner dans le cadre d’un long-métrage : où on aurait pu passer plus de temps avec ces personnages, on aurait pu approfondir le contexte, offrir des plages de silence et creuser les contradictions et ambiguïtés des pouvoirs, multiplier les obstacles pour les couples… afin que le sprint final cloue le bec la partie du public qui n’aurait plus qu’à maugréer (dans sa barbe) « ouais bon, c’est mignon qu’ils soient ensemble en fait, et non, je ne suis pas en train de pleurer, c’est le Covid, lâchez-moi à la fin ».
Assumeuuuh.
Encore merci en tout cas!