je me plains régulièrement que les films de 'genre' (au sens large) français sont trop sous influence américaine, alors que nous avons plein de modèles français tout à fait convaincants pour plein de choses, du coup c'était intéressant de voir que le problème se posait déjà méchamment en 1963.
parce que là, c'est vraiment un pur et dur film américain qui se trouve être français. c'est un film de casse, tiré d'un livre américain qui est visiblement conforme à 95%, c'est localisé à cannes en remplacement de la floride, mais sinon c'est conçu, pensé, rêvé comme un film de casse us. alors je sais bien qu'à l'époque ils étaient complètement fascinés, mais enfin dans tout excès il y a une forme d'erreur.
il se trouve en plus que c'est un genre qui m'emmerde, mais j'ai néanmoins vu et adoré le cercle rouge il y a une semaine, donc ça peut marcher sur moi. mais là, non. le casse est totalement basique, le plan est hyper simple, il n'y a aucune imagination nulle part, ni même d'inspiration perceptible d'une histoire vraie impressionnante. c'est vraiment désarmant de banalité, en plus d'être totalement obsolète technologiquement. le livre n'a pas de fiche wiki et semble avoir disparu de la mémoire du monde, tout comme son auteur, et c'est dur de ne pas penser que c'était vraiment de la petite littérature noire de l'époque, et qu'il se trouve que les droits étaient dispos et pas chers parce que c'était le truc un peu nul du lot.
l'adaptation a été écrite par albert simonin, puis wiki raconte ça :
Citation:
Par rapport au scénario tiré du livre, Michel Audiard n'a modifié, apporté, ou retouché que vingt-cinq répliques. Ces rares répliques suscitent la surprise de la production qui pense avoir payé bien cher pour si peu. C'est en découvrant l'intégralité du scénario modifié par ces vingt-cinq mots d'auteur, constatant que les interventions d'Audiard sont savoureuses, qu'elle revient sur son impression et se félicite du bon investissement réalisé dans ce travail.
et effectivement, audiard a tout donné et ces 25 répliques se remarquent bien, tant il y a dans le film des dialogues qui surjouent la gouaille argotique savoureuse mais qui du coup deviennent autoparodique (y a une parodie des inconnus de ce type de dialogues et c'était dur de ne pas y penser) et assez pénible. gabin lui même étant dans le surjeu, la caricature l'emporte sur le folklore, ça gâche tout.
c'est donc sauvé alain delon, qui est incroyable, magnifique, charismatique, parfait. une star de cinéma absolue, il transcende les plans, ça devait les préoccuper donc il n'a rien à envier aux plus grandes stars américaines, et il est absolument parfait, il a cette vibe de voyou et de mauvais garçon tout en étant magnifique et parfait en costume, il est absolument incroyable.
sinon il y a quelques chouettes scènes, mais c'est aussi surtout marrant comme témoignage de l'époque : la fascination pour l'amérique, donc, à cette époque où la france change à toute vitesse. déjà c'est vraiment marrant comme les autres delon que j'ai vus ces derniers jours datent des années 70, 10 ans seulement après celui-ci et le cinéma a totalement changé de forme, la culture sociale aussi, en 10 ans le pays s'est métamorphosé, fou. et c'est inclus dans le film : comme dans le chat, gabin au début est le dernier dinosaure à vivre en pavillon dans un banlieue où tout a été rasé pour construire de belles et modernes barres d'immeubles à bas prix pour accueillir une classe moyenne qui n'en revient pas de sa chance. ici, sarcelles. ahahah.
donc voilà, en soi le film était une rude déception, mais c'est un sommet d'alain qui était vraiment à tomber, donc j'étais quand même content. 3,5 millions d'entrées à l'époque !