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MessagePosté: 10 Mai 2020, 01:39 
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Je faisais déjà partie des défenseurs du film à sa sortie et je crois que je l'aime un peu plus à chaque fois que je le vois.

Faut dire que c'est devenu un genre que j'affectionne particulièrement, surtout qu'on a eu la chance de le voir plusieurs fois explorés ces dernières années et, sorti au début du siècle, Mission to Mars préfigure par certaines séquences Gravity ou Interstellar. Après, tous ces films ont pour ancêtre 2001 et Mission to Mars n'est pas sans rappeler d'autres fleurons de la SF des années 70/80 mais, à l'heure où ce type de films semblait avoir disparu, il a devancé la vague à venir.

D'ailleurs, a posteriori, c'est quand même dingue de se dire que Brian De Palma s'est vu confier la réalisation de ce film (après le départ de...Gore Verbinski). À l'époque, vu qu'il venait de faire Mission : Impossible, ce n'était pas forcément étonnant, mais après avoir passé des jours à regarder tous ses films, presque exclusivement des thrillers, voir De Palma s'atteler à de la hard SF à 60 ans, c'est quand même dingue. Ce fut son plus gros budget d'ailleurs, avec 100M$...ce qui explique sans doute pourquoi c'était la dernière fois qu'on lui faisait une telle confiance, vu le bide.

Et c'est pour moi son dernier bon film (pas encore revu Le Dahlia noir ni vu Domino mais bon...).

La première heure est impeccable.
À l'exception de quelques dialogues didactiques as fuck (globalement dès qu'il s'agit d'exposer le trauma du personnage de Gary Sinise : Cheadle au début...face à Sinise lui-même, Robbins face à Mueller-Stahl, etc.), c'est un remarquable film de SF à la fois accessible et adulte. On n'a pas la rigueur vérace d'un Apollo 13 mais en termes de premier degré et de tension, c'est au niveau, c'est même supérieur.
À l'instar du piratage de la CIA dans son précédent blockbuster, De Palma se défait de toute musique pour la première séquence sur Mars et la découverte de la montagne, laissant les sons drones faire gonfler la tension lentement comme se forme cette tornade consciente, comme une version gigantesque et meurtrière de l'aquatentacule d'Abyss. Quand t'as ce plan de profil et que la colonne prend la forme d'un ver géant...let's just say Villeneuve a intérêt à assurer. S'ensuit alors un rappel qu'à l'époque où le label Touchstone de Disney existait encore, on pouvait voir une tornade faire tournoyer un homme si vite qu'il finissait DÉMEMBRÉ EN GROS PLAN.

Ouais à partir d'ici, on va passer en mode spoilers.

À plusieurs reprises, De Palma n'a pas peur de laisser le sang et la mort prendre le pas sur la mission, comme dans l'incroyable séquence de l'impact de micrométéorite, qui commence by drawing blood, lançant les orgues funèbres de Morricone. Le sang est là, il flotte, on le regarde passer lentement. Ce n'est plus une effusion de sang que l'on oublie aussi vite qu'elle a jailli. L'apesanteur, les décors blancs, les mouvements lents alors que le temps est compté...on est encore dans le piratage de la CIA.
Et comme si ça suffisait pas, juste après, la tentative de relier le REM puis de relier Tim Robbins puis...la mort, encore, inévitable, froide (c'est le cas de le dire).

Une marche funeste que De Palma opère donc en direction d'une renaissance...

Maintenant, il y a clairement un déséquilibre dans le film.
Pendant un peu plus d'une heure, à l'exception donc de cette séquence de la tornade dans le premier acte, l'action du film a quelque chose de "fonctionnel". Je ne dis pas ça péjorativement mais les obstacles présentés sont purement pratiques mais ne sont pas foncièrement lié au concept du film, à son mystère et donc à son propos.
Une fois l'équipage arrivés sur Mars et Luke retrouvé, l'énigme qu'il évoque est assez vite résolue et nos héros entrent dans le Visage. J'aime beaucoup les idées en œuvre dans cette résolution, le côté post-Chariots of the Gods proto-Prometheus en positif et le départ de McConnell qui y trouve sa destinée...mais l'ensemble paraît un peu undercooked. Ce n'est pas tant que la mise en image de la séquence planetarium est simplette (par contre, c'est le retour du didactisme, avec ces répliques explicatives en off qui puent le rajout en post-prod pour les plus teubés dans le public), c'est que la mise en œuvre de cette conclusion ne paraît pas assez bien amenée en amont.

Comme dit plus haut, tout ce qui touche au deuil de McConnell ne passe que par des échanges basiques + une petite vidéo maison. Le "manque" que ressentirait le personnage et qu'il comblerait avec son départ n'est jamais ressenti par le spectateur. Quand Roy Neary choisit de partir à la fin de Rencontres du 3e type - principale inspiration de cette fin, avec notamment cet alien longiligne et muet qui tend ses longs bras et doigts - on a vu son obsession tout le long. Elle lui a même coûté sa famille et presque sa santé mentale. Ici, la catharsis est beaucoup moins forte, beaucoup moins émouvante. Je devrais chialer à la fin et je chiale pas. Même si la toute dernière image du montage (un peu moche) d'images que voit McConnell avant de décoller m'a eu. Normal, c'est quasi un plagiat de la séquence similaire à la fin d'Armageddon...mais c'est surtout la seule image spécifiquement tournée pour ce montage alors que le reste, composé d'images quasi-random du reste du film, comme si le mec n'avait pas eu de vie avant (ou plutôt comme si cette idée de montage était également une idée de post-prod et non quelque chose de prévu).

Alors on se raccroche à ce qu'on peut, à la ressemblance dans le design brancusiesque de l'alien et de la femme de McConnell, dans le geste reproduit de la main tendue, McConnell trouvant sa libération dans un double depalmaien de sa femme qui est aussi son créateur et l'invite à retourner dans un liquide amniotique (Abyss encore) pour retourner "à la maison". Je ne sais pas s'il y a "quête de la femme" mais il la trouve en finissant le voyage et en concrétisant sa prédiction.

S'il était arrivé plus tôt sur le projet, s'il n'avait pas été sous le microscope d'execs Disney, peut-être le film aurait-il été plus abouti, plus fort sur la fin et je serais à fond...en l'état, ça pèche un peu mais je trouve ça quand même très bien.

And it's all downhill from here...

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MessagePosté: 10 Mai 2020, 08:01 
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Fabuleuse discussion sur la quête de la femme, sur le forum Première. Le bon temps...

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 10 Mai 2020, 08:37 
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Cosmo a écrit:
Fabuleuse discussion sur la quête de la femme, sur le forum Première. Le bon temps...
Normal, on avait 20 ans et on était tous dans cette quête...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 10 Mai 2020, 10:37 
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Une de tes meilleures critiques.


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MessagePosté: 10 Mai 2020, 11:44 
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Ah? Merci.

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MessagePosté: 10 Mai 2020, 11:47 
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Jamais vu entier je vais me le faire.

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MessagePosté: 10 Mai 2020, 11:54 
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Vu le film il y a longtemps. Souvenir d'un truc assez moyen avec vingt dernières minutes mystiques qui confinent au ridicule. Par contre comme tout De Palma il y a des fulgurances et j'ai encore le souvenir en tête de cette fabuleuse scène
Le moment u l'astronaute lâche la main et crève dans l'espace.


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MessagePosté: 10 Mai 2020, 13:41 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Un des nombreux de Palma que je n’ai pas vus.. #inculte

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MessagePosté: 10 Mai 2020, 13:58 
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Vu aux halles dans une salle quasi vide. Grosse douche froide critique à sa sortie mais encore aujourd’hui je ne sais pas si c’est un film apprécié ou tombé dans le giron des films réévalués. Il mérite d’être revu.

]
Cosmo a écrit:
Fabuleuse discussion sur la quête de la femme, sur le forum Première. Le bon temps...


Ça me dit quelque chose. Je me souviens des reproches sur certaines choses comme le barbecue, les smarties ou la fin

Jamais vu son concurrent direct de l’époque « Planète rouge » qui s’est encore plus viandé.


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MessagePosté: 10 Mai 2020, 14:00 
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Je vois pas quel pourrait être le souci de la scène du BBQ.

Les Smarties c'est de la bonne vulgarisation visuelle mais je peux comprendre que ça prête à sourire comme raccourci.

Red Planet c'est du bis vaguement rigolo mais bon...

Vu M2M aux Halles aussi. Mais je crois pas que le film soit réévalué, notamment aux States. En France, il était déjà dans le top de fin d'année des Cahiers et avait ses défenseurs depalmistes.

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MessagePosté: 14 Avr 2023, 15:33 
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Revu clairement à la hausse. J'étais resté sur une impression très mauvaise de ma vison au cinéma. Etais-je resté que sur la déception liée au final?
Le film tient clairement la route jusqu'à l'entrée dans le vaisseau extra terrestre. Ce n'est pas follement novateur mais les influences sont digérées et le spectacle spatial est là. Les scènes dans l'espace n'ont pas vieilli, sont très prenantes et la mort
de Tim Robbins
est un belle et grande scène. Il y a aussi des passages réussis ( les micro météorites, la scène du sang et de la fuite, la migration jusqu'au vaisseau en orbite). Ces moments là n'ont clairement pas à rougir avec des films plus récents comme Interstellar ou Gravity. Visuellement les décors sur Mars ont de la gueule et la scène de la tempête se transformant en espèce de ver géant en sable est picturalement à tomber.
Ce n'est pas toujours bien dialogué, l’entame est un peu longue mais on s'éclate vraiment durant un long moment.
Et puis patatras, on rentre dans le vaisseau ( avec encore une fois une belle idée visuelle de blancheur et de cette porte qui se ferme) et là tout s'accélère. Le film prenait son temps et on torche un final merdique, sur explicatif en 10 minutes. Non seulement cela devient moche ( l'esthétique de l'extra terrestre, les horribles cgi de la Terre et de l'évolution, etc) mais aussi d'une platitude infinie dans ce que cela raconte ( c'est vu, lu mille fois
le coup des Ets qui seraient nos créateurs
). Cela passerait si c'était bien raconté mais c'est bâclé, sans aucune émotion. Cela nous fait rien le départ de Sinise. On raccroche cela avec la mort de sa femme avec de gros sabots. C'est un peu la même déception que le final de Contact mais en pire. Et comme ce qui se passe avant est moins original, la mauvaise impression laissée par cette dernière partie reste plus en tête.
Encore une fois comme dans beaucoup de films de Sf, le voyage est bien plus intéressant que l'arrivée.


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MessagePosté: 04 Juil 2024, 09:26 
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Enfin découvert hier soir et beaucoup aimé. Difficile de comprendre aujourd'hui l'acceuil désastreux du film à l'époque où de mémoire il était limite considéré comme un nanar. Il y a une ambition de SF assez dingue quand même et finalement assez peu commune pour l'époque de mélanger dans une première partie de l'exploration spatiale "réaliste" qui rappelle évidemment Gravity et de l'autre côté d'explorer une mythologie extraterrestre effrayante et gigantesque. Et c'est plutôt réussi. La première scène de l'attaque est vraiment impressionnante et les effets tiennent encore très bien la route (même si à postériori cette attaque n'a quasiment aucun sens face à des aliens supposément bienveillants) et toute la partie approche de mars et les galères qui s'enchaînent est excellente. Et j'ai aucun problème avec la fin qui évidemment se situe entre 2001 et AI mais qui pour moi fonctionne totalement même les CGI qui semblent volontairement sommaires (comme une projection).

Du côté des bémols, il faut bien reconnaître que Jerry O'Connell est un peu hors sujet dans son rôle de sideckick comique, quelques scènes un peu cringes (le cours de danse en apesanteur., le plantage de drapeau US quand ils arrivent sur mars comme si c'était le plus important, l'horrible séquence vidéo souvenir, les M&M's...), des dialogues trop basiques et puis il faut le dire Gary Sinise est calamiteux, le mec avec sa tête de batracien n'exprime rien du tout, il est tout figé, tout nul, c'est un acteur de second rôle sympathique (il est génial dans Forrest Gump) mais on comprend vite pourquoi il a pas trop eu de premiers rôles par la suite. Ca bloque d'ailleurs pas mal toute l'émotion potentielle du film qui reste quand même très superficielle, c'est dommage. Pas fan non plus de la BO de Morricone un peu vieillotte et hors sujet elle aussi.

Non vraiment chouette découverte et De Palma qui n'a pas du tout à rougir même si on n'y voit pas tant que ça sa personnalité (quelques mouvements un peu longs sympa) et qu'on sent qu'il s'est effacé au profit du film.

4.5/6

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MessagePosté: 04 Juil 2024, 09:53 
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Art Core a écrit:
Pas fan non plus de la BO de Morricone un peu vieillotte et hors sujet elle aussi.
Vieillotte, pourquoi pas à l'écoute des BO à gros coups de "brrraaahhh" de la SF XXIe siècle (mais du coup son clacississme la fera certainement moins vieillir) mais hors-sujet, non. Limite, c'est la BO qui sauve ce joli film fragile du bon gros ratage.


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MessagePosté: 04 Juil 2024, 10:41 
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Oui elle apporte un certain truc mais m'a paru trop en décalage.

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MessagePosté: 04 Juil 2024, 13:13 
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Souvenir d'une horrible mélodie sur la scène où ils réparent les micro impacts.


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