Oh lala. Ce qu'on peut perdre du temps sur ce site. Mais ce que c'est amusant. Alors voici donc ma liste en hommage à ces films que j'adore.
A.I. ARTIFICIAL INTELLIGENCE (Steven Spielberg, 2001)
Pour paraphraser les Cahiers, "ce film souffle tout sur son passage". Pour ma part, il s'agit d'un chef-d'oeuvre inclassable. Après une centaine d'écoute, ce film prend encore plus de valeur à chaque visionnement. Pour ma part, la scène où David prie la fée bleue pendant 2000 ans au fond de l'océan est la plus représentative de notre état de spectateur de film. Cette scène renvoie à notre désir de s'accrocher à ces images qui n'ont aucune vie propre, mais qui nous apporte l'espoir où l'émotion qui nous comble. C'est à la fois d'une tristesse et d'une beauté déchirante.
SONATE D'AUTOMNE (1978, Ingmar Bergman)
Incroyable! Ce n'est pas le film où Bergman expérimente le plus, mais certainement l'un de ses plus cruels. Les dialogues sont d'une lucidité et d'une telle confidence malsaine entre une fille et sa mère que l'estomac du spectateur passe un sacrée quart d'heure. 6 quart d'heure précisément. Liv Ullman livre une performance brillante de désespoir, et Ingrid Bergman est d'une justesse qui fait oublier les rôles glamours qu'elle a déjà joué.
2001: A SPACE ODYSSEY (1968, Stanley Kubrick)
Un spermatozoïde en direction d'un ovule.
Le film de science-fiction le plus fascinant. Après 40 ans, il s'agit encore du plus impressionnant. La technique est encore inégalé à ce jour. Et la musique n'a jamais marié des images avec autant de force et d'inquiétante étrangeté. La sonorité chorale de Ligeti glace encore le sang à l'apparition du monolythe, symbole musical de l'inconnu.
EMPIRE OF THE SUN (1987, Steven Spielberg)
Il s'agit d'un magnifique poème cinématographique qui dévoile d'une manière intimiste l'origine de toutes guerres. Un film troublant où les objets deviennent vivants et où les vivants deviennent objets. Un film où la musique exalte la naïveté de l'enfance avec une beauté inégalé, où les images lumineuses se collent à notre mémoire comme sur du papier photo. Pour ma part, l'un des plus beau moment de cinéma des dernières années.
CLOSE ENCOUNTERS OF THE THIRD KIND (1977, Steven Spielberg)
Il s'agit du premier film à développer avec autant de sincérité l'idée de l'émerveillement au cinéma. Et il s'agit du meilleur à ce jour. Et la thématique est hyper pertinente. Elle nous pousse à transformer notre peur de l'inconnu en émerveillement, et elle démontre que le seul moyen d'y parvenir est à travers le contact, la communication à tout prix (dans ce cas-ci la musique). En fait, ce film est une métaphore de la naissance, et cette lumière terrifiante (celle des ovnis) qui parcourt le film nous rappelle celle du premier contact avec le monde au moment de naître.
C'est un film est hyper simple, sincère, et fascinant. Tout fonctionne à merveille.
THE THIN RED LINE (1998, Terrence Malick)
Un film d'une grande humilité qui ne tente pas d'expliquer la nature de l'homme en temps de guerre. Au contraire, le film se prosterne devant la complexité et la beauté de notre nature. Le film pose des questions avec une belle naïveté et une poésie de l'image naturaliste.
THE NEW WORLD (2005, Terrence Malick)
Le petit frère jumeau de THE THIN RED LINE. L'un ne va pas sans l'autre selon moi. Une métaphore sur le passage de l'enfance à celui de l'âge adulte. À travers le récit de Pocahontas, le film se questionne sur la nature de l'homme au sein des espaces vierges d'un nouveau monde, et oppose ce monde enfant (les aborigènes) face à la découverte d'une culture riche et civilisé semblant flirter avec les dieux. Film poétique divisé en trois acte: la naissance, la vie, la mort (marqués par le magnifique Das Reingold de Richard Wagner). En cela, ce film fait penser à 2001: A SPACE ODYSSEY pour cette division marquant les étapes de l'évolution humaine.
THE RETURN OF THE KING (2003, Peter Jackson)
Magistrale! D’une magnificence inégalée! Le plus épique des films épiques. Comme le dit très bien Gandalf : « toutes les pièces sont en position » dans ce troisième film de la trilogie Lord of the Rings. Et justement, ce qui fait la force de cette dernière partie, c’est le fait que toutes les pièces se rencontrent dans une finale haletante et dramatiquement puissante. Et c’est aussi le mieux construit des trois. Tous les segments s’imbriquent admirablement dans un tout parfaitement cohérent. Plus que jamais, tous les personnages semblent liés par le même destin. Et Jackson a eu la bonne idée d’insérer cette scène admirable des feux d’alarmes reliant Minas Tirith et le Rohan (mis en musique magistralement par Howard Shore). Cette scène sert de liant (chose qui manquait aux 2 premiers), et ça fait toute la différence. Finalement, on sent que Peter Jackson avait de l’affection pour cette dernière partie, d’avantage que pour les deux autres. On sent qu’il s’est fait plaisir pour cette apothéose. Je préfère spécialement la version courte, mieux rythmé.
SWEENEY TODD (2007, Tim Burton)
Le plus grand chef-d'oeuvre de Burton quant à moi. Il a finalement trouvé le récit qui allait le mettre dans un état de « viscéralité » total. Le film romantique par excellence. J'entends par romantisme, celui qui rime avec passion (donc douleur). Et Burton s'est bien amusé à représenter avec poésie le côté sanguin de la chose. On peut dire que Sweeney Todd est un film d'un romantisme sanguinolent jusqu'au boutiste, le tout présenté avec cette ironie si particulière de Burton. Ce film fait mal tant il est porté par l'énergie désespérée du personnage si bien rendu par Johnny Depp. La musique de Sondheim est tout simplement fantastique, et ça fait du bien de se passer de Danny Elfman le temps d'un film. Et en plus, dans toute la filmo de Burton, il s'agit d'un sommet sur le plan graphique.
FARGO (1996, Joel Coen)
Chef d'oeuvre des frères Coen. Le scénario est parfait, minutieusement conçu. Et les Coen délaissent leur approche délirante et surréelle pour une approche plus réaliste. Mais ce n'est qu'un leurre. Les situations quasi irréalistes et farfelues se succèdent. Et le film qui s'ouvre sur un: "tiré d'une histoire vécue" oppose le "petit vécu" des banlieusards (digne d’un film « histoire vécue » justement) à celui du monde extérieur, le monde des corbeaux qui subsiste dans cette nature froide et blanche taché du sang de la survie.
L'HEURE DU LOUP (1968, Ingmar Bergman)
Film sur l'isolement d'une violence sourde et perverse. Une métaphore brillante sur la destruction du couple. Ce film me traumatise à chaque fois par sa manière surréaliste proche du film d'horreur qu'il a de présenter ce viol brutal de cette bulle conjugale par le monde extérieur.
THE WINTER LIGHT (Les Communiants) (1963, Ingmar Bergman)
Un film parfait. Parfaitement écrit, parfaitement mis en scène, parfaitement maîtrisé, parfaitement dosé. Film de Bergman d’une grande lucidité une fois de plus, qui se questionne sur la foi. Sven Nykvist délaisse cette fois la photo lumineuse pour une photo plus granuleuse, plus ténébreuse. Et visuellement, il s’agit d’une réussite du Noir et Blanc. Et les acteurs sont à tomber. Un très très grand film que je n’arrive même pas à décrire convenablement.
MULHOLLAND DRIVE (2001, David Lynch)
MULLHOLLAND DRIVE est pour moi le meilleur film de Lynch. La structure onirique du film est encore plus forte et cohérente que pour LOST HIGHWAY (surtout parce que le film se déroule dans le milieu du cinéma et nous présente des personnages hantés par des rêves). Plus que jamais dans un Lynch, ce film ne s’explique pas vraiment, il se vit. Et on a l’impression de passer un sale moment dans la tête de ces femmes que Hollywood détruit complètement.
Le joli rêve de la première partie et le cauchemar de la deuxième donne un contraste terrifiant digne des meilleurs films noir. Je n'oublierai jamais le visage innocent de Naomi Watts lorsqu'elle fait son entrée à Los Angeles. Un sourire naïf digne des soap opera, le regard vers le ciel, et la fantastique musique de Badalamenti qui vient amplifier cette innocence. Le tout monté en parallèle avec la perte d'identité de "Rita", ce qui donne une ironie cruelle au film.
STAR WARS: EPISODE II - THE ATTACK OF THE CLONES (2002, Georges Lucas)
La saga Star Wars a marqué ma vie. Je me devais de choisir l’épisode le plus réussi, le plus abouti selon moi, THE ATTACK OF THE CLONES. L’amour de Lucas pour toutes les formes de récits existants transparaît plus que jamais dans cet épisode. Il s’est un jour donné le pari de raconter une saga universelle pouvant toucher tous les peuples, toutes les religions. Il a réussi plus que jamais avec THE ATTACK OF THE CLONES. Et la grande réussite de Lucas sur cet épisode II est d’avoir créé un objet parfaitement homogène et cohérent. Étonnant étant donné le nombre d’éléments hétéroclites que renferme cette épisode. On passe du péplum au soap opéra, en passant par les « serials » de science-fiction, le roman à l’eau de rose, le film de guerre, le récit policier, le film politique, la culture américaine (James Dean, les années 60), la spiritualité orientale, la mythologie grecque, la psychanalyse freudienne, le film d’art martial. Le tout forme un ensemble un peu plus naïf que l’excellent REVENGE OF THE SITH, mais beaucoup mieux balancé. L’amour de Lucas pour l’univers qu’il a créé transparaît autant dans les scènes intimistes que dans les morceaux d’actions (beaucoup plus mémorables, inspirés et funs que dans l’Épisode III par exemple). Et j’admire l’audace de Lucas. Il a fait un film courageux, sans concession. En sachant que l’époque candide des années 80 était révolue, il s’est quand même lancé dans cette entreprise nostalgique en ne changeant rien du ton naïf de la vieille trilogie. Résultat : il s’est attiré la foudre des fans de la première heure (qui ont bien évidemment vieilli). Pourtant, le film est aussi bien construit que EMPIRE STRIKES BACK, et en plus il réussit à évacuer toutes scènes et éléments inutiles. Il savait aussi que le personnage d’Anakin allait être détesté pour son côté arrogant, antipathique, immature, mal à l’aise, pourtant il n’a pas essayé d’en faire un personnage attachant. Ce qui est un exploit pour un film mainstream, et c’est probablement pourquoi le public a détesté Anakin et le jeu de Hayden Christenssen. Son personnage est dépourvu de charisme, car il s’agit d’un ado mal dans sa peau, la reproduction parfaite du californien moyen qui veut grandir trop vite et emballer la fille. Il est fort possible que le personnage ait été détesté bien plus que la performance. Quant à moi, le jeu de Christenssen est parfait, si on accepte le ton de Star Wars et cet aspect théâtral qu’on retrouvait dans les vieilles séries de sci-fi.
Pour moi, THE ATTACK OF THE CLONES est un beau film artisanal, traversé par la passion de Lucas pour la mythologie et toutes les formes de récits contemporains. Il s’agit d’un bel objet ludique et parfaitement intemporel.
PERSONA
Pour voir deux des plus grandes actrices bergmaniennes s’affronter; l’une par le silence, l’autre par la confidence. C'est à glacer le sang. Les dialogues nous absorbent, mais finissent par nous pervertir. Et Bergman expérimente avec le montage et la forme, met l’emphase sur la dualité. Le Noir et Blanc de Sven Nykvist est monumental encore une fois. Les visages de Liv Ullman et Bibi Anderson n’ont jamais été aussi laiteux, ils se fondent l’un dans l’autre, se vampirisent. Qui profite de qui? Il n’y a pas vraiment de réponses. Mais le film nous aura giflé plus d’une fois. Grand film sur les masques.