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MessagePosté: 11 Avr 2021, 10:21 
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(Et je pensais même que le titre était lié aux échecs)

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MessagePosté: 11 Avr 2021, 10:22 
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Je suis sûr que la confusion, c'est à cause de Knight and Day.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
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MessagePosté: 11 Avr 2021, 10:24 
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Lol je viens de tilter sur le jeu de mot du Mangold ! Mais j’ai demandé une formation en anglais, bientôt tout ça n’aura plus de secret pour moi :D

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MessagePosté: 15 Jan 2022, 23:19 
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Indéniablement son meilleur film (pas vu Meek' s cutoff). Il y a même (pendant deux minutes sur 1h40 ) des éléments d'humour et de comédies bienvenus
Mais c'est quoi son problème, je suis en prison aussi ! Ou encore les questions et remarques des profs de lycée pendant le cours, qui participent du malentendu amoureux ; ce ne sont pas vraiment les chevaliers des droits civiques, mais sans doute la prof non plus :mrgreen:
qui font exister un peu plus les personnages que dans ses autres films, sans atténuer la finesse de l'observation sociale
les policiers plutôt bienveillants, mais la pancarte de la prison qui interdit de dissimuler ses mains au parloir leur permet justement cela, cela renforce l'ambiguïté du fait que la part de la fonction qu'ils ne veulent pas assumer reste aussi un regard en surplomb
.
Pourtant j'éprouve toujours une forme de réticence. C'est très (trop) programmatique. Tous ses films constituent un réseau, l'un fonctionnant comme la clé de l'autre . L'indienne qui parle sa propre langue dans First Cow prolonge ici le veilleur samoan pris en otage qui doit mentir pour rendre à l'histoire une dimension d'anecdote qui la fait dériver d'un trop grand tragique. Son identité ethnique est une transparence opposée à la charge fantasmatique de la situation (le vieux, plutôt sympathique qui se fantasme en Clyde Barrow) , l'altérité est opposée au code et au cliché qui sont ici de manière singulière plutôt des modalités du regard sur soi-même. La palefrenière rappelle Wendy de Wendy et Lucy, mais assume peut-être une sexualité que Michelle Williams refoulait voire méconnaissait, et n'a plus besoin de dériver vers le Nord mais Michelle Williams est présente dans ce film, , presque avec le même visage, le même entêmment esseulé, en mère de famillle apparemment bien entourée mais mal comprise. Il n'y a pas vraiment de rencontre, la compréhension de l'autre est le déclencheur du transert (d'où l'humour du film). Une tonalité est donnée dès l'entame du film (comme le bateau de First Cow, ici la route devant la montagne blanche, qui sera parcourue de manière complète et décevante par le personnage le plus adulte, qui est ensuite déployée entièrement (un peu comme Farhadi, mais sans le goût du paradoxe moral et social).
Ici la thématique centrale semble être celle de l'investissement (dans on parallélisme éthique et économique - comme dans First Cow - finalement peut-être mal compris-ce qui intéresse Reichardt c'est justement l'idée que l'investissement peut être séparé du marché, rester autonome, ne structure rien, il est preque une parole), développée un peu comme un plan de dissert en trois parties.
Laura Dern investit un concept et une valeur (la loi, prise comme garantie incertaine de la justice sociale, neutralisant la colère de l'autre en la reconnaissant), Michellle Williams un objet ou un lieu (ses briques autour desquelles elle fantasme un foyer), esthétisé et secret (son confort le rend impénétrable, il n'a même plus besoin d'être construit dès lors que la matériau symbolique est capté, inaliénable ) et la palefrenière une femme qui ne va rien lui rendre, par honte ou fatigue. Le courage d'assumer l'enjeu érotique va isoler celle-ci encore plus et le film va alors se replier sur des vignettes à la fois évocatrices et atmosphériques : la radio finale qui parle à la fois d'une peine de prison pour un faux chèque (et du crime d'un malheureux, un peu comme dans la première histoire, l'illégalisme est un peu trop facilement replié sur le désir de fiction du subalterne), qui se confond bizarrement un périple devenu superflu vers le nord.
Toutes sont confrontées à une même fatigue, une même fragilité dans ce qu'elles valorisent, séparément. La première histoire est la plus intéressante et la plus drôle, avec son personnage, assez beau, de preneur d'otage un peu à la Fargo (avec un truc aussi Eastwoodien de gauche dans ce personnage du vieux vengeur), c'est aussi celle où il y a une réponse, un dialogue, l'autre répond, mais cela prend d'abord la forme d'un forçage, d'un préjugé misogyne voire d'une violence . Mais cette violence se perd elle-même, d'où l'espace un rapport presque égalitaire et désintéressé, mais il est le devenir minoritaire de l'ordre social, recouvert et menacé par une bêtise extérieure (assez coenienne).

Il y a un regard minoritaire mais incisif anti-conformiste et discret, mais sans lutte : l'énergie nécessaire à le connaissance de soi est pour Reichardt du même ordre que l'énergie requise par les luttes politique, voire à celle de la lutte des classes, et c'est a
par là que l'on rejoint le care et l'idée de réparation. Mais cela suppose aussi, et Reichardt a l'intelligence de l'assumer, que les concepts moraux sont eux-mêmes du simulacre et de l'apparence potentiels, que la fiction commence vraiment lorsqu'on le perçoit ainsi. C'est comme cela que j'interprète le râteau que la froideur de Kristen Stewart (ici sosie de Najat Vallaud-Belkacem) impose violemment à la palefrenière (en donnant l'impression d'un jeu de séduction alors qu'elle ne parle que d'elle, et sur le mode de la plainte permanente), ainsi que l'insistance sur le fait que les animaux ont un comportement plus finalisé que celui des hommes :ils broutent, courent reniflent et s'en trouvent immédiatement contents, et cette immédiateté est valorisée, pour autant ce n'est pas de l'écologisme, c'est exactement le point de vue d'Heidegger : cette finalisation rend la conscience de soi superflue, l'être animal comme son milieu sont pareillement extérieurs à l'homme et cette égalité les justifie par le regard seul que l'on porte sur eux.
J'avoue ne pas complètement me retrouver dans cette vision du monde.
Pour autant ce n'est pas un mauvais film, cela va plus loin que le dernier PT Anderson, rappelle un peu l'atmosphère des nouvelles de Carver (tiens d'ailleurs René Auberjonois, acteur clé d'Altman, mort l'an passé, joue ici, un beau rôle plus développé que celui de First Cow). On peut penser à une sorte de croisement entre Gregg Araki, Barbara Loden et les frères Coen, en plus discrètement cynique, et les personnages sont assez beaux.

Et en effet, en sortant du film, j'ai eu envie d'un hamburger avec des grosses frite salées (que l'on trouve dans les restoroutes du Montana mais ici dans les restos vaguement chicos de l'axe Stalingrad-De Brouckère de Bruxelles), mais finalement, comme la palefrenière (qui n'a pas de nom) je me suis rabattu sur un surgelé réchauffable au micro-onde du carrefour par fiérté.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 16 Jan 2022, 13:42, édité 26 fois.

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MessagePosté: 15 Jan 2022, 23:43 
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Antichrist
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Ce que tu dis n'est pas inintéressant mais la chute, bordel...


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MessagePosté: 15 Jan 2022, 23:45 
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La chute du film ou de mon message ?
C'est vrai que cela un côté modeste, mais je préfère cela à la démagogie de Night Move, avec l'écologiste autiste féminicide créé de toute pièce par le film pour mieux y être enfermé (voire de Wendy et Lucy, il y a une ressemblance; l'une est plaquée par son chien, l'autre par la femme qu'elle aime et commançait à stalker légèrement, de la même manière au fond, en renvoyant l'autre à un lieu où elle ne peut pas pénétrer, d'ailleurs Wendy perd sa chienne aussi pour ensuite mieux la stalker au chenil ou dans son jardin pavillonaire), ou bien à la ruse de First Cow (commencer par la fin, mais transformer le geste intime en enjeu de civlisation quasi-identitaire)

Ceci dit il y a des petites facilités de mises en scène (des bruits de train et de passage à niveau qui semblent tirés de la même bande son que Chill Out de KLF quand la palefrenière arrive à Livingston, cela résonne avec Wendy et Lucy... j'avais d'ailleurs déjà mentionné KLF dans mon message pour ce film).

Ça doit venir de : https://www.whosampled.com/sample/14076 ... rain-Pass/

https://youtu.be/WQNikntaiSo

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MessagePosté: 16 Jan 2022, 00:18 
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Tiens Lily Gladstone est vraiment du Montana (Kalispell) et a joué dans Jimmy P de Desplechin. Sans doute la femme dont les avances érotiques étaient à l'origine du trauma de Benicio del Toro. Pas sans lien avec son rôle ici.

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MessagePosté: 04 Nov 2024, 08:59 
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Au fur et à mesure que je découvre les films de Kelly Reichardt, je me rends compte qu'elle est passée maître, ou maîtresse d'un cinéma-pantoufle, ou d'un cinéma d'auteur du milieu, accessible à tout le monde, ce qui est une qualité, rythmé et anomique à la fois (on ne s'y ennuie presque pas comme le disait QGJ). Ce qui me frappe surtout, c'est le côté littéral de ses films : celui-ci n'a beau être composé de que quatre histoires, mutiques dans leur déroulé, tout, ou presque, est sur l'écran. C'est pas vraiment un cinéma de la litote, car en dire le moins ici n'en dit pas plus, l'opacité relative ne présente pas d'épaisseur. Ça fait penser à Wenders avec moins d'appétence pour la façon dont la fiction, le décrochage peut recomposer les données du réel. Mais beau plan de la voiture qui vient s'arrêter au bord de la route. Même la psychologie des personnages ne semble pas être entouré d'un si épais brouillard. Et oui, ça reste très américain dans sa manière d'embrasser des motifs chers au pays, cités par Art Core, mais qui sont des clichés dont les américains sont biberonnés dès leur plus jeune âge et qui sont à peine remis en question, disons qu'ils sont traités sur un mode mineur. Pas vu au début que Laura Dern couchait avec le mari de Michelle Williams, ce qui rend le film encore plus crystal clear qu'il ne l'était déjà.


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MessagePosté: 04 Nov 2024, 09:26 
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Robot in Disguise
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Je repense souvent au message d'Art Core en ouverture de ce topic, plein de formules cultes pour moi.

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MessagePosté: 04 Nov 2024, 10:05 
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lol ?

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MessagePosté: 04 Nov 2024, 13:30 
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Robot in Disguise
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Art Core a écrit:
lol ?
100% sincère et avec affection.
Citation:
Le film débute littéralement par une radio disant quelque chose comme "il y a un lourd manteau nuageux sur la ville" et il faut presque le prendre comme une déclaration programmatique. Car rarement avais-je vu un film aussi terne que ce soit visuellement (une photo sans contraste) ou au niveau de l'atmosphère. Tout baigne dans une espèce de grisaille à se flinguer, donnant à voir une Amérique profonde affreusement déprimante, comme vidée de toute pulsion de vie. La mise en scène, faite de plans fixes presque tous à la même distance des personnages, sans inserts, sans gros plans, n'exprime rien de spécial.
Citation:
D'une avocate qui galère avec un client frustré (et ça se termine sur la prise d'otage évidemment la plus molle de l'univers, à une femme qui va demander à un voisin si elle peut utiliser les pierres dans son jardin pour construire sa maison (je déconne pas),

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 04 Nov 2024, 14:01 
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Majorité de plans fixes, ça se discute par contre, mais Reichardt aime bien légèrement bouger sa caméra, et il y a aussi pas mal de plans fixes, pour être précis.


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