Bonjour
Si j'ai connu Benjamin via le forum comme beaucoup dès mon inscription en 2000/2001 sur le forum premiere, je ne l'ai connu que personnellement que tardivement, à partir de 2019. Nous échangions régulièrement via Insta et FB des mêmes sur les films, nos avis divers, nos critiques, on s'étonnait d'avoir parfois les mêmes goûts ciné, on se faisait découvrir des pépites musicales ou des livres. Il m'a fait découvrir Dieppe (il disait qu'il rêvait d'y vivre). Mais curieusement, on ne s'était jamais vu, l'occasion ne s'était jamais concrétisée à cause d'emploi de temps mal foutu.
Puis fin aout 2022, quand j'allais quitter Paris, je lui ai dit qu'il fallait qu'on se voit au moins une fois avant mon départ. C'est là qu'il m'a annoncé qu'il avait un pépin médical « grave, très très grave ». J'ai immédiatement compris ce qu'il en était. Nous avons pris notre premier café, quelques jours plus tard, début septembre. Il m'a raconté son diagnostic, la gentillesse des médecins. Sa future opération. Au fond de moi, j'étais en colère. En colère contre ce qui arrivait au mec le plus doux, le plus gentil que je connaisse.
Début novembre 22, il devait commencer sa chimio. J'ai eu l'idée de lui faire un cadeau, un encouragement. J'avais vu la plateforme Cameo qui permet de demander à une célébrité de faire un mot personnalisé. J'ai demandé à certains d'entre vous quel acteur Benjamin adore, beaucoup m'ont répondu Peter Weller, car Robocop est un de ses films préférés. Je l'ai contacté, je lui ai expliqué ce qu'il en était. 48 heures plus tard, Peter Weller enregistrait le plus beau des messages et le plus touchant (son fils s'appelle aussi Benjamin il disait être très ému) et l'encourageait dans son combat. Benjamin m'a dit qu'il n'en revenait pas, que Peter Weller lui avait laissé ce message, rien que pour lui.
On a continué à discuter, de ses séances chimio, de la maladie et surtout des films, de musiques. Tous les matins j'allais courir au bord de la plage je lui envoyais les photos de levés de soleil. Quand je partais en rando, je l'inondais de photo de paysages, de vidéos. Quand je remontais à Paris, je prenais un hôtel pas loin de chez lui et on se prenait un café dans une boutique qu'il adore. Quand il ne pouvait pas descendre, je lui laissais un café suspendu qu'il pouvait récupérer plus tard.
Courant décembre 23, on a pris un petit dej au deux moulins. Il était fatigué mais il a tenu à faire une grande promenade dans Montmartre. On est passé devant plein d'endroits et de souvenirs. Il m'a montré les escaliers sur lesquels John Wick vient rebondir. « Tu te rends comptes que des gens économisent parfois toute une vie pour juste venir ici » me disait-il en me montrant les rues de Montmartre. « On ne se rend pas compte parce qu'on vit ici, on a oublié à quel point c'est beau ».
Et puis chaque soir, il y avait son petit texte, qu'on attendait tous. Ce petit paragraphe c'était le signe que la maladie avait encore perdu une journée. C'était sa manière de crier qu'il était encore là.
J'ai continué à envoyer des tonnes de photos de plages, de levers de soleil, de voyages. Il répondait « arrête ! … non n'arrête surtout pas » ou ton traditionnel « gnagnagna ! ». je me souviens d'un appel visio qu'on s'est passé au sommet d'une cathédrale à Venise, je voulais te montrer combien s'était beau, je voulais que tu sois là toi aussi.
Et puis les textes se sont arrêtées. Nos échanges devenaient difficiles. L'on m'a dit que pour la situation se détériorait. Il a été hospitalisé. J'ai pu le voir, il y a 15 jours. Cécile m'avait prévenu sur sa condition. J'ai toqué à la porte, j'ai entendu un murmure. Je suis entré. Il était allongé sur son lit d’hôpital dont il m'avait envoyé une photo quelques jours plus tôt : un mur gris, un tableau blanc sur lequel était écrit son nom, la date, les prénoms de ses infirmières. ( Une photo que je garderai toujours précieusement)
Dès que je suis entré j'ai vu son visage s'illuminer. Il ne se rappelait plus de mon prénom. Mais il me reconnaissait. À l'infirmière qui est venue lui apporter ses médicaments, il m'a présenté comme « un ami du quartier ». Mais il savait que nous étions proche. Nous avons parlé, nous avons ri au point que les autres patients agacés ont fermé leur porte de chambre. Nous avons parlé d'un livre sur l'écriture de script (et il s'est rappelé que Bob lui avait parlé de quelque chose de similaire). Je l'ai serré contre moi, je lui ai promis que je revenais dans 15 jours. Il m'a dit qu'il serait là. Ce souvenir, cette petite heure, et tous les autres, je les garderai précieusement.
Le même jour j'avais pu croiser Cécile et de deux de ses enfants.
Son dernier like, lundi dernier, une énième photo de bord de mer avec un verre de café. Je lui envoyais cette photo très souvent, il me répondait avec une photo de son latte à un terrasse parisienne.
Benjamin disait souvent qu'il ne laisserait rien derrière lui. Il suffit de voir tous vos témoignages, les messages qu'il a reçu, pour dire qu'il a tort sur ce point (ça et sa critique sur No Way Home). Il laisse beaucoup d'amour, de tendresse et de souvenirs. Et des textes fabuleux. Toutes ces choses qui ne pourront jamais être attaquées par le temps.
Je pense à sa famille, ses enfants, Cécile. et tous ses amis, ses proches.
Au revoir mon ami.
Dernière édition par meriadeck le 27 Mai 2024, 09:16, édité 1 fois.
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