Forum de FilmDeCulte

Nola Darling a trois amants, Mars Blackmon, cycliste dont l'ambition est de faire rire Nola; Greer Childs, tombeur professionnel, et Jamie Overstreeet, le plus raisonnable des trois, offrant amour et sécurité, mais sans partage, en particulier avec Opas, la copine lesbienne de Nola qui ne désespère pas de lui faire goûter d'autres plaisirs.



On dirait un film écrit pour moi: des dialogues intimes au bord du lit, des histoires d'amour légères, ça transpire l'enthousiasme des premiers films, visuellement classe etc. tout ça avec New York, du Jazz, des persos afro-américains, on dirait le gosse d'Eric Rohmer et de John Cassavetes, un film à la fois insouciant et parois violent, très drôle... Franchement j'adore ! Avec ses regards caméras, le côté minimaliste et le Noir et Blanc le film joue à fond la carte nouvelle vague mais revisité intelligemment avec un regard New Yorkais 80's et avec beaucoup d'amour pour ses influences, ça fait vraiment plaisir. Le genre de film dans lequel je pourrais rester 3 heures sans qu'il se passe grand chose.

J'ose pas mettre 6 pour un film aussi modeste mais c'est un 5/6 bien franc.

En cherchant une image je découvre que Spike Lee en a récemment fait une série Netflix... A la fois intrigué mais trop peur de la déception.

De manière générale j'ai l'impression que tout le monde s'en fout de Spike Lee, mais si je fais la somme entre She's gotta have it, Malcom X, Inside Man, Do the right thing... ça commence déjà à faire une belle liste d'excellents films et un cinéma avec sa petite vibe à part qui me plait bien. J'ai très envie d'en voir plus là.

Certainement pas, La 25e Heure est un de mes films préférés, tu sais, celui que tu trouves décevant là...

Oui découvert il y a deux trois ans, j'avais trouvé ça sympa même si avec en effet un petit côté "film d'étudiant qui fait son petit hommage Nouvelle-Vague".

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CroqAnimement votre

C'est bon Phantom of the Paradise est sur mon podium perso, on se ferait chier si on était exactement pareil DV.

Voilà, Baptiste je sais pas ce qu'il te faut de plus pour que tu le mattes !

Oui c'est pas mal. Très bon au début, puis cela s'essoufle un peu. Sans se fermer complètement au présent et au réel le film va chercher son inspiration dans le screwball (Gregory la Cava voire Lubitsch) plutôt que le cinéma social, avec un formalisme qui est bizarrement à la fois abstrait et consciemment daté, assumant le risque de la péremption.
C'est en fait un film vachement bourgeois et cinéma-Télérama. Les thématiques sexuelles et féministes sont présentes, mais sont vues comme des aliénations en elles-mêmes, indépendamment des rôles et rapports de domination sociaux : elles sont impuissantes à soutenir à elles seules l'individualisme du personnage, le personnage les épuise sans les endosser. Elle se pose la question de leur valeur, pas de leur usage. Nola Darling est libre, autonome, mais n'en jouit pas (elle est potentiellement frigide cf. la sexologue-psy qui ne la décèle pas, où peut-être la déçoit en parlant de la frustration ou de la platitude comme des normes inhérentes à la santé).
Singulièrement, comme le film charrie quand-même une certaine mélancolie, et raconte son personnage à l'imparfait, je pensais qu'elle s'était suicidée. Mais en fait non, il s'arrête quand elle rompt elle-même le quatrième mur pour dire à la caméra qu'elle se sent mal comprise et seule, mais l'accepte. En fait la liberté est aussi transcendantale que la mort (soit une bonne définition de la psychologie bourgeoise).
L'actrice est bonne, mais son rôle est très programmatique et exhaustif (homosexualité invoquée avec curiosité puis déclinée, masturbation, le film oscille entre puritanisme et une manière très belle et directe de filmer le sexe, comme un trouble ontologique radical). J'ai été plus touché par l'arc des personnages masculins : au total le mec rassurant, paternel cadrant et normies se révèle un gros con à la limite du violeur, et le bling-bling et réac libéral a quand-même une âme et une générosité cachée, dont il a honte. C'est le seul à percevoir la névrose du personnage et à soupçonner qu'il l'entretient en ne rompant pas. Et Spike Lee joue le pivot entre les deux, équaniment, statiquement ironique et arrogant comme le pardon. Une forme de foi dans la force du cinéma, montré comme un surmoi transcendantal qui contraint le sujet qui ne le comprend pas au masochisme.

Sinon c'est le père de Spike Lee qui signe la musique de jazz (élégante, mais froide) et joue. On sent qu'il vient d'un milieu proche du Harlem Renaissance.

Au total cela a quand-même plus de fond et de poids que Woody Allen (le noir et blanc lorgne sur Manhattan, mais avec Lubitsch a la place de Bergman), bien aimé le passage sur le personnage de Jamie flou en stop motion dans le métro qui annonce sa bassesse (Woody Allen a d'ailleurs d'ailleurs un peu pompé l'idée du flou et le passage en comédie musicale dans un film avec Robin Williams dont j'ai oublié le nom). Le ralenti au moment de la rupture avec Jammie (qu'elle subit) est aussi très beau (alors que ce couple n'est pas spécialement attachant, mais c'est tout le propos du film certes : la séduction exercée par les gros cons, bon sujet)