Forum de FilmDeCulte

L'année Miranda continue avec son premier long métrage en tant que réalisateur, curieusement adapté non pas d'une de ses œuvres mais de celle d'un autre, Jonathan Larson, l'auteur-compositeur du célèbre musical Rent, succès de Broadway culte outre-Atlantique mais que l'on ne connaît chez nous que via le film de Chris Columbus de 2009 à la réputation peu flatteuse.
Ce n'est toutefois pas un choix complètement fortuit, Miranda avait tenu le rôle principal du spectacle de Larson il y a quelques années et on peut deviner dans le parcours et les aspirations du protagoniste ce qui a pu résonner chez le créateur et interprète de Hamilton.

A l'origine, tick, tick...BOOM! n'est même pas une comédie musicale mais un seul en scène, présenté par Larson à l'époque comme un "rock monologue", quelque part entre le stand up et le concert d'un concept album autobiographique, dressant le portrait d'un artiste qui voit les années passer, le cap des 30 ans arriver et l'angoisse de ne pas réussir croître.
En portant le spectacle à l'écran, Miranda et le scénariste Steven Levinson ne se contentent pas d'illustrer les chansons mais étendent le récit de manière à englober tout ce qui fait le sel et les obsessions de ce mode de vie, de ce mode de pensée, de la précarité à la création artistique, avec justesse et sincérité.

Pour tous ceux qui ont déjà comparé leur âge à celui auquel leurs modèles ont percé ou qui se sont imaginé l'affiche de l'œuvre qui n'existe encore que dans leur tête ou qui ont jalousé leurs amis avec "de vrais boulots" qui payent, l'identification est impitoyable. Pour ma part, j'ai été inévitablement triggered. Et ce ne sont pas uniquement les scènes où le personnage est cerné dans tout ce qu'il peut avoir de potentiellement tragique, ou quand il s'apitoie sur son sort, persuadé que son talent n'est pas reconnu, qui sonnent juste mais également celles où il est montré comme un égoïste, égocentrique, négligeant son entourage et leurs angoisses et problèmes à eux, trop occupé par sa déformation professionnelle à penser à une chanson que lui inspire une dispute en temps réel. Ce sont ces ajouts qui permettent au film de ne pas se limiter à la seule subjectivité de Larson mais à proposer un contrepoint, comme quand une chanson moquant les thérapies de couple se superpose à une dispute réelle et bien moins rigolote.

Il y a quelque chose d'All That Jazz dans ce film-cerveau biographique sur la création de musicals. Là où Fosse prévoyait sa propre mort, après une longue carrière épuisante, Larson craint qu'elle ne voit pas le jour à temps mais il y a aussi quelque chose de tragiquement prescient dans son compte à rebours parce qu'il craignait la trentaine mais c'est comme s'il avait su qu'il allait mourir à 35 ans (d'un anévrisme de l'aorte). Il lui faut créer avant qu'il ne soit trop tard.

Pour autant, le film ne surligne jamais le drame, ne tombe jamais dans le pathos, et ce malgré la réalité de l'époque qui explose au visage du héros (et lui inspirera son plus grand succès). Au contraire, aidé de sa partition pop, qui transforme la peur de vieillir ou l'étroitesse d'un logement en balade entraînante, le film n'est jamais aussi bon que lorsqu'il embrasse l'énergie du stream of consciousness rock et lyrique de Larson, redoublant d'inventivité pour l'illustrer, alternant entre la représentation scénique et le numéro musical assumé dans un va-et-vient ludique, porté par un Andrew Garfield épatant.

Comparé à Hamilton (le sort d'un pays!) ou même In the Heights (le sort d'un quartier!), tick, tick...BOOM! (le sort d'un parolier) n'a pas les mêmes ambitions, dans l'ampleur ou le propos, mais n'en demeure pas moins une réussite dans son témoignage qui respire l'authenticité et la passion.

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Absolument rien d'intéressant à dire sur ce film qui m'a totalement glissé dessus. J'ai trouvé ça constamment cliché (je savais même pas que c'était une histoire vraie, je ne l'ai réalisé qu'à la fin) sur les galères d'un jeune artiste à New York et comme les passages chantés m'ont globalement ennuyés... En fait le film m'a énormément rappelé la série It's a sin qui racontait la même chose sauf que c'était à Londres et que je trouve plus réussie, plus émouvante sur l'épidémie du Sida. Bref c'est très moyen.

3/6

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CroqAnimement votre

Après, le SIDA c'est pas le sujet là.

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Et It’s a sin, bof quoi.

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There is no such thing in life as normal

Je suis d'accord mais on retrouve les mêmes éléments, la même ambiance. Et j'ai pas adoré la série non plus.

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CroqAnimement votre

On dirait un film conçu en labo pour Film Freak.

Appréciatif de Miranda et friand des parcours de loser, j'aurai également pu aimer, mais malheureusement je trouve ça décevant. D'abord, c'est surtout terriblement convenu: un récit de galère sans sel qu'on a l'impression d'avoir vu mille fois. Ce qui était sympa dans les années 90 est aujourd'hui éculé.

Ensuite je trouve qu'il y a un problème sur le personnage principal. On nous le présente comme un starving artist qui rêve d'absolu, mais quand on finit par entendre ses œuvres, c'est sympa mais bon, c'est soit du soft rock gentillet soit de la soupe broadwayienne ++. J'aime bien ce genre de truc, mais y a comme un truc qui colle pas entre les aspirations du gars qui le mettraient au ban de la société et ce qu'il produit au final.

De plus, même si comme le dit Freak le film commente son égoïsme, ça reste un personnage d'enfant riche relativement à l'abri. Et chaque personnage qui l'entoure vit des choses plus intéressantes que lui ! Qui meurt du sida, qui ne peut pas vivre son amour au grand jour, qui a le cœur brisé... Alors évidemment c'est ça qui va au final l'inspirer pour lâcher ses délires SF pour créer ce qui deviendra RENT, on le comprend, mais ça nous fait quand même traverser 2 heures où on se demande un peu pourquoi on est censés s'intéresser à ce gars.

Ajoutons à ça une narration que j'ai trouvé riche sur le papier mais plutôt malaisée dans l'exécution, mêlant maladroitement le récit, la voix-off, les passages chantés sur scène, et faisant un saut dans le temps abrupt sur la fin, ainsi qu'une impression générale que chaque scène est trop longue (le focus group... Et sinon le morceau sur le brunch, c'était nécessaire ?), et on aboutit à un film certes pas désagréable mais diablement inconséquent.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Bob a tout dit.
Comme lui, je me suis malheureusement reconnu dans pleiiiiiin d'aspects de ce personnage dont la passion lui bouffe parfois l'esprit.
Sinon j'ai trouvé le film très bon (surtout pour un premier putain), les chansons sont chouettes.
Si j'avais un bémol ce serait pour la tête de cul de Garfield, que j'ai envie de baffer la moitié du temps.

Mais sinon j'ai beaucoup aimé.

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Netflix les gars, Netflix.