Forum de FilmDeCulte

moi j'ai adoré particulièrement le dernier plan, blanc sur noir, ces coquillettes qui n'ont finalement pas été bouffées et qu'on jette à la poubelle. C'est filmé de telle façon qu'on jurerait une giclée de sperme jetée au lof. Effet comique garanti.
Je l'ai vu avec dans la salle la plus jeune des trois actrices : canon ...

Tu l'as niquée ?

Le film de la bascule pour Letourneur. La Vie au ranch n'est pas un mauvais film, loin de là, mais ça n'est jamais aussi drôle que dans ses trois derniers, et il venait plutôt conclure une première partie de carrière centrée sur l'amitié féminine, une sororité qui ne va pas sans une certaine duplicité voir de profondes rivalités. La méthode était déjà là mais ne donnait pas encore sa pleine mesure. Le Marin masqué laissait entrevoir de belles choses, que Les Coquillettes vont concrétiser. Une chose est certaine, l'humour est son arme de prédilection, et elle s'en sert à ravir pour retourner les codes largement utilisés de la représentation féminine au cinéma. Je ne sais pas si on peut parler de féminisme, c'est en tout cas un regard profondément féminin et assez unique que le sien. Et qu'elle fasse de ses 3 personnages principaux des cruches (surtout elle) et des chaudasses n'est évidemment pas innocent. Ça participe ici d'un profond élan désacralisateur, des festivals (où voir un film tient quasiment de la punition) et du milieu du cinéma, mais surtout de la gent féminine. Comme une manière de se réapproprier sa propre condition, loin de l'image idéalisée qui pullule chez les réalisateurs masculins (mais pas que). Beaucoup plus corrosif qu'un Bridesmaids par exemple, qui sous un vernis pseudo trash ne remet que très peu en question les modalités de la représentation de la femme à l'écran.

Et j'aime beaucoup aussi dans ce film sa structure, que Letourneur reprendra pour Voyages en Italie, celle du ressassement, 3 copines qui se retrouvent pour se raconter ce qu'elles se racontaient déjà lorsqu'elles étaient présentes au festival de Locarno. De cette manière Letourneur travaille à la fois la fabulation, la manière que l'on a d'enjoliver ses propres souvenirs et la représentation que l'on donne de soi-même aux autres, et aussi ce qui est un pur motif du cinéma d'auteur, qui travaille sur une filmographie entière les mêmes sujets, avec des variations ou des approfondissements. Ce qui est vraiment intéressant dans l'entretien publié sur FilmdeCulte à l'époque c'est de voir l'apparente disjonction entre les ambitions affichées de Letourneur (faire un cinéma populaire de qualité en gros) et les films qu'elle fait. Je suis aussi d'avis qu'elle pourrait trouver un public plus large (parce que son cinéma reste facile d'accès et son humour n'est pas un humour de niche), mais dans le même temps, et je ne sais pas à quel point c'est inconscient chez elle, la radicalité de ce qu'elle propose lui en ferme nécessairement les portes. Parce que l'on ne s'oppose pas impunément aux canons de la représentation mainstream, il n'y a qu'à voir l'incompréhension avec laquelle Énorme a été reçu par un certain nombre de spectateurs à l'époque. Pour autant qu'elle poursuive dans le même filon me va très bien, c'est dommage si elle ne touche pas un public plus large, mais si ça lui permet de rester dans une veine qu'elle maîtrise aussi bien...

Oui film véritablement "frais", et je me suis senti un peu heurté par quelques bribes de conversation ou scénette sur comment les meufs trashent talk ou parlent des mecs, c'était bon signe.
Et pour les flemmards, ça dure juste un peu plus d'une heure dans mon souvenir.

Curieux de ton avis sur Gaby Baby Doll, vrai anomalie dans son cinéma que personne ne semble avoir vu (on est que deux à l'avoir vu parmi tous mes contacts Letterboxd).

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CroqAnimement votre

Le dernier qu'il me reste à voir (enfin une rétro d'un real contemporain que je vais pouvoir compléter), ce soir au Forum des Images.