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MessagePosté: 26 Jan 2024, 18:07 
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Biopic de la famille Von Erich, une grande famille catcheurs dont le père a entraîné ses enfants pour qu'ils deviennent les champions du monde de catch poids lourds. En France j'imagine qu'ils ne sont pas vraiment connus mais les Von Erich sont très connus aux Etats-Unis que ce soit pour leurs exploits sportifs mais aussi pour la supposée malédiction qui entoure cette famille qui a enduré de nombreuses tragédies.

J'avais adoré The Nest, le précédent film de Sean Durkin, sorti dans l'indifférence générale en plein covid et qui racontait là aussi une histoire de famille et de succès qui dissimulait un profond mal être. Il y avait tout un truc très spectral dans une grande maison filmée comme une maison hantée. J'ai totalement retrouvé ça dans The Iron Claw, récit assez classique dans un premier temps sur cette famille texane où le patriarche qui a modérément réussi sans jamais avoir atteint son objectif (devenir champion du monde) passe le flambeau à ses 4 enfants qui vont tous devenir catcheurs avec plus ou moins de succès.

Très vite le film troque la jovialité de cette fratrie si intensément proche pour une espèce de poison mortifère qui infuse peu à peu tout le film et le rend terriblement poignant. Comme si ce qui précédemment les maintenait en cohésion les faisait tous exploser les uns après les autres. Pour des raisons factuelles d'abord, que ce soit la compétitivité entre eux, la jalousie, la pression paternelle, la peur de l'échec mais également dans quelque chose de plus indéfini, rejoignant cette crainte d'une malédiction qui poursuivrait cette famille et qui donne au film ce côté fantomatique
(j'aime beaucoup comme il n'y a qu'un plan, un seul, où la mère est assise devant la télévision et derrière elle dans l'escalier un de ses fils morts, le premier je crois, qui l'observe. C'est tout, un plan suffit.


C'est parfaitement bien incarné par un casting absolument parfait et notamment un Zac Efron bluffant en personnage principal. Il a un corps presque déformé par la musculation et surtout son visage est fascinant. Il semble avoir en permanence un masque de cire presque inexpressif, je sais pas si c'est dû à de la chirurgie esthétique ou si c'est quelque chose de spécifique pour le film mais ça lui donne une espèce de placidité terrible, de celui qui regarde les autres qui sont au contraire des boules de vies (Harris Dickinson et le toujours génial Jeremy Allen White - même si je crains qu'il ne s'enferme dans des personnages borderlines et dépressifs). Le père aussi très fort, le Holt McCallany de Mindhunter. Les personnages féminins sont beaucoup plus en retrait même si la mère (Maura Tierney) est très émouvante alors même que l'on comprend que d'une certaine manière elle est responsable de tout ça, se remettant trop facilement à Dieu alors que ses enfants sont clairement en souffrance.

C'est un companion piece parfait à un autre film de sport totalement mortifère, Foxcatcher (je retrouve d'ailleurs un peu de Bennet Miller - moins radical - chez Sean Durkin). Un film vraiment émouvant qui déroule tragédie sur tragédie avec une espèce de platitude terrible comme s'il fallait s'y faire et qu'il fallait aller au bout de cette litanies d'horreur dans une fiction écrite d'avance. D'ailleurs autre chose très réussie du film c'est de jouer sur la nature même du catch. Le catch n'est qu'une fiction, ce n'est pas un véritable sport, on ne devient pas champion du monde parce qu'on est meilleur que les autres, on le devient parce qu'une entreprise a décidé de le faire suivant la popularité et le potentiel d'argent que peut rapporter une telle "promotion". Et le film de nous montrer à quel point tout ça n'a pas de sens, tout ça n'est qu'une vaste mascarade et qu'il n'y a aucune joie et aucune fierté à tirer de tout ça. Cela rend le film encore plus poignant.

J'aime beaucoup les deux scènes finales
Durkin qui ose la scène où les frères se retrouvent enfin dans un paradis qui n'est rien d'autre que leur Texas natal et Efron qui s'autorise enfin à pleurer en regardant ses enfants. Sa dernière réplique est magnifique "I used to be a brother and I'm not anymore".
Excellent film, Durkin est clairement sur ma liste dorénavant.

5/6

PS : j'ai appris donc que la réalité est encore pire que ce que raconte le film parce que
Durkin a carrément enlevé un personnage. Ils n'étaient pas 4 frères au départ mais 5 et que ce n'est pas deux frères qui se sont suicidés mais trois :shock:

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MessagePosté: 26 Jan 2024, 18:13 
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Et ce qui est étonnant est que le catcheur joué par Efron a autorisé la sortie du film tout en disant que son père était quelqu'un d'aimant et d'admirable.


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MessagePosté: 26 Jan 2024, 18:34 
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En fait le film raconte les choses de manière assez factuelle sans parti pris trop marqué. Le père passe pour un connard mais sans que ce soit grossier ou manichéen. Je comprends que le film soit validé par la famille.

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MessagePosté: 30 Jan 2024, 09:27 
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En un sens, c'est encore un film de secte pour le réalisateur de Martha Marcy May Marlene, seulement cette fois, ce n'est pas une "Famille" dans le sens Charles Manson du terme mais une vraie famille. Néanmoins, le patriarche n'est pas moins une figure de gourou, inculquant à ses gosses depuis leur plus jeune âge la compétitivité comme seule manière de "beat this thing".

La chose en question, c'est une malédiction, que toute personne sensée réfuterait, mais qui exerce, telle la prise de catch signature de la famille qui donne son titre au film, une emprise sur les Von Erich, à commencer par le père, lui donnant quelque circonstance atténuante, et l'amenant à devenir lui-même la "griffe de fer" à laquelle devra échapper Kevin (Zac Efron, incroyablement touchant, qui continue sa trajectoire tatumienne).

Si le récit peut donner parfois l'impression de dérouler un programme qui apparaît comme évident dès la première scène, avec notamment cette avalanche de tragédies à la limite du crédible, il trouve son cœur dans la peinture faite de cette fratrie dont l'amour des uns pour les autres est visible, presque palpable, et complètement sincère. Et ce malgré un daron qui les pousse à rivaliser les uns avec les autres pour sa fierté. Et en quête d'un objectif d'autant plus illusoire qu'il s'agit d'un titre de champion du monde dans une discipline chiquée. Le hasard de la réalité fait bien les choses parce que le catch est le sport idéal pour cingler la masculinité toxique et le miroir aux alouettes promues par le père. Alors que tout ce que ses grands enfants aiment, c'est de jouer ensemble sur le ring comme ils joueraient dans leur jardin.

A ce titre, après s'être interdit tout le long tout pathos pour éviter de tomber dans le mélo, Durkin se permet une superbe scène émouvante en guise de conclusion.

Il me manque un petit quelque chose, plus viscéral ou plus surprenant, pour vraiment adhérer plus que ça mais c'est bien.

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MessagePosté: 30 Jan 2024, 12:07 
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Très beau film, émouvant sans être larmoyant, avec une mise en scène toute en retenue et des acteurs particulièrement justes. Certaines scènes font dresser les poils (le mariage, la fin, …). Effectivement, le père est un gros con mais pour autant rien de manichéen, on sent que ça fait partie de l’ADN de cette famille totalement ancrée dans certaines valeurs américaines.

Deux petits bémols : les règles des compétitions de catchs auraient mérité un peu plus de clarté et le vieillissement des acteurs à la fin laisse un peu à désirer vu le nombre d’années écoulées.

4/6


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MessagePosté: 04 Fév 2024, 00:23 
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je n’avais pas beaucoup aimé martha marcy may marlene, que j’avais trouvé vide et chichiteux. je n’avais pas beaucoup aimé the nest non plus, que j’avais également trouvé un peu vide et un peu chichiteux. les biopics me gonflent, et les films sur le sport ne me parlent à priori pas du tout. d’autant plus sur le catch, sport qui m’énerve, je ne comprends pas ce qui est bidonné ou pas, et comment, ça m’énerve. entre la chirurgie et les stéroides, zac efron me met très mal à l’aise. un film a24 qui va cartonner à ny et la sur des rednecks catchers, ça semblait typiquement le genre de film safari qui m’agace un peu.

bref, j’étais pas chaud, mais l’accueil du film m’a convaincu, même si je ne doutais pas un instant que je n’allais pas partager l’emballement collectif.

et effectivement c’est bien, et effectivement je ne suis pas ausis emballé que tout le monde.

c’est quand même une histoire impressionnante, assez bouleversante, clairement « ce serait dans un film, on n’y croirait pas ». art core et ff ont bien résumé les choses, la dimension familiale est puissante, mais ça n’écrase pas les individus qui existent tous individuellement – à part la femme de zac efron qui est quelconque c’est globalement une réussite totale en terme de casting et d’écriture de personnages.
mes craintes n’étaient pas fondées, c’était pas un film de csp+ pour d’autres csp+ à propos de csp- pour pouvoir se dire « oh la la c’est incroyable ces gens-là mais c’est quand même touchant », c’est une plongée totalement empathique et sincère dans un milieu social et familial unique et assez invraisemblable, c’était très respectueux à la fois de leurs spécificités sociales mais sans jugement ni rien. vraiment aimé ça.
et comme simili biopic c’est très bien, c’est très bien raconté, par un vrai auteur, aucune impression de fiche wiki tant il se sort bien des passages obligés et tant il arrive à faire ressortir les thèmes et les émotions, avec cette notion terrorisante mais bouleversante de malédiction familiale. Il y a plein de plans formidables, que ce soit pour ce qu’ils captent ou la manière de le capter.

là-dessus, ça reste une illustration – tout à fait réussie, donc – d’un article – tout à fait intéressant - de paris match, vraiment c’est pas ce que je trouve de plus stimulant au cinéma et cette ère de films est quand même très chiante. j’ai aussi tiqué sur le refus de vieillir les acteurs, sur l’aspect balek de la ressemblance de la fratrie, sur le too much de l’étalonnage. il y avait des scènes franchement ratées (dont la dernière, je vois le concept mais c’est tellement une scène de cinéma sans rapport avec la réalité alors que le reste du film n’est pas comme ça)…

bref dur de totalement passer outre mes réticences fondamentales, mais c’est clairement le mieux de ce que ça pouvait être et c’est un très bon tire-larmes à recommander aux gens intelligents mais pas cinéphiles et vous demandent « y a quoi comme bon film en ce moment ? ».


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MessagePosté: 05 Fév 2024, 10:55 
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Le film a l'intelligence de montrer plutôt que de surligner. Le père est horrible, mais on ne le voit pas non plus hurler sur ses gosses ou les battre : son emprise est diffuse et n'exclue pas un réel amour paternel, ce qui la rend d'autant plus inextricable (même pour des adultes). La mère est absente, mais on ne lui reproche pas plus que cela, elle a ses raisons. L'aîné mort, blessure originelle qui, couplée à l'ambition déçue du père, entraine tout le reste, n'est presque pas évoqué, et pourtant on sent son absence en permanence. La drogue et le dopage sont montrés, mais comme accessoires. C'aurait pu être affreux et ça s'avère étonnamment touchant, jusqu'à faire avaler tranquilou deux scènes finales très casse-gueule.


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