Puck a écrit:
chaque personne d'extrême droite a une logique nauséabonde et meurtrière.
Ah, quand même. Je n'étais pas très convaincu par la première étape que je trouvais trop timorée :
Puck a écrit:
Je ne définis pas Kirk par ce qui lui est arrivé, mais par ce qu'il a défendu jusqu'au bout : de la merde.
C'est ça le nœud du sujet depuis quelques jours, pour moi en tout cas. Pas Charlie Kirk en lui-même. Kirk était un propagandiste conservateur, ou d'extrême-droite si vous préférez. C'était également un chrétien évangélique, ou un fondamentaliste religieux si vous préférez. Tout ça c'est bien acquis et très clair pour tout le monde, le corpus est là et parle pour lui-même.
Désolé de me répéter ainsi mais s'il avait sa propre plateforme pour soliloquer, il se distinguait de ses camarades, ainsi que de ses adversaires, par une de ses méthodes qui consistait à se rendre directement au contact des bastions de la pensée d'extrême-gauche pour débattre avec des profs, des étudiants, des badauds. Débattre ce n'est pas se planter au milieu d'une foule, se mettre les doigts dans les oreilles et continuer à soliloquer. C'est écouter des gens, ce qu'ils disent, ce qu'ils affirment, leur poser des questions, faire émerger des arguments et leur opposer des contre-arguments (de type logique, des exemples, des stats etc.), provoquer et se faire provoquer en retour, avoir quelques tours dans son sac et essayer d'anticiper ceux des autres et voir à quoi ça mène. C'était un exercice intellectuel et rhétorique d'une importance fondamentale, et pour lui, et pour ses interlocuteurs. Pour ses spectateurs aussi, qui étaient loin d'être tous 100% acquis à sa cause (il était peut-être un gourou pour certains, mais c’était avant tout une figure publique de première importance qui attirait l’attention de tous). Le débat d'idées, surtout quand il s'agit d'idées aussi opposées, est nécessaire : qu'on soit pour ou contre les positions de Kirk, pour ou contre celles de ses opposants, il permettait un espace dialectique pour que chacune de ces positions soit mise à l'épreuve. Ni lui, ni ses opposants ne sortaient systématiquement vainqueurs des rencontres, et surtout le public restait libre de compter ses propres points. Et il était objectivement doué dans cet exercice. Le mec est allé jusqu'au
debat club d’Oxford, quand même.
Le nœud des échanges ici c'est de bien poser qu’il a été abattu dans ce contexte, un énième débat public, et à cause de ses débats. Il a été abattu parce qu’il donnait et prenait la parole. Et il y a une frange de ses opposants qui considèrent effectivement que ses propos sont des agressions, des violences, qu’elles nuisent à des individus et des groupes : « les mots tuent », « on débat pas avec les fachos, on les bute » etc. Dans cette logique-là son exécution a été saluée, a parfois même suscité de la jubilation, des milliers de messages et vidéos ont célébré ça comme une victoire. Une victoire politique. Une réponse légitime et proportionnée à ce qu’il faisait et disait. Pour plein de ses opposants, c’était dans l’ordre naturel des choses qu’il lui arrive ça, c’était mérité au regard de ses prises de position. Et non, ça n’émane pas d’une minorité de troglodytes antifas vaguement dysgéniques qui vivent dans des squats en attendant la prochaine bavure policière : profs, psychologues, travailleurs sociaux, médecins… et l’actuel président du
debat club d’Oxford qui, il me semble, était présent quand Kirk y a débattu. Des personnes ordinaires, insérées, persuadées d’avoir des idées politiques adaptées et les bons et justses moyens de les défendre.
Donc s’indigner ou pas n’est pas la question. Tu l’as dit toi-même l’empathie est toujours sélective, et c’est normal. Les memes sur sa grosse tête aussi. Ironiser sur le second amendement c’est de bonne guerre. Deviser sur la différence cruciale entre le courage, dont il faisait indéniablement preuve, et la témérité, qui lui a coûté la vie, a toute son importance. Mais ce à quoi on a assisté de la part de ces milliers de personnes, et c'était la première fois que je voyais ça, ce n’est ni plus ni moins que l’expression d’un immense sadisme. Le sadisme n’a rien de politique, ce n’est qu’une horrible perversion. Et pour le coup, ça c’est vraiment dangereux. Parce que contrairement à l'empathie, le sadisme n'est pas sélectif.