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1936 !!!

incroyable, quand même, presque un siècle.
d'autant plus que le film se déroule en bonne partie dans l'enfance du protagoniste, donc autour de 1890. incroyable. et en voix off il dit "voyez comme les gens sont habillés, comme ils peuvent nous paraitre ridicules, comme nous ne manquerons pas de paraitre ridicules quand d'autres nous regarderont dans 40 ans...". mais moi je les trouve pas du tout ridicules, je les trouve tous magnifiques, quel bonheur.

d'autant que c'est le haut du panier de sacha, un sommet, clairement.

le concept est génial, le héros écrit son autobiographie à la terrasse d'un café, et on l'entend nous la lire en voix off, et les images illustrent le récit. du coup le film est filmé comme du muet, il n'y a pas de son direct aux images, et les personnages n'y parlent pas. et sacha, qui a souvent été brocardé pour sa mise en scène fonctionnelle de théâtre filmé, brille. les mises en scènes sont parfaites, illustratives mais vivantes et riches, il filme les gens, les lieux, les choses, il y a un oeil d'observation, il y a clairement la volonté de recréer le muet tout en maitrisant parfaitement les possibilités offertes par le son. c'est vivant, drôle, et stimulant.

l'histoire n'est pas moins super : l'autobiographie d'un 'tricheur', d'un homme dont la vie l'a toujours conduit vers le vol et la triche, plus ou moins à ses dépends. il vit plein de petites aventures, et ça fonctionne comme un drôle film à sketchs, autant que comme une fable sur la manière dont on s'en sort dans la vie. le décalage du temps enrichit encore l'histoire : 100 ans après, tout le monde mort et enterré et les tombes en ruines, que reste t'il de l'honnêteté ou de la malhonnêteté des uns et des autres ? en mettant en scène tout ça, plus le hasard, plus les classes sociales, plus les circonstances, c'est à la fois une petite histoire d'1h17 construite comme une succession de scénettes mais il y a une vrai richesse et une vraie profondeur.

un autre film de sacha dont il serait pertinent de voler le concept pour en faire un remake totalement réinventé contemporain.
mais évidemment, personne n'a son esprit et son charme, son humour et son intelligence. ces phrases magiques qui sont tellement drôles par une simple tournure ou un choix de mot. personne ne peut être aussi séduisant par la puissance de son cerveau et la richesse de son vocabulaire, malgré les actes moralement répréhensibles commis par le personnage qu'il incarne. personne ne peut avoir la finesse avec laquelle il narre les événements.

bref, un super film.

Film merveilleux, dans lequel le réalisateur (pourtant effectivement issu du théâtre et initialement réfractaire au cinéma) réflechit réellement à ce qu'est le cinéma (le fameux "au théâtre on est, au cinéma on a été").

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Film fondateur de la cinéphilie du jeune Chabrol avec Le testament du Dr Mabuse et La règle du jeu (cf. biographie d’Antoine de Baecque que je suis en train de lire)