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Dans les années 1930, durant la Prohibition, les jumeaux Elijah et Elias reviennent dans leur ville natale de Louisiane pour redémarrer leur vie. Ils vont cependant être confrontés à d'horribles évènements surnaturels.

Son premier film était tiré de faits réels, son second était un spin-off et techniquement le septième épisode d'une franchise et il a enchaîné avec une adaptation de comics inscrite au sein de l'univers Marvel et sa suite. Sinners est donc le premier film de Ryan Coogler qui soit intégralement original, né de son propre aveu de faire enfin un film qui lui ressemblait vraiment, qui était entièrement le sien et c'est clairement le type de projet personnel que tu fais quand tu es au peak de ton pouvoir auprès des studios (c'est Warner qui a accepté/remporté le deal globalement sans précédent imposé par le cinéaste : un pourcentage dès les premières recettes, le final cut, un budget de 80M$ et les droits lui reviennent dans 25 ans). Et le mec est all in, littéralement - il a ajouté 20M$ de sa poche pour finir le film - mais aussi artistiquement. Le mec a tout mis. Sinners trempe dans le film de gangsters, le western, le musical et le film de vampires, affichant les influences d'un jeune réalisateur qui a grandi avec Une nuit en enfer et The Faculty mais aussi l'héritage de toute une culture noire américaine. En fait, c'est un peu son Sucker Punch. Mais en mieux digéré et avec un propos socio-politique. Quoiqu'on pense du film, il est admirable de voir une telle ambition.

Parce qu'elle transpire par tous les pores de ce film tourné dans une pellicule qui lui confère toute sa texture, tangible, presque calorifère et olfactive. Pendant près de la moitié de ses 2h17, il ne se passe virtuellement rien. Le récit se concentre exclusivement sur le recrutement des différentes personnes que les jumeaux (Michael B. Jordan qui s'amuse dans ce double rôle) veulent pour l'ouverture de leur club et on ne parle pas d'un enchaînement ludique de heist movie, on est plutôt dans le portrait d'une communauté et d'une époque, des plantations aux églises, des musiciens de blues aux épiciers asiatiques, et c'est tout aussi engageant. Le sense of place est communicatif. Coogler alterne entre le 65mm Ultravision et l'IMAX 70mm soit deux formats aux opposés extrêmes, passant d'un 2.76 panoramique au 1.43 vertical pour mieux sublimer les champs interminables et les incroyables vistas baignées dans l'heure magique.

C'est aussi, dès le départ, un film qui sue le cul. Que ce soit dans les répliques ou dans les actes, le film assume une dimension charnelle avant même que le premier suceur de sang ne pointe le bout de ses canines. Comme son titre l'indique, Sinners est une réflexion sur notre nature de pécheur et le rapport au corps traverse le film, que l'on danse, que l'on baise, qu'on joue de la guitare ou du flingue, que l'on bave, que l'on saigne (et toujours en effets de plateau), dialoguant avec sa dimension spirituelle, la musique étant vue à la fois comme un appel au Diable et l'outil d'une potentielle ascension. A ce titre, les deux séquences les plus impressionnantes du film sont d'ailleurs musicales. Dans la première, l'image s'ouvre pour occuper tout l'écran et un plan-séquence traverse une piste de danse, transcendant passé et présent, tandis que la seconde voit une troupe s'animer soudainement d'un chant improbable, à la fois stimulant dans la forme et terrifiant dans le fond. Deux scènes de transe pure absolument folles.

C'est là que tu comprends comme le genre (et l'IMAX) intéresse Coogler davantage comme véhicule de son propos que pour du spectacle, les confrontations avec les vampires demeurant relativement sommaires. Les esprits les plus étriqués auront sans doute comme réaction épidermique "ah oui d'accord, tous les méchants sont des blancs, c'est bas de plafond", trahissant leur propre manque de jugeote, alors que la figure du vampire n'est pas tant là pour représenter "les Blancs" mais la séduction et les dangers de l'assimilation. C'est là que le choix de structure prend tout son sens, ayant fait la part belle à l'assemblement d'une communauté autour d'une culture pour mieux qu'elle se retrouve menacée dans cette deuxième moitié, risquant d'être gommé par le conformisme vendu aux immigrés. Le vampire en chef n'est pas irlandais pour rien et son discours sur l'aspect réconfortant de la religion qui lui a été jadis imposé est tout aussi éloquent que la jig dans laquelle il enivre ses nouveaux convertis.

On peut également y voir un sous-texte sur les sirènes des studios avides de jeunes artistes à vampiriser et formater, le protagoniste chanteur étant vraisemblablement un alter ego de Coogler lui-même. Derrière les apparats des genres, derrière les Tommy Gun et les pieux de bois, Sinners est une célébration des cultures, celles qui se ressemblent et se conjuguent (cf. la narration d'introduction), et le témoignage d'un artiste inquiet pour son âme.

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J'ai pas envie de lire pour rien me spoiler (même pas vu la BA), donc question bête :
ça t'a plu ou pas ?

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Netflix les gars, Netflix.

c'était le même deal pour tarantino sur hollywood, non ?
ce qui me paraissait déjà délirant à l'époque, de rendre les droits. mais je trouve ça marrant qu'après 15 ans de stratégie vaguement délibérée d'empêcher l'émergence de grands réalisateurs, ils se retrouvent à devoir signer ce genre de truc pour les 3 malheureux qui ont réussi et ici, dont le seul fait d 'armes est d'avoir réalisé des films de franchise vaguement moins nuls que les autres.

(et rigolo parce que dans la pop, taylor swift a parait-il traumatisé tout le monde en piratant le système et en ré-enregistrant tous ses albums pour avoir 100% des droits, et du coup l'industrie fait le mouvement inverse : les contrats actuellement signés sont en béton armé pour empêcher les artistes de récuperer quoi que ce soit.)

Jean Ferrat bien avant Taylor Swift avait déjà fait de même

J'aimerai bien voir le Eras Tour de Jean Ferrat tiens, ça doit avoir de la gueule.

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Netflix les gars, Netflix.

Oui.

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Merci !

reste à me choper une place de ciné qui ne soit pas à 15 euros du coup

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Netflix les gars, Netflix.

On devrait d'ailleurs enfin savoir si la Géode va projeter des films en 1.43...

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1.43 euros ? C'est pas cher.

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Netflix les gars, Netflix.

lol

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J’aime beaucoup l’ambition du film, ce brassage des genres pour explorer les fondements de la culture noire américaine en continuité de l’héritage reçu. Il y a des moments de captation très forts, comme ce témoignage du perso du Slim sur les lynchages (on pense à la chanson Strange Fruit), le vaudou et le perso d’Annie, et cette incarnation du personnage de Sammie (la voix grave du gars !), jeune post ado qui porte le blues dans tout son être malgré son jeune âge, avec comme paroxysme ce (faux) plan séquence où passé, présent et futur se mêlent dans une scène de danse jouissive…

On reste sur sa faim quant au potentiel Une Nuit en enfer mais c’est finalement cohérent avec le projet du film… mais j’ai quand même plus de mal avec


En fait je trouve que le principal défaut du film est de vouloir trop en mettre, sans pouvoir être sur tous les fronts : les frangins ont fait la guerre mais c’est tout juste évoqué, ils sont partis faire les gangsters avec Al Capone à Chicago mais ca reste frustrants en l’état… Idem pour les griots, idée force du film, cette caste de passeurs avec l’au-delà, mais ca manque un peu concrétisation à l’écran…

Alors que la direction finale du film et son propos (dommage de l’avoir quasi explicitement mis dans la bouche du perso de Remmick) sur les vampires / la religion et l’appropriation culturelle (tringer warning QGJ) trouvent un écho qui aurait pu résonnait encore plus fort en consolidant le scénario et en l’épurant un peu.

Mais ca reste stimulant, cet alliage de cinéma populaire visant un propos sociétal et politique.

je viens de voir que entre le 1rst draft et le 1er jour de tournage il ne s'est déroulé que... 4 mois.