Forum de FilmDeCulte

C'est quand même fou de se dire que Soderbergh, au moment où il est à son peak, doublement nommé aux Oscars pour les politiques Erin Brockovich et Traffic (et récompensé pour ce dernier), choisit d'enchaîner avec un remake d'un film de casse, reprenant son casting gimmick de giga-stars, en apparence complètement superficiel.

Et pourtant, le film est à des kilomètres de la recrudescence de films insignifiants que le cinéaste pond depuis qu'il est sorti de sa retraite anticipée. Pourquoi?

Dans l'absolu, le film ne raconte pas grand chose et pourtant, il y a quelque chose dans la décision de donner un écrin entre tradition et modernité à un genre aux codes é-cu-lés (la réunion des membres tous spécialisés de l'équipe, la description du coup impossible, l'exécution qui déraille, le twist "tout était prévu") pour signer Le Film Le Plus Ludique Ever, comme une célébration du genre qui a par ailleurs toujours porté en lui une métaphore du cinéma, l'arnaque relevant du tour de magie enchantant le spectateur lui-même arnaqué.

Mais si le film baigne, que dis-je, se gargarise de sa propre coolitude, il possède tout de même une certaine nature romantique. Il ne s'agit pas aussi ouvertement d'une histoire d'amour que l'autre meilleur film de Soderbergh, Out of Sight, mais la révélation (relativement) tardive que tout ce heist ne visait en réalité qu'à (re)voler le cœur d'une femme perdue, lui donne une dimension supplémentaire (quand bien même Tess est désignée plusieurs fois dans le film comme un objet, une possession, "we're stealing two things" puis "I brought some of your personal belongings"). C'est là aussi la déclaration d'amour à un trope, the guy gets the girl in the end, érigé au rang d'art. La mise en scène célébrant la mise en scène (Tess découvre la vérité littéralement en spectatrice devant un écran).

La suite, le clivant (mais génial) Ocean's Twelve, poussera la déconstruction plus loin et de façon ouvertement affichée. Mais ce premier film, plus pur dans son approche, avait déjà quelque chose de post-moderne. Quel pied.

_________________

J'adore le "Starring in alphabetical order" sur l'affiche, pour pas faire de jaloux...
Faudrait que je le revoie, ça fait partie des films marquants de ma pré-adolescence. Mon frère et moi étions surexcités pour Twelve et on a déchanté sévère.

Putain t’es allé à la Cinémathèque, t’es un vrai. Aujourd’hui j’avais trop la flemme, mais autrement je serais allé voir Blitz, et celui-ci je le revois tout le temps, encore récemment (idem pour Thomas Crown d’ailleurs). Pour Tess « chosifiée », ça peut être son cœur qui est volé (désolé si ça sonne corny, mais on fait remarquer que cette chose ne se partage pas en onze).

-Does he make you laugh?
-He doesn’t make me cry.

<3

J'aime globalement chaque réplique de ce film. Et tout cet échange est incroyable.

Reviens à ce niveau, Steven.

_________________

J’aime globalement chaque raccord de ce film que je considère parfait.