Forum de FilmDeCulte

Císařův slavík en VO.



Dans son magnifique palais, l’empereur de Chine collectionne des objets merveilleux. Mais le rossignol qui, dit-on, chante mieux que personne, manque à sa collection...


La main, le film le plus célèbre de Trnka, était d'abord frappant pour le jusqu'au boutisme de son symbolisme. Dans une surenchère progressive façon poupées russes, le film dévoilait à chaque apparition de la main une "couche" de propos supplémentaire, comme on déplierait une à une toutes les implications allégoriques possibles d'un concept initial très simple, très pur.

Le rapport de ce film-ci au symbolisme apparaît d'abord plus traditionnel : un garçon s'endort, et les objets de sa chambre deviennent les éléments d'un conte que son rêve va mettre en scène (ce conte faisant évidemment écho au prologue filmé). Mais au final c'est le même trip, car s'il y a bien une chose que met en lumière Le Rossignol et l'empereur de Chine, c'est combien Trnka est peu narratif dans sa manière de filmer : la parabole prévaut sur tout. Le palais, les personnages, la topographie, fonctionnent tous selon la logique d'une allégorie, avant de chercher à s'offrir à quelque identification. D'où très vite une narration étrange... La gestion du temps, par exemple, est particulièrement floue dans le prologue ; et au cours de ce film entièrement muet, on ne comprend pas toujours bien la teneur exacte des péripéties (voir les rebondissements particulièrement abscons du final tournant autour de la figure de la mort).

Le film baigne ainsi dans une espèce de brouillard aux accroches lâches, qu'on peine parfois un peu à suivre. Mais, au-delà de permettre des envolées poétiques inattendues, permises par l'absence de cadre ferme (temporel, géographique, logique), cette approche devient l'incarnation parfaite, dans sa forme-même et sa façon d'aborder toute chose, des fables et de leur narration si particulière.

Pour le reste, je trouve quand même ça déprimant à s'en tirer une balle. J'imagine le gamin de l'époque obligé de s'émerveiller pour ces jouets effrayants, pour les facéties du gamin au sourire mécanique qui ouvre et ferme le film... Ça reste quoiqu'il en soit visuellement sublime : je ne sais pas si c'était la projo pellicule ou le simple fait d'un chef-op génial, mais c'est un ravissement (par ses ambiances, ses nuits inquiètes, ses éblouissements), ce qui rend l'ensemble bien moins conceptuel et froid que La main, quand bien même celui-ci conserve une force de frappe plus évidente.

Oh je l'ai vu ça, c'est absolument sublime. Sinon je crois que les enfants n'avaient pas du tout la même culture lénifiante qu'aujourd'hui.

Lénifiante ?
Enfant ou pas n'est pas le problème je crois, je suis adulte et je trouve ça hyper déprimant.

Mais de nombreux dessins animés old school sont déprimants ? de nombreux livres pour enfants old school sont déprimants, je peux te garantir que la jeunesse de Babar des années 60 est juste HORRIBLEMENT TRAGIQUE.

Ah mais je parlais pas tant de contenu que dans la manière dont on met ça en forme : mélancolie traînante, images aux teintes hésitantes, immobilité et silences, laideur étrange des persos... Peut-être est-ce une vision déformante liée au fait que je rattache cette esthétique à l'animation sous occupation soviétique.

Tu connais le manga Monster de Naoki Urasawa ? Il utilise justement les dessins "morbides" des contes des pays de l'Est pour une transformation de la psyché d'un enfant en monstre.

lol bah voilà, CQFD !