Forum de FilmDeCulte

non mais à ce stade c est fou que le service public n ait toujours pas lancé de case avec un film français suivi d un débat en plateau. parce que les films dossiers de l écran sont un pilier absolu de l’industrie, alors même que les films sont de plus en plus dans leur niche avec un faible écho culturel. on rate vraiment.

ici le sujet de société traite c est donc les violences policières et les enquêtes de l igpn. et ce n est pas dit comme ça que pour présenter le film a la presse et aux commissions diverses. c est profondément sa raison d être : témoigner du sujet à ce moment là, explorer le thème et provoquer le débat. c est fait sérieusement, tout est raconté de manière didactique pour qu on ait tous les éléments en main. les différents points de vue sont exposés dans le respect du pluralisme : pour une fille noire pauvre qui explique ne pas faire confiance à la police face aux abus et à l impunité, tu as 3 minutes plus tard le flic qui dit qu on ne peut pas les traiter comme des héros quand ils risquent leur vie avant de les foutre a la poubelle au premier problème. dans le film personne n’a vraiment tort ou raison : chacun a son point de vue selon sa place dans la société, laquelle se construit dans l équilibre de toute ses forces. un débat très bien modéré par dominik moll.

non pas qu il n ait pas un avis propre sur la question. le fond de l affaire traitée autant que la fin indique sans ambiguïté, et sans surprise, ou se trouve sa sensibilité. je ne lui en formuler pas le reproche, même si par goût artistique et sensibilité sociétale j aurais préféré un dossier beaucoup plus marécageux que ça, vraiment un truc de merde ou toute tentative d avoir une opinion définitive est un mensonge a soi meme. c est d autant plus dommage qu il passe de manière incidente a coté d une particularité de notre époque : des sujets extrêmement sensibles pour une partie de la population et dont l autre se fout éperdument. ici, l ado dit « tout le monde déteste la police » et je ne doute pas que dominik et sa bulle ont l impression que c est vrai. mais ça n est absolument ce que montrent les sondages, les votes, les équilibres politiques. quitte a tacher d être exhaustif, je trouve dommage de ne pas avoir pointé cet élément.

bon mais c est un film, quand même. tout à fait. le procédural est super, dans une catégorie de policiers qu on ne connaît pas. plus c etait sec plus j aimais, le contraste entre la recherche de vérité à posteriori dans un bureau face au chaos de l action, j adore ça. je regrettais que ça n aille pas plus loin, je fantasmais d une enquête policière exposée comme ça de manière jusqu’au boutiste. les lettres procédurales, les rapports, le temps passé à tout ça, j adore.
mais c est bel et bien un film france 2, et on se cogne donc des scènes familiales, des repas entre collègues, la manière dont sa vie et sa personnalité influencent son travail, tout ça tout ça. c est déjà vu et peu stimulant, régulièrement pas très réussi (y a 2-3 scènes carrément cringes) et j aurais préféré que ce soit intégré en sous texte dans un procédural hardos.

dominik garde de la nuit du 12 le fait d être le roi du casting. léa drucker est formidable mais c est le cas d absolument tout le monde : qu ils aient 2 plans ou 10 scènes, anciennement connus ou dans le game actuel ou nouveaux tout le monde est parfait, évoque une vraie diversité sociale, exprime la vérité de l être qu ils incarnent dans le temps imparti. impressionnant.

c est un follow up honnête mais un peu décevant, un projet intéressant mais trop peu ambitieux, un bon film mais juste trop formaté pour être plus que ça.

(sortie le 19 novembre et demain soir au mk2 bibliothèque)

French Movie, Guy, French Movie

Bien aimé, bien démonstratif, bien de gauche, le film coche toutes les (bonnes) cases, Léa Drucker aura sa nomination aux César. J'ai pas vu le temps passer

4/6

Très bon film mais je comprends les relatives déceptions après La nuit du 12. Ici on est dans du cinéma ultra procédurier où on va prendre le temps de détricoter une enquête dans ses moindres détails. Alors c'est assez fascinant de voir cette machine judiciaire en pleine action, d'assister à comment tout ça fonctionne, comment on obtient des informations des différentes parties, il faut écrire à l'hôpital, aux pompiers, attendre des rapports, taper d'autres rapports, tout mettre en commun etc... Le film traduit bien ce travail de fourmi administratif, lent et lourd et Léa Drucker qui incarne physiquement tout ça est géniale, toute en sobriété, mais en même temps avec une vraie intensité. Après le film a le défaut de ses ambitions. On peut facilement imaginer où ça va et ça y va. On rajoute un petit élément de surprise central (la vidéo avec cette pseudo poursuite dans le RER) et ça relance la machine. Mais c'est fait avec une espèce d'humilité salutaire (avec une mise en scène toujours au bon endroit), juste la volonté de raconter ce qui s'est passé et ce qui se passera encore. Cette espèce d'impunité déprimante où tout ce travail de titan et ces mois d'enquête n'auront servi à rien. Un côté fataliste (déjà présent dans La nuit du 12) qui rend le film très pesant et pas franchement optimiste. Mais malgré tout il y a quelque chose d'assez réconfortant dans tout ça, de voir à quel point on va aller au fond des choses et que même si l'issue n'est pas celle que l'on désirait le boulot a été fait, personne n'a été abandonné, on a pris au sérieux la victime.

En tout cas le premier bon film autour du mouvement des gilets jaunes il était temps. Je trouve vraiment fin tout ce qui a trait au mouvement, les deux passages au rond-point, les scènes à St Dizier, tout cela est vraiment fait sans lourdeur mais avec une grande intelligence.

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CroqAnimement votre

J'adore les films d'enquête basés sur le réel donc celui-ci avait tout pour me plaire. Bon, je craignais un peu le discours pré-mâché "Les policiers ils sont méchants et le système les protège" mais... y a quand même trop de policiers méchants couverts par le système donc banco.

La partie enquête ne m'a pas déçu. J'ai apprécié le côté procédurier, les pièces à demander, les courriers à écrire, les difficultés à joindre le parquet... On est loin des internal affairs des films américains qui viennent cuisiner les mecs avec la lumière dans le front.

Tout ce qui a trait à la recherche de la vérité avait de quoi être fascinant, surtout que Moll ose multiplier les "vraies" images (i.e. les images filmées au téléphone portable) pour bien faire s'entremêler la réalité et la fiction (par contre moi je veux le même téléphone que la fille de SAINT-OMER là, capable de capter le son d'un coup de pied à trente mètres, respect). Mais l'aspect BLOW UP du récit reste trop timoré, surtout si c'est pour accoucher d'une ambigüité trop providentielle (les deux tirs de LBD simultanés... Ennui profond).

La mise en image, neutre au possible, ne m'a pas dérangé, mais elle devrait s'accompagner d'un jeu d'acteur aussi vérace que la mise en scène est sèche. Or j'ai été sévèrement déçu. J'adore Léa Drucker en plus mais franchement elle surnage à peine dans un cast, pourtant pas trop mal choisi, dont les choix de jeu me sidèrent. Franchement, on est à la limite du staring contest. Je vais créer une installation d'art contemporain qui sera juste un supercut de tous les moments où les gens dans ce film se regardent stoïquement dans les yeux. Sans déconner dans le jeu on est à ça du Bresson que j'ai regardé l'autre jour. Incompréhensible et dévitalisant.

Surtout que, si j'ai apprécié l'absence de surcasting, je suis désolé mais les enfants Gilets Jaunes là, bah c'est pas des Gilets Jaunes. Celui qui passe le mieux c'est celui en prison (même s'il a une coupe de cheveu "Revival Jack Dawson" de 2024 et pas une coupe de 2018), mais la fille et la future victime bah non désolé c'est des acteurs parisiens, c'est pas des prolétaires de Saint-Dizier.

Et sinon je rejoins Fingers sur les scènes "Débat de société" où chacun vient peser le pour et le contre, alors qu'on aurait été mieux à rester bien au chaud dans le procédural en laissant le spectateur faire lui-même la part des choses.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'avais lu le scénario pour TF1 l'an dernier et j'en avais une fiche très positive et le film est à la fois fidèle au scénario...et décevant.

Parmi les points forts, j'avais écrit :

Au vu du sujet, le film aurait pu aisément tomber dans un travers comme dans l’autre, à se faire trop manichéen dans la peinture d’une situation tout de même complexe mais ici les flics ne sont pas « tous des pourris » et leurs actes ne sont pas non plus légitimés de façon malhonnête. Toutefois, le film ne tombe pas non plus dans le piège de l’ambivalence qui ne se mouille pas et présente tout de même un point de vue tranché : nous sommes certes face à une impasse mais c’est aussi une injustice. Il y a des victimes indéniables et des mensonges apparents et les moyens d’atteindre la vérité absolue manquent, laissant des gens sur le carreau.

Ça c'est vrai.

Si elle se fait factuelle dans un premier temps, collant à l’enquête intéressée par les faits et non l’affect, l’écriture laisse peu à peu s’immiscer subtilement une part d’humain dans la procédure, une implication et une obstination qui nous paraissent évidentes pour le genre et qui s’avèrent in fine avoir été du zèle de la part de l’héroïne, un approfondissement que sa supérieure lui reproche, donnant lieu à une réponse certes didactique mais pour le moins puissante sur la nécessité de réintroduire de l’humain dans le processus afin de ne pas perdre de vue les victimes.

Ça, malheureusement, ça n'est pas vraiment ressenti. La mise en scène et la direction d'acteurs sont tellement froides et distantes qu'on ne ressent jamais vraiment cette implication humaine.

Avec sa structure répétitive d’étude de preuves et d’interrogations de témoin, certains revenant plusieurs fois, ainsi que son ton assez froid dans le portrait d’une enquête, le script pourrait lasser, or il n’en est rien. Les scènes sont courtes, l’écriture multiplie les montages, ne perd jamais de temps, gardant l’exposition au strict minimum et se fait même accrocheuse lorsqu’elle se permet quelques écarts de fiction (l’analyse poussée d’une vidéo, un témoin-clé trouvé in extremis). Par conséquent, c’est toujours engageant. On n’a jamais l’impression de suivre un exposé télé type Les Dossiers de l’écran, c’est un film de cinéma.

Lol, cacedédi Fingers.
Et bien après avoir vu le film, je dirais justement que ça manque de cinéma. J'apprécie l'aspect procédurier minutieux de l'écriture mais tu peux filmer ça comme du Kathryn Bigelow, t'es pas obliger de film ça mollement (vous l'avez?).

Et pour ce qui est des points faibles, j'écrivais :

Le portrait qui est fait de l’enquête et le sujet de l’enquête renvoyant directement à des images que l’on a pu voir à la télé confèrent au film une approche résolument réaliste et dès que le scénario inclut des éléments extérieurs plus artificiels, comme la connexion entre l’enquêtrice et la mère de la victime ou bien ce témoin trouvé à la dernière minute qui s’avère qui plus est avoir LA vidéo quasi-parfaite, cela peut faire un peu tache, comme des raccourcis un peu faciles. Pour autant, le film ne s’en sert pas pour arriver à un dénouement joyeux et idéal donc c’est pardonnable.

Mais le fait est que ça se démarque effectivement dans un tout plus réaliste et comme le film n'embrasse pas sa dimension de fiction/genre, en creusant le trouble que ça créé chez l'héroïne ou exploitant la tension, ça passe mal.

Et j'en arrive au plus gros bémol :

Les dialogues se font pour la grande majorité des plus factuels, reflétant la réalité d’une enquête, des requêtes administratives, des témoignages et dépositions même quand elles sont colorés par les émotions. Quand le scénario sort de ces exposés aspirant à l’authenticité, il se fait fréquemment trop didactiques, dès lors qu’il s’agit de caractériser le point de vue de la police, membres de l’IGPN comme autres, sur le travail de la police des polices et sur les violences policières. Un monologue tardif n’est pas moins explicatif mais tout de même incarné et la soudaine effusion de subjectivité confère une résolution impactante à un film qui s’était soigneusement gardé de trop laisser les émotions prendre le dessus.

Dans le film, c'est encore pire. C'est joué si platement que ça décuple le caractère didactique de ces exposés jusqu'à rendre le film vraiment bêta dans ces moments-là. Et le monologue final que j'avais trouvé pertinent est amoindri par la décision de rester en plan moyen tout le long. J'aimerais ressentir ce que le personnage ressent à ce moment-là, pas être posé en témoin distant. C'est sans doute le projet, surtout qu'elle appelle à ce qu'on voit l'humain, on devrait pas avoir besoin d'un "artifice" (peut-être Moll trouve-t-il le travelling de Kapo amoral?), mais moi ça me laisse complètement froid.

À partir d’un sujet fort, le scénario propose un bon équilibre à la fois dans le point de vue sur la question que dans l’exécution, profondément ancrée dans le réalisme mais empruntant suffisamment de codes du genre pour séduire et prétendre au vrai film de cinéma, rythmé et incarné. Vu le pedigree des auteurs, j’encouragerais TF1 à s’aventurer sur ce terrain.

J'ai pas vu leur nom au début.

Et pour l'avis personnel qui conclue chaque fiche :

J’ai trouvé le script très bon, Moll & Marchand reprenant globalement la formule de La Nuit du 12 pour s’attaquer à un autre sujet de société brûlant. Je suis très curieux du résultat.

Le tiédeur est totale.

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