Forum de FilmDeCulte

Pour ceux qui n'auraient pas vu la sublime bande-annonce :


Simili-suite de Baraka, le premier film de Ron Fricke, chef opérateur de Koyaanisqatsi, Samsara est donc un poème visuel, sans dialogues, état de notre monde, au travers du point de vue empirique qu'adopte la caméra 70mm du cinéaste sur des phénomènes issus des quatre coins de la planète, de la beauté évidente de certaines structures à la laideur du comportement humain, en passant par autant de bizarreries que la Terre peut comprendre.

Je ne me souviens pas très bien de Baraka, vu il y a quelque chose comme 5 ans, mais je ne crois pas me rappeler de passages où le récit semblait passer du trip élégiaque vers la critique pure et simple de certains aspects du monde qui déplaisent visiblement à Fricke.
Ici, au coeur du film, on a le droit à une longue séquence vraisemblablement à charge contre l'industrie alimentaire, qui se termine par une dernière image des plus caricaturales. Il s'en dégage comme une facilité qui jure à mon goût avec la première partie du film, autrement plus inspirée, où Fricke met en opposition les cathédrales bâties par la main de l'Homme et celle bâtie par la nature, où l'infiniment grand est sans cesse renvoyé à l'infiniment petit, filmant les villes comme des maquettes et les humains comme des fourmis.

Je comprends mal ce segment au milieu d'une approche plus intelligente, comme dans le dernier tiers, où les images laissent le champ libre à l'interprétation de chacun, comme ce plan réunissant dans un même cadre les pyramides égyptiennes et l'horrible urbanisation moderne, tel un témoignage du déclin de la civilisation et de ce dont elle était jadis capable, ou encore cette scène incroyable, impressionnante et véritablement effrayante, du pèlerinage à la Mecque, où une soudaine accélération transforme la prière en tourbillon de la foi dans lequel sont pris les croyants, semblables à un flot liquide qui tournoient comme quand on enlève le bouchon de la baignoire.

Et le dessin du cycle de la vie que l'on a peiné à dessiner et que l'on efface pour mieux recommencer...

_________________

Cela dit, quand je vois les pyramides égyptiennes, je pense aussi très rapidement au prix du sang et à l'esclavage.
C'est donc à double tranchant.

Sinon je ne savais pas que Fricke avait un nouveau bébé.
J'aime énormément son Baraka, que j'ai même en Blu Ray.

_________________
I think we're gonna need a helmet.

Pas faux.

_________________

Ah et sinon, le film a trouvé un distributeur français (ARP) cette semaine, donc il devrait sortir.

_________________

début janvier.

C'est toi début janvier!

_________________

lol

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

On en a déjà parlé avec FF sur Twitter mais pour moi c'est juste la chose la plus transcendante que j'ai vu cette année au cinéma, je partage ses réserves sur quelques "facilités" de discours, mais j'ai été tellement pris, tellement fasciné...

5-6/6, comme Baraka que je préfère peut-être car je l'ai découvert avant.

Projection 4K au Max Linder absolument magnifique. Je crois sincèrement n'avoir jamais vu une si belle image sur un écran de cinéma. La définition est impressionnante et certaines images comme les flots de fumée épaisse au début ont une texture presque matérielle, l'impression que tu pourrais presque les toucher. Une vraie expérience esthétique.

Sinon le film est un peu à double tranchant. Vraiment magnifique, la première partie c'est quasiment un décrochage de mâchoire sur chaque plan tellement c'est renversant de beauté. Mais en même temps ça se contente d'être beau et le montage me paraît parfois un peu aléatoire, par forcément très signifiant ou poétique. Et puis vient la partie centrale un peu caricaturale et surtout qui est un remake moins réussi de ce qu'avait déjà filmé Fricke pour les Qatsi (avec les mêmes effets d’accélération moins pertinents). Après la caricature n'empêche pas le film de montrer des choses vraies et terribles (l'horrible industrialisation du marché de la viande) mais c'est un peut-être un peu court.

Il y a quelques bonnes idées comme la confrontation robot et performance du mec qui se transforme en monstre (faut que je retrouve le nom du mec j'aime beaucoup ce qu'il fait), c'est blindé d'images incroyables comme ces bandes de sable avec des maisons toutes alignées les unes à côté des autres, on dirait carrément de la SF, ou les appartements de luxe avec piscine sur balcon qui font face aux décharges des favelas.

Ca balaie le monde d'un certain regard compassionnel et humain qu'on ne peut nier et l'expérience et vraiment puissante mais ça n'a pas la poésie et la puissance d'évocation des Qatsi (comme son Baraka qui était lui carrément "carte postale"). L'autre très gros problème du film c'est sa bande son. Assez quelconque, un peu trop world, un peu trop faible pour donner l'impulsion, le contrepoint ou le discours qu'il faut aux images (pourtant il y a du Lisa Gerrard que j'aime beaucoup). D'ailleurs c'est pas innocent le meilleur moment du film est sans doute ce passage avec cette chanson pré-existante déchirante.

Mais je continue d'adorer cette tendance particulière du documentaire qui te fait littéralement voyager et qui dit malgré tout quelque chose de fondamental sur le monde dans lequel on vit.

4.5/6

_________________
CroqAnimement votre

Question un peu con mais le film comporte-t-il des images de souffrance animale ? (ou des visions dégueu/horrible)

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Alors il n'y a rien de sanglant, pas de mise à mort mais des images de poulets traités comme de la marchandises dans des casiers, des vaches emprisonnées dont on prend le lait, pareil pour les cochons. Et pas mal d'images de bouchers qui coupent la viande à la chaîne.

_________________
CroqAnimement votre

Mettre la musique de Constant Gardener pour la même illustration d'image, c'est un peu du resucé... Après, y a le passage sur les armes et tout, mais bon, moi j'ai repensé au génial film de Meirelles pendant toute la séquence...Et l'émotion venait plus de mon souvenir du coup.

Ouais enfin c'est trèèèès loiiiiiin d'être culte pour le plus grand nombre.

_________________

Oui pour tout dire j'ai vu le film de Meirelles mais je ne me souvenais même pas que la chanson était dedans. Me souviens de pas grand chose d'ailleurs.

_________________
CroqAnimement votre