Forum de FilmDeCulte

Viviane Amsalem demande le divorce depuis trois ans, et son mari, Elisha, le lui refuse.
Or en Israël, seuls les Rabbins peuvent prononcer un mariage et sa dissolution, qui n'est elle-même possible qu’avec le plein consentement du mari.
Sa froide obstination, la détermination de Viviane de lutter pour sa liberté, et le rôle ambigu des juges dessinent les contours d’une procédure où le tragique le dispute à l'absurde, où l'on juge de tout, sauf de la requête initiale.

Ah les belles heures de Cas de divorce et ses coups de théâtre AB Productions! Rien à voir ici mais presque, tant le troisième film du couple Elkabetz, capitonné dans une salle d'audience sommaire, au dispositif ultra sobre (la seule mise en scène consiste à placer la caméra dans l'oeil de celui qui regarde le personnage) n'est sauvé de la plombance de l'absurde de la situation (éternisation d'un divorce qui ne pourra connaître qu'un dénouement que par consentement mutuel, alors qu'une confrérie de juges rabbains ne cesse de parler de la femme comme d'une pièce d'électroménager d'occase) que par des touches d'humour offrant une respiration bienvenue devant l'absurde ubuesque de la situation. Le temps s'écoule et ne semble ne plus en finir, l'homme ne se pointant pas, les rabbins prenant la mouche, la sincérité à vif de Viviane de reprendre sa liberté étant systématiquement bridée et bottée en touche par des prétextes bidons pour décentrer ses moments de vérité dès que les inquisiteurs sont à court d'arguments.
4/6

Derrière l'apparence de film d'auteur israëlien, il s'agit d'un vrai film de tribunal, dépouillé dans sa mise en scène toute en regards qui jugent et son scénario qui ne s'autorise aucune sortie de la cour, et qui tient cependant en haleine comme les meilleurs thrillers juridiques, avec une absurdité tour à tour amusante (les témoins) et révoltante (les juges), ou comment l'incursion de la religion vicie la loi et transforme un divorce en procès kafkaïen.

Contrairement au procès, le film ne s'éternise pas mais ne perd jamais de vue l'importance de la temporalité. En ayant recours à des cartons pour ouvrir chaque séquence, les Elkabetz utilisent un outil simple qui pourrait paraître être une solution de facilité mais à chaque "X mois plus tard", le caractère absolument honteux de la situation ne fait qu'enfler.

C'est le genre de film qu'on passe avec l'envie d'engueuler certains personnages, face à tant d'injustice, et quand enfin la "victime" explose, j'en ai eu les larmes aux yeux.

Bref, je conseille.

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Beaucoup aimé cette trilogie (Prendre femme, Les sept jours, et Le Procès de Viviane Amsalem), avec une nette préférence pour ce dernier qui, s'il poursuit bien entendu les thèmes des deux films précédents, tranche radicalement au niveau de la mise en scène, ici délibérément froide. Mais j'adore comme les films se font écho, via de petits détails (la scène de menace, les jeux avec les mains...).

Prendre femme : 4.5/6
Les 7 jours : 3.5/6
Le Procès de Viviane Amsalem : 5/6

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