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The Last Emperor / L'ultimo imperatore en VO.



1908 : l'impératrice Cixi est sur le point de mourir. Puyi, un enfant mandchou de 3 ans, est enlevé à sa mère afin de devenir le nouvel Empereur de la Dynastie Qing. Mais très vite, la République de Chine est proclamée, et l'enfant découvre que son pouvoir s'arrête aux murs de la Cité Interdite où il est tenu enfermé...


J'avais peur d'une grosse nougasse académique bien molle et chiante, et en fait c'est bien. Ce qui n'était pas gagné, vu l'avalanche décors/costumes qui vient gaver chaque cadre (et qui te rappelle au passage qu'à une époque pas si éloignée, avant l'arrivée des SFX, c'était le moyen principal d'impressionner le spectateur - et ça marche). Bertolucci semble en fait surtout passionné par la danse des rituels de la Cité Interdite (comme les codes de Versailles ont pu fasciner d'autres cinéastes), et par la façon dont ils vont petit à petit perdre leur sens en entrant dans le siècle nouveau, comme évidés de l'intérieur. Ça pourrait virer à la démonstration, mais le fait de poser un enfant au milieu du décor permet de ne jamais nous habituer aux protocoles complexes, de toujours maintenir leur sensation d'absurdité (une centaine de personnes qui s'agenouillent devant un bébé qui gambade parmi eux maintient une image frappante des rapports de pouvoir, par exemple). De même, l'arrivée passionnante du précepteur occidental, en infligeant une tension aux lois de l'édifice, ravive d'autant mieux la fascination que le film entretient à leur égard.

Mais quand à mi-film Bertolucci sort de la Cité Interdite, qui est vraiment son sujet (son moyen de parler des renversements du siècle en creux, par ce décor qui paradoxalement ne veut rien en voir), l'ensemble se perd rapidement dans les méandres plan-plan du biopic, ou du moins du film d'époque : toute la partie japonaise liée aux désillusions n'est plus très surprenante, même si elle préserve un certain sentiment d'ampleur. On s'accroche parce qu'il reste des choses, à commencer par les acteurs excellents. Ou le fait de naviguer avec hésitation de malaise en malaise idéologique - d'un film qui semble d'abord adouber l'Empire à celui qui regarde avec bienveillance les prisons communistes, avec le Japon pour grand méchant loup trop facile. Ou le fait de s'attacher beaucoup au personnage principal, de vouloir prendre sa défense, pour peu à peu, au fur et à mesure des flashs-backs, en venir nous aussi à la mépriser.

Je garde donc surtout en tête l'ampleur romantique de la premières partie, de nombreuses scènes enthousiasmantes et généreuses (un truc absolument superbe comme le passage du drap à travers lequel l'enfant se laisse toucher...), la relation délicieuse avec le précepteur, une certaine aisance narrative. Dommage que l'académisme frappe au final où on l'attend le moins : en sortant du décorum pourtant si imposant.