sponge a écrit:
Et mercredi soir, ça sera
Sunn0))) +
Eagle Twin à Lille.
Pwaaaah. J'avais déjà pris une claque dimanche, mais là, c'est carrément autre chose.
Première partie très sympa, métal à tendance sludge et drone, joué par 2 bûcherons, l'énorme roux de batteur qui tape tellement fort sur ses batterie qu'il en vient à dégommer sa caisse claire.
Et donc Sunn O))), un des groupes les plus extrêmes, les plus expérimental, les plus lourds que je connaisse, et qui bizarrement commence à se tailler une solide réputation dans les milieux non metaleux (des articles dans les Inrocks, des titres dans les BO de Jim Jarmush).
Sunn O))), c'est 2 guitares, un synthé, un chanteur, des amplis. Et des vibrations. Beaucoup de vibrations. Le groupe joue à plus de 100 dB (vive les bouchons). En conséquence, la salle vibre en rythme, ton estomac se soulève, ton coeur vacille, tes tympans souffrent, ton esprit flotte. Certains n'y voient que du bruit, que des larsens. Pas seulement, il y a une vraie construction dans les morçeaux, des effets sonores incroyables. Avec un tel mur du son, c'est autant physique que musical. Il faut se laisser porter par l'ambiance, par les O)))ndes qui traversent la salle. Pas de batterie, pas de boîte à rythme, juste des accords de guitares très espacés, des effets de synthé, un trombone qui vient se greffer de temps en temps, et un chanteur, Attila, issu du black métal.
J'aime pas du tout le black métal, surtout la voix. Mais là, c'est quelque chose. Le mec pose une voix gutturale mais posée, des textes à résonance biblique, une sorte de spoken word extrême, puis peut partir avec une voix claire, puissante, digne des plus beaux chants religieux. Ici il est question de mysticisme, un brun sataniste, apocalyptique, mais beau.
Toute cette bouillie sonore se transforme en un chef d'oeuvre de complexité, d'organisation, de structure (TRES lentes mais présentes). Il n'y a qu'à voir les guitaristes, monstrueusement doués (il suffit d'écouter leurs autres groupes pour voir qu'ils savent jouer) qui balancent une note complexe, au même moment, sans se regarder, juste au feeling.
Et pas besoin de fumer des tonnes de drogues pour apprécier, sorti de la salle, un rouleau compresseur vous est passé sur le cerveau. Un rouleau compresseur noir mais tellement beau.
http://www.youtube.com/watch?v=KgiPIw6Idys&feature=related