Samantha, une mignonne collégienne qui répond à une offre de gardienne d'enfants, question de ramasser de l'argent pour son nouvel appartement. Son amie sceptique Megan l'amène en voiture à travers les bois et la laisse devant une gigantesque maison victorienne ayant comme propriétaire un vieux couple étrange avec des plans particuliers pour célébrer un événement rare : une éclipse lunaire qui aura lieu plus tard dans la nuit. Ayant désespérément besoin d'argent, Samantha accepte de rester en leur compagnie même lorsqu'elle se rend compte qu'il n'y a pas de bébé...Je sais pas, j'avais pas prévu de mater ça, et puis mince, c'était tentant, l'interview du réalisateur dans le Mad du mois était convaincante, et je crois que le film est sincère dans sa volonté de renouer avec une conception du genre 1er degré, avec une façon de faire qu'on pourrait dater de la fin des années 70, disons.
Et dans la forme, Ti West force le respect, en effet, ne s'aventurant jamais dans le post-moderne ou dans l'hommage appuyé qui virerait à la mauvaise parodie, à la mauvaise copie. L'envie de réaliser un film qui aurait pu être fait à l'époque se tient, peut-être un peu trop scolairement, un peu trop appliquée, mais sans effet de style, très simplement, très frontalement, sans être étouffé par sa reconstitution ou quelque fétichisme passéiste.
Rien que pour ça, pour cette tenue générale, le film en impose. Reste que ce qu'il gagne formellement, le film le fait un peu à vide. On se fiche un peu de cette histoire de baby-sitter victime d'une secte sataniste, d'autant que Ti West ralentit tellement les enjeux qu'on a sans cesse énormément d'avance sur la narration, qui ne va nulle part de surprenant. C'est le paradoxe d'un film qui a besoin de ralentir pour s'assumer A, pour éviter un rythme contemporain qu'il fuit, pour assumer sa mise en scène intemporelle, mais qui ne tient pas suffisamment le choc du mystère pour justifier, au-delà de sa forme, ce ralentissement. Il aurait fallu trouver un bon équilibre entre la rigueur A et l'ambition claire de série B, le film n'est pas pour autant prétentieux, mais disons qu'il n'a pas les épaules aussi solides qu'il le croit.
Je n'ai pas envie d'accabler le film, ses intentions, ses forces, ses qualités, sont bel et bien présentes. Mais il manque quelque chose pour dépasser le stade des encouragements. D'autant que les dix minutes où le film bascule réellement dans le genre, au risque du grand-guignol, sont clairement les plus décevantes, s'aventurant parfois sur une grammaire de l'horreur contemporaine, et pas la meilleure, puisqu'on vient presque à redouter un égarement torture-porn et montage épileptique, qui heureusement avorte très vite, mais fait tache dans ce film tiré à quatre épingles. Je suppose d'ailleurs que c'est l'intention de Ti West, de trouver par cette scène le pont formel entre les époques, mais à mon avis c'est une erreur, j'aurais presque envie de dire que l'inverse aurait dans un sens été une plus estimable gageure, çàd renforcer l'efficacité de l'exposition pour s'attarder réellement sur la peur, sur la mise en scène de la peur, une mise en scène de la peur actualisée. Ce sur quoi le film échoue un peu vulgairement, dans des effets et motifs somme toute banals.
Ti West semble plus à l'aise dans la montée de l'angoisse, dans les préparatifs de la peur. C'est déjà beaucoup. Il faut qu'il dépasse un peu ses références et se trouve là-dedans, qu'il comprenne et synthétise ses influences. Ça pourrait même donner quelque chose de très grand.