Jerzy Pericolosospore a écrit:
So?
Je réponds à ton interrogation, puisque tu fais mine de te demander pourquoi je mets un pluriel.
Ma principale critique est que, comme les autres "auteurs" indépendants de la fin des 90s au début des années 2000 que je cite, la dilection pour le dolorisme, le morbide, le pathologique, le traumatique, fait système. Avec tout ce que ça comporte de complaisance, de séduction, de démagogie, de prévisibilité, d'insincérité, de roublardise et de fausse intériorité.
Si obsession il y a, si motifs il y a, c'est surtout dans une manière de "se poser" en s'opposant aux représentations stéréotypées de la famille dans le cinéma mainstream. Mais le retournement, quand il devient systématique et suivant toujours la même opposition en symétrie, n'est plus qu'un gimmick. Le "système" s'est d'ailleurs exporté avec succès dans le mainstream avec des clonages de type "Donnie Darko" et "american beauty", moins systématiquement trash ou nihilistes dans leur contenu, plus sentimentaux, plus "pop", donc plus consommables.
Je n'y vois quant à moi aucune sincérité, aucun courage, aucune honnêteté, aucun réalisme, aucune volonté de traiter de la vie des gens de manière adulte (on est à des années lumière d'un Cassavetes, par exemple).
Et d'ailleurs, l'effet de mode semble bien s'être estompé, et la veine dark-doloriste-trashy s'est épuisée au fur et à mesure que le public-cible (les post-ados de la middle-upper class cultivée) grandissait et délaissait ses albums de Godspeed you black emperor et autres fleurons exportables de l'american teen-darkspleen dépressiogène...
Hum m'est avis que tu pèches par excès de systématisme là où ces réalisateurs mériteraient une analyse au cas par cas. J'aurais aussi tendance à mettre dans le même sac tout un pan de cinéma américain qui lui a fait suite, que ce soit dans son versant mainstream (American Beauty, opportuniste et insupportable, bien loin des films de Solondz et de toute façon, Mendes ne peut se valoir de la même unité thématique et stylistique) ou indé (ses succédanés mumblecore).
Le dolorisme, le morbide, le pathologique n'ont pas attendus ces réalisateurs pour faire l'objet de traitement ou être traités de manière un peu obsessionnel. Il suffit de penser à Bergman, dont le cinéma ne m'enthousiasme pas outre mesure. Le côté moraliste juif de Solondz semble avoir pour moi une portée universelle, bon, c'est pas dur de voir l'ironie de la chose. Solondz :"To be honest, I am often unsettled by the responses some people have had to my movies, and that includes many people who like them.". Pas de mal à imaginer que personne n'était plus marri que Solondz, un réalisateur intellectuellement lucide comme le prouvent ses interviews par rapport aux réactions que suscitent parfois ses films.
J'aime plutôt rapprocher Solondz de Hal Hartley et Whit Stillman par exemple, alors que ce sont des réalisateurs très différents. Hartley procède d'un imaginaire un peu dostoïevskien, Stillman, qui est un WASP, de Jane Austen, et Solondz d'une tradition juive qui mêle dolorisme, questionnements existentiels, humour, avec plus ou moins de réussite (je vous laisse imaginer des prédécesseurs à votre mais je ne lui ferai personnellement pas l'insulte de le comparer à Woody Allen).
Quant à Araki, la vision de ses films est trop lointaine, mais je suis un grand fan de
Smiley Face, et j'aime beaucoup
White Bird qui ne correspondent pas trop à ce que tu en dis.