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MessagePosté: 28 Nov 2014, 14:18 
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Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement Britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable.

Le principal atout de ce biopic est de tremper les pieds dans le genre, le film d'espionnage parvenant à rendre un peu plus sexy ce Un homme d'exception-like porté toutefois par un Benedict Cumberbatch exemplaire - dans un rôle de génie asocial évidemment fait pour lui mais pour lequel il réussit à proposer une performance différente que dans Sherlock - mais aussi une écriture franchement efficace, qui aura valu au script de figurer en tête de la fameuse Black List il y a trois ans.

Le scénario de Graham Moore, adapté de la biographie de Turing, opte pour une narration éclatée qui arrive à gérer, tantôt de façon didactique, tantôt avec sobriété, les trois temporalités du film (la scolarité de Turing, son travail durant la Deuxième Guerre Mondiale, et l'enquête policière qui lui vaudra sa triste fin), construisant son récit comme une énigme pour résoudre celle que présente son protagoniste, mystérieux cryptologue.

On ne va pas prétendre que le film réussit à être surprenant tant la technique demeure classique, avec sa mise en abyme structurelle somme toute scolaire révélant les origines du tourment du héros, mais il parvient à être suffisamment engageant, dans sa construction, dans son usage du genre, dans ses dialogues parfois ludiques, pour éviter de tomber dans le piège de l'article Wikipédia filmé.
Cependant, il est regrettable de constater que l'oeuvre traite quelque peu superficiellement les passages les plus intéressants de la vie de Turing (l'implication morale qui découle du décryptage d'Enigma, l'homosexualité du mathématicien et ses conséquences) et se conclue sur une note maladroite.
L'évocation de la castration chimique est immédiatement compensée par la morale lourdingue énoncée par Joan, reprenant pour la TROISIÈME FOIS la maxime toute faite du film sur les gens différents, comme pour donner une sorte de happy end à l'histoire d'un génie dont l'héroïsme aura été récompensé par l'humiliation et la condamnation.
Et comme Morten Tyldum, venu de la télé et d'un thriller scandinave à bonne réputation (Headhunters), est plus adepte quand il s'agit d'insuffler un peu de rythme et de tension que pour réellement incarner la dramaturgie du film, The Imitation Game ne peut se hisser vraiment au-delà du biopic efficace mais somme toute classique.

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MessagePosté: 28 Nov 2014, 18:11 
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Sir Flashball
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Film Freak a écrit:
un thriller scandinave à bonne réputation (Headhunters),


Film assez sympa, tiens, mais quand même bien vulgos.
C'est plus classe ici ?

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MessagePosté: 28 Nov 2014, 18:57 
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
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Castorp a écrit:
Film Freak a écrit:
un thriller scandinave à bonne réputation (Headhunters),


Film assez sympa, tiens, mais quand même bien vulgos.
C'est plus classe ici ?

N'ayant pas vu Headhunters, je peux pas juger. Je dirais pas que c'est vulgos.

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MessagePosté: 20 Déc 2014, 22:24 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Là pour le coup, c'est le pur film à Oscar (pas surpris de retrouver les Weinstein à la distribution ricaine). Construction en kit, performance d'acteur, scène identifiable pour les futurs extraits de la cérémonie.

C'est pas nul, juste atrocement sur-écrit et sur-produit.

3/6


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MessagePosté: 19 Jan 2015, 15:46 
En 1953, la maison du Professeur Türing, alors inconnu du public, est cambriolée. Les deux policiers dépéchés sur place estiment qu'il a une attitude louche, à la fois arrogante et évasive, et subodorent dès lors qu'il s'agît soit d'un fou soit d'un espion du KGB.


Nanar, qui réussit deux prouesses:
-construire une réplique à l'échelle un de la machine qui a décodé Enigma sans rien oser dire de la calculabilité.
-centrer tout le film sur la persécution sexuelle de Türing, en la présentant comme la clé qui éclaire rétrospectivement tous le reste, sans oser montrer son suicide.


Un film sur psychotique génial en milieu borné, autoritaire à tendance compatissante, sous-produit dérivé de ce que Cronenberg a pu faire dans Spider ou a Dangerous Method. Jolie photo, mais à côté "Birdy" d'Alan Parker c'est du Rohmer.

Le film est hyper-programmatique: le scènes ne sont pas là pour faire vivre les personanges, mais pour faire comprendre l'intention selon laquelle ils sont typés. Après une scène qui présente Türing comme un autiste irrécupérable, par nature réfractaire à la hiérarchie militaire, celui-ci se fond ensuite dans le moule et devient plus pro et orienté-résultat qu'un DRH de chez Orange.
De la même manière, dès qu'un avion est montré en CGI, celui-ci fait un petit tonneau, comme pour dire: "qu'il est beau mon Messerschmidt"
Il y a à la fin il y a deux cartons, l'un mentionnant le suicide, et un autre mentionnant les persécutions sexuelles dans l'Angleterre des années 50, mais paradoxalement le film qui a précédé dépeint un univers où il n'y a aucun méchant, ni aucun refoulement malgré le puritanisme.
Cronenberg avait lui aussi fait un biopic lénifiant un peu similaire dans a Dangerous Method, mais arrivait à glisser des aspérités, par exemple sur l'antisémitisme, et essayait de montrer la technique de Jüng et les raisons du conflit avec Freud.
Mais là non, on ne montre que la prison, promue au statu d'unique lieu de souvenir (l'interrogatoire est équivalent d'un cabinet de psy), et même le brave flic qui a provoqué la chute de Türing devient son premier admirateur.
Du coup le message d'apologie de la différence se retourne, et la persécution devient la rançon prévisible et inéluctable de l'indépendance d'esprit. La fascisme devient juste une manière d'être à la fois un peu plus borné que la normale, et invisible.

Les acteurs sont bons. Keira Knightley rejoue le même rôle que dans "a Dangerous Method". Les hommes sont typiques du répertoire théâtral anglais, c'est à dire excellents. Même s'ils ont a jouer le botin ils bouffent l'écran comme Lawrence Olivier ou Michael Redgrave, et cela même quand ils ont 7 ans. Du coup le film exhibe une demi-douzaine de Lawrence Olivier pour le prix d'un, ce qui est tout de même un peu trop.

J'ai vu le film avec un copain qui a éclaté avant, pendant et après le film: ce sont les mathématiciens Polonais qui avaient déjà décodé Enigma dès 1939, compris qu'il s'agissait d'un problème de mathématicien et non de linguiste, le film va récupérer cette histoire en l'ignorant. Il avait raison.

Il y a quand-même, comme dans tout nanar qui se respecte, une scène presque bonne, émouvante et dirigée: celle qui éclaire l'origine du nom "Christopher" donné à la machine.

C'est bien nul comparé aux films que les Anglais faisaient eux-même pendant la guerre.


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MessagePosté: 06 Fév 2015, 09:25 
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Il est effrayant de voir la quantité de savoir(s) dans ce film : c’est « bien » filmé, c’est « bien » photographié, c’est « « « « « bien » » » » » écrit, mais c’est à proprement parler immonde.

L’œuvre effectue une relecture de l’histoire en mettant au premier plan Turing, sans mentionner une seule fois qu’Enigma avait été « cassée » avant la guerre par une équipe de mathématiciens polonais, et que Turing a pu travaillé à partir de tout cela (toutes les méthodes, les plans de la bombe cryptographique etc...)

Mais non, bien sûr, on glorifie l’individu anglo-saxon, cette figure éculée du « génie » très mollement « « « « autistique » » » » (et qui n’a rien d’autistique, il est à peine ronchon) auquel on répète un mantra prémâché, prêt à être assimilé par les spectateurs : « it’s the people that nobody imagine they will do something that do things nobody will do » Ben voyons, « just do it »

D’autant plus qu’en 2h, la bobine réalise l’exploit de ne faire que dramatiser vaguement un enjeu éculé, sans dire une seule chose pertinente sur la cryptographie ou les mathématiques. Non, c’est juste « we’re going to break an unbreakable nazi code and win the war ». (avec le pitoyable “oh” de Keira Knightley qui suit) On parle un peu d'homosexualité de-ci, de-là, pour faire comme si c'était important, mais tout le monde s'en fout. Ah si, ça fera peut être vendre quelques macs de plus.

Si les performances des acteurs n’étaient pas de très grande qualité, cette chose mériterait une note négative. En l’occurrence, ça ne vaut que zéro. Je ne comprends pas la tolérance envers ce genre de produits idéologiquement nauséabonds.

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MessagePosté: 17 Fév 2015, 08:39 
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Les travaux des polonais sont clairement mentionnés dans le film, mais c'est pas grave.

Sinon le biopic tient la route, surtout par sa sobriété (la vraie guerre reste distante, dieu merci) et ses acteurs. Et il est loin de donner un blanc-seing à l'Angleterre, représentée ici par un amiral odieux, des parents qui ne pense qu'à marier leur fille et une homophobie rageuse, mais il est vrai que tout cela passe uniquement par les dialogues sans infuser la mise en scène, assez quelconque. Académique, mais pas désagréable pour autant.
3,5/6


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MessagePosté: 17 Fév 2015, 19:04 
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Il y a deux occurrences de l'apport polonais, une où ils parlent de la récupération de la machine et une autre fois où Turing dit qu'Enigma est basée sur une structure polonaise mais en plus avancée (je ne me rappelle plus de la formulation exacte). C'est, à mon sens, insuffisant quant on voit à quel point cet apport a été fondamental et que le projet du film est le respect de l'histoire (+l'hagiographie)

C'est super cool que les gens découvrent Alan Turing (et le temps de deux phrases des mathématiciens polaks), mais si c'est pour en retenir qu'il a cassé un code incassable pour gagner la guerre (et qu'il était un peu gay quant même, faut bien que les weinstein trouvent un axe de politisation pour les oscars) non merci.

Y'a des jolis costumes, des anecdotes de partout, Turing qui ne fait pas que l'autiste, il court aussi et il a une femme même s'il divorce parce qu'il aime les hommes (mais il le dit seulement, faudrait pas que les lignes de dialogues soient incarnés par des choix de mise en scène).

Je ne comprends pas la tolérance envers ce genre de produit, ce truc m'a refilé un ulcère. Je n'y vois pas de la sobriété mais de l'inanité à tous les niveaux.

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MessagePosté: 18 Fév 2015, 12:48 
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T'exagère Ilou, le film n'est pas détestable. Je comprends que ça puisse t'ulcérer les libertés avec l'histoire mais faut-il en tenir compte pour l'appréciation du film?

Après, on a juste affaire un telefilm BBC ni bon ni mauvais, académique comme l'aime les oscars. Si Cumberbatch n'était pas formidable, c'est le type de produit dont on entendrait pas parler et qui aurait eu droit à une sortie anonyme si les Weinstein ne s'en étaient pas occupés.


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MessagePosté: 01 Aoû 2016, 00:54 
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Film Freak a écrit:
Castorp a écrit:
Film Freak a écrit:
un thriller scandinave à bonne réputation (Headhunters),


Film assez sympa, tiens, mais quand même bien vulgos.
C'est plus classe ici ?

N'ayant pas vu Headhunters, je peux pas juger. Je dirais pas que c'est vulgos.

C'est désormais chose faite et putain, quelle arnaque.
Accumulation de raccourcis grossiers et d'incohérences abusées. Le mélange des genres et le(s) milieu(x) évoqués sont pas mal mais je comprends pas comment ce genre de thriller à twists bateau échappé des '90s a pu servir de passeport à Tyldum.

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MessagePosté: 01 Aoû 2016, 07:48 
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Film Freak a écrit:
Le mélange des genres et le(s) milieu(x) évoqués sont pas mal mais je comprends pas comment ce genre de thriller à twists bateau échappé des '90s a pu servir de passeport à Tyldum.


Réalisation efficace, tout simplement. C'est ce qu'Hollywood cherche actuellement, et rien d'autre.

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MessagePosté: 01 Aoû 2016, 12:26 
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Oui, c'est surtout le combo réal correcte + carton du film dans son pays.

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