Forum de FilmDeCulte

En Sibérie, Yulia et Katia ont été transférées de l’orphelinat à l’internat neuropsychiatrique et ont été privées de tous leurs droits de citoyennes : pas de liberté, pas de travail, pas de famille. Ensemble, elles entament un combat pour que l’Etat leur restitue leurs droits et rende possible leur émancipation. Entre espoirs et déceptions, Manuel de libération est le récit de ce chemin vers la liberté.

Les aléas de la programmation engendrent parfois de drôles de coïncidence, avec les sorties concomitantes de Ma Vie de courgette et Manuel de libération, qui traitent tous deux (sur un mode très différent, voir radicalement opposé) d'une enfance sacrifiée par un monde adulte qui ne les désire pas (par ailleurs absent de toutes représentations dans chacun des deux films). De manière encore plus intéressante, Manuel de libération entre également en résonance avec les deux films qui m'ont le plus marqués cette année: Les Délices de Tokyo et sa chronique d'une mise au ban de la société des lépreux (similarité dans les deux films de la perte de toute liberté, les lépreux au Japon/handicapés mentaux en Russie n'ayant pour ainsi dire plus aucun droits et aucune perspective d'avenir), et Toto et ses sœurs où les conséquences de cette démission des adultes est cruellement révélée (Toto et ses sœurs auraient d'ailleurs été d'excellents candidats à l'internement en Russie).

Le film est cru et rappelle dans son introduction Les Nains aussi ont commencé petits de Herzog ou Les Idiots de Von Trier, pour rapidement s'en démarquer et faire ressentir l'incongruité de la présence de Yulia et Katia dans une institution psychiatrique. Il prend alors une dimension quasi-kafkaïenne dans les couloirs des tribunaux et des experts psychiatriques (magnifiquement servis par l'administration planétaire la plus lourde qu'est celle de la Fédération de Russie), ou la libération ou le maintien en institution tient à un fil, souvent celui de la discipline et de la colère contenu. Tout cela est terne et mécanique, mais l'ultime scène de tribunal engendre un véritable suspens (l'envie d'une issue positive après les refus précédemment endurés) face à laquelle il est difficile de rester imperméable (j'ai eu la bonne idée d'emmener ma femme avec moi, la pauvre ça l'a pas mal remué).

On se questionne à la fois sur la frontière (ténue) entre folie et normalité, sur le sens profond de la liberté (rêve ultime des internés, mais totalement angoissant une fois obtenu), et on en sort pas mal chamboulé.

J'hésite à le voir, celui-là...

D'ailleurs, pendant que je te tiens, toi qui vois beaucoup de documentaires, pourquoi cette détestation d'Homeland ?

Parce que c'est filmé avec les pieds. Je suis d'ailleurs étonné qu'il n'y ait jamais eu de topic de créé vu l'engouement général (sauf moi donc) pour ce film.

Pareil je pensais qu'il y avait un topic de déjà créé pour le dernier Wang Bing, en fait non, et j'ai pas envie de l'ouvrir vu le peu que j'aurais à en dire. Par contre ça ne m'étonne pas que tu mettes 5/6, ça m'a fait penser à du HHH.

Sinon file le voir celui-là, c'est vraiment très bien (et rattrape Toto et ses sœurs ensuite).

C'est marrant, je vois en partie ce que tu veux dire sur Homeland. Le film m'a profondément marqué sur son contenu, mais c'est vrai que cela pourrait être les images d'un Irakien lambda qu'un excellent monteur récupère (car le film est super bien monté, par contre, une vraie narration se crée au-delà de la chronologie).

J'ai souvent la flemme de créer les topics comme j'écris sur les films pour un autre support, c'est compliqué.... et bien sûr HHH est une grosse influence de Wang Bing (j'adore les deux, je redoute que tu n'aimes aucun)

Et je note pour Manuel de libération, il se trouve que le distrib m'a envoyé le dvd.

Je les connais très mal, pour l'instant de ce que j'ai vu ça ne m'emballe pas mais je veux voir des films plus vieux pour les deux.

Sinon je pense que tu as bien compris pour Homeland, quand je ne dormais pas l'absence de justesse dans la réalisation me sortait par les yeux, la scène du mariage j'avais l'impression de voir les images filmés par un cousin bulgare dans les années 80, c'était atroce. Une fois atteint un certain seuil d'agacement, je n'arrive plus à voir de qualités dans un film.

Pour Homeland, c'est justement ce côté film de famille filmé en VHS qui en fait toute la force, j'ai du mal à comprendre comment on peut lui reprocher ça (et je dis ça, j'aime bien les films mais j'en suis pas dingue comme certains). Faudrait que j'ouvre le topic.

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CroqAnimement votre

Parce que je déteste les film de famille. Mais intégré dans un film avec un vrai regard de réalisateur, ça passe alors très bien (Next of kin d'Egoyan par exemple).

Il y a pourtant bien un regard de cinéaste dans Homeland. Ce qui est presque le plus passionnant c'est que ce regard s'est construit à postériori (notamment à travers du montage).

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CroqAnimement votre

Me cherche pas je ne lèverais pas mes lunettes de soleil de mon nez.

Ah ah .

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CroqAnimement votre