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MessagePosté: 09 Oct 2023, 16:12 
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Quand elle arrive à l’Elysée, Bernadette Chirac s’attend à obtenir enfin la place qu’elle mérite, elle qui a toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président. Mais elle est mise de côté car jugée trop ringarde.

De la même manière que LE REGNE ANIMAL représente un passage de cap pour le film de genre d'auteur français, BERNADETTE est lui aussi une sorte d'aboutissement: il y a encore douze ans, faire un biopic présidentiel à l'échelle 1 comme l'était LA CONQUÊTE était un évènement, toute la presse ne bruissait que de ça, le film était top secret. Une décennie plus tard, BERNADETTE se permet non seulement de représenter Chirac, Villepin, Sarkozy (et Bernadette) mais il le fait sous la forme d'une comédie grand public... et dans la semi-indifférence. Que de chemin parcouru.

Le film s'inscrit en tous cas dans la veine de LA DERNIERE CAMPAGNE, le trailblazer du genre en France, une comédie télévisuelle qui voyait Chirac conseiller Hollande de façon surnaturelle dans sa quête de l'Elysée. Si le film n'est pas aussi bouffon, il se permet un humour décalé notamment à travers la présence d'un choeur (catho, pas antique) qui chante certains passages. Ca force un peu le "gag" mais ça reste plaisant et surprenant.

Après, je sais pas trop quoi retenir du film. Je connaissais déjà l'histoire et tous ses beats donc j'ai gentiment attendu que ça passe. Deneuve est pas mal, y a des moments où on sourit, mais bon dans la démarche "Prenons une figure historique pour la réhabiliter en héroïne féministe" on a vu plus pertinent, bouillonnant ou passionnant.

Le film a au moins le mérite d'avoir une nano-touche d'émotion vers la fin, dans le rapport entre Bernadette et sa fille maudite Laurence (Maud Wyler). Mais ça reste bien chiche.

Ah oui et sinon tout le monde dans le film semble sortir du même moule: que des chauves au grand pif (certains semblant être des hybrides des autres, genre Podalydès + Abelanski = Vuillermoz).

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 09 Oct 2023, 17:04 
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la fille d'un journaliste politique ayant écrit un livre sur jacques chirac pour réaliser un film sur bernadette chirac, ça pousse vraiment le concept de népo-baby toujours plus loin, jusqu'au bout de l'extreme limite.


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MessagePosté: 12 Oct 2023, 19:57 
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je suis vraiment beaucoup plus sévère que toi.

je me souviens de la sortie du promeneur du champ de mars, tout le discours promo était axé sur 1/ c'est un portrait de l'homme, pas du président 2/ le film a reçu l'aval de la famille. et je trouvais les 2 points aberrants, et je comparais avec nixon qui montrait l'impact de l'homme sur la politique et inversement, dans un film où ce qu'en pense la famille oliver s'en bat les steaks - et je me disais que cette approche là me convenait beaucoup plus.

20 ans plus tard, rien n'a fondamentalement changé, et on fait donc le film avec l'approche paris-match de la politique, qui correspond profondément à notre culture : un portrait humain, ouvertement complaisant, totalement dépolitisé. j'ai toujours trouvé ça navrant, mais de nos jours encore plus : barron noir a largement démontré qu'on pouvait parler de politique et dire des trucs et que les gens aimaient ça, mais à notre époque où 80% des gens haïssent les politiques, ça acte que le film ne s'adresse qu'à une poignée de retraités de droite et renonce totalement à dire quelque chose d'utile à son époque.

sauf, bien sûr, avec cet angle féministe particulièrement tiré par les cheveux. déjà, elle même n'y croit pas et le truc tient concrètement 30 minutes de film maximum. et puis surtout, ça ne correspond à rien dans la vraie vie. bernadette a eu du mal à trouver sa place, elle l'a vaguement fait au fur et à mesure, mais enfin de là à en faire potiche 2, c'est nawak. et c'est l'aberration centrale du film : c'est un biopic où on a ignore toute la personnalité réelle et les potentialité du sujet pour en inventer autre chose, de complètement inintéressant.
bernadette chirac, c'était une incarnation de la grande bourgeoisie catholique de province qui a fait un beau mariage avec un mec qui allait à l'ena. c'était un modèle social établi et dominant, devenu marginal - sinon disparu - d'ici à son départ de l'elysée.
c'était une femme qui a vécu quasiment tous les jours de sa vie adulte dans les palais de la république, logée nourrie blanchie, servie par des huissiers. une vie parallèle et totalement unique.
c'était une époque de la politique où le secret était encore partout, le président pouvait avoir des maitresses aux 4 coins de paris (qu'il rejoignait casqué pour ne pas être reconnu...!), il ne foutait pas grand chose de ses journées, les affaires et mélanges des genre étaient incontournables. les chirac l'incarnation absolue d'une époque révolue.
et oui, c'était le modèle de la femme qui ne travaille pas, "effacée", sauf que la vision de ces femmes là comme étant des potiches c'est une lecture moderne, dans la réalité elles géraient énormement de choses et avaient le contrôle sur bien des choses dans les couples.
et c'était quand même une bonne femme très particulière, authentiquement désagréable et cassante. mais complexe, évidemment. catherine nay raconte dans ses mémoires qu'elles avaient le même coiffeur, elles se croisaient ainsi 2 fois par mois dans un cadre "privé", et que une fois elle était charmante et faisait la conversation, badine, et la fois suivante elle ne jetait pas un regard et ne répondait pas au "bonjour". et ma mère est amie avec une ancienne collaboratrice, qui lui racontait que c'était vraiment la femme du monarque mais que à côté elle avait des aspects peu bégueule, elle citait en exemple cette fois où de retour de visite elle avait eu terriblement envie de faire pipi et s'était arrêtée sans barguigner dans des immondes toilettes d'autoroute, sous les regards what the fuckés des gens. rien que ces anecdotes sont plus drôles et riches (et moins connues...!) que toutes celles du film. et tous les thèmes potentiels sont réduits à une phrase, une scène, une anecdote, rien n'est jamais traité à part son angle débile.

et comme les pires biopics, le film est construit autour des gros chapitres : election, dissolution, coupe du monde, 21 avril... un choix à la fois terriblement ennuyeux parce que comme dit qui-gon, on connait tout ça par coeur donc on attend patiemment, mais comme le film refuse mordicus d'avoir un quelconque angle politique... quel est l'intéret ? montre nous la réalité de leur relation, ce lien invraisemblable et unique qu'ils avaient, la réalité de la vie quotidienne de la vie avec un président. parce que là, le film la présente comme en ayant marre d'être peu considérée, mais il ne la considère pas non plus : on lui accorde son "flair" sur 3 trucs, mais sinon bernadette flotte et semble toujours à 2 doigts de dire qu'elle n'y comprend rien, à la politique. mais le film me parait tellement sous informé, je connaissais toutes les références et anecdotes alors que je suis pas non plus un immense spécialiste. l'impression qu'elle a lu 2 livres, déjeuné avec son père, et basta.

l'écriture est d'une faiblesse affolante, autant dans les grandes directions que dans les scènes individuelles, qui n'ont aucun angle aucun point de vue vraiment on raconte le truc basiquement, parfois une blagounette qui fait glousser des retraitées et voilà. je n'ai pas compris le parti pris du n'importe quoi factuel de plein de choses, genre chirac et l'elysée qui découvrent en direct que la première dame des états unis est en france et a organisé son petit truc en loucedé avec bernadette. la mise en scène est d'une platitude à l'avenant, avec en plus une image numérique bien plate bien dégueu.

michel vuillermoz est un excellent chirac et les blagues récurrentes sur villepin, la boussole qui indique le sud m'ont amusé. et bien rigolé avec la reprise de dieu m'a donné la foi, parfaitement placée en plus (et qui-gon appréciera, qui est sortie au moment où se déroule la séquence).

nul.


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MessagePosté: 12 Oct 2023, 20:42 
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MessagePosté: 12 Oct 2023, 20:46 
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Citation:
on fait donc le film avec l'approche paris-match de la politique, qui correspond profondément à notre culture : un portrait humain, ouvertement complaisant, totalement dépolitisé.


N'importe quoi

ok, on fait la couv sur le film, hahaha


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MessagePosté: 12 Oct 2023, 21:26 
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Lohmann a écrit:
N’hésite pas à mettre des notes sur la page dédiée.


c'est quoi / où la page dédiée ?


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MessagePosté: 12 Oct 2023, 21:57 
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FingersCrossed a écrit:
Lohmann a écrit:
N’hésite pas à mettre des notes sur la page dédiée.


c'est quoi / où la page dédiée ?

Ici : http://tops.plan-sequence.com/top.php

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MessagePosté: 12 Oct 2023, 23:41 
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FingersCrossed a écrit:
je suis vraiment beaucoup plus sévère que toi.
72 heures après je ne retiens déjà plus rien du film, je te rassure. Mais la séance n'était pas désagréable.

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MessagePosté: 13 Oct 2023, 13:37 
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Vu uniquement parce qu'il était à 12h à l'UGC d'Issy.

D'abord surpris par la tonalité du film un peu osée avec son chœur antique qui vient remplacer les cartons introductifs et ce côté comédie légère, pas parodique mais avec un léger pas de côté par rapport à l'aspect guindé du monde politique. Un côté un peu "pop" pour nous raconter une des femmes les moins fun du paysage médiatico-politique français c'est plutôt bien vu. Surtout que personnellement je ne connaissais rien de Bernadette Chirac (à part évidemment les pièces jaunes). Le problème c'est que c'est très mal écrit, très mal construit. Le film semble n'avoir aucune réelle dramaturgie, aucun véritable enjeu. L'enjeu arrive tardivement avec Podalydès qui veut la faire gagner en Corrèze. Mais ça dure 10/15mn puis on repart sur cette chronique blindée d'ellipses supposée nous dessiner un peu le profil de cette grande bourgeoise soumise qui décide de s'émanciper de son puissant mari. Mais c'est mou, c'est faiblard et plus le film avance et plus ce ton un peu impertinent de comédie semble se faire rare, les quelques tentatives de comédie visuelle (le choeur qui chante Ophélie Winter) sont bien trop sporadiques et le film devient finalement ce qu'il craignait d'être depuis le début, un biopic lambda limite lénifiant.

Mais là où le film devient carrément gênant c'est la fin et l'alliance avec Sarkozy où, dans une impasse, les auteurs se tirent une balle dans le pied. Le personnage qu'ils avaient magnifié et rendu terriblement humain pendant une heure, reprend son véritable visage. Celle d'une figure politique surnageant dans les élites et magouillant tout ce qu'elle peut pour éviter les problèmes judiciaires suite aux magouilles de son mari. Il y a un vrai malaise là et le film ne sait pas quoi en faire. La fin avec Chirac qui fulmine devant sa télé est traité comme une victoire pour le personnage de Bernadette, comme un happy end, comme même le symbole ultime de son émancipation face à son mari tout en feignant d'oublier tout ce que ça cache derrière. Très très bizarre.

Au delà de ça on passe un peu le film à se demander ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas. Bernadette a-t-elle été filmé en boîte avec Filip des 2be3 torse nu ? A-t-elle fait virer le chauffeur de Chirac (d'ailleurs scène improbable, la première dame dans une 205 au milieu de la campagne sans aucun garde du corps ?) ?... Les acteurs secondaires sont assez médiocres, celui qui joue De Villepin est transparent, Laurent Stocker en Sarkozy en fait des caisses (les petits mouvements de tête là pfiouuu). Plaisir de revoir un de mes crush de jeunesse Barbara Schulz (improbable, je la vois pas pendant 10 ans et soudain je la vois dans deux films en moins de 48h). J'ai lu dans une critique un parallèle avec Barbie et en effet il y a un peu de ça. Notamment le côté méta que l'on retrouve avec un Podalydès qui lance une grande opération de com pour rendre Bernadette plus aimable, exactement ce que fait le film. Une forme de "feminism washing" de figure discutable dont on peut se demander finalement la pertinence. Là en l'occurence c'est plutôt raté.

1-2/6

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MessagePosté: 13 Oct 2023, 13:43 
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Au fait c'est quoi la trahison de Sarkozy envers Chirac ? Le truc qui doit être évident pour la majorité des français vu qu'ils l'expliquent pas...

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MessagePosté: 13 Oct 2023, 13:49 
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Art Core a écrit:
Au fait c'est quoi la trahison de Sarkozy envers Chirac ? Le truc qui doit être évident pour la majorité des français vu qu'ils l'expliquent pas...

Le soutien à Balladur en 95 ?


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MessagePosté: 13 Oct 2023, 13:51 
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Ah oui ça doit être ça.

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MessagePosté: 13 Oct 2023, 15:51 
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Art Core a écrit:
Mais là où le film devient carrément gênant c'est la fin et l'alliance avec Sarkozy où, dans une impasse, les auteurs se tirent une balle dans le pied. Le personnage qu'ils avaient magnifié et rendu terriblement humain pendant une heure, reprend son véritable visage. Celle d'une figure politique surnageant dans les élites et magouillant tout ce qu'elle peut pour éviter les problèmes judiciaires suite aux magouilles de son mari. Il y a un vrai malaise là et le film ne sait pas quoi en faire.


j'ai eu ce sentiment devant podalydès préfet, montré comme un truc humain et sympathique quand on est dans de la nomination de complaisance à un des postes les plus importants de la république pour un pote de la première dame. alors ça se passe comme ça et c'est pas le scandale du siècle, mais ça correspond à ce truc de dépolitiser ce qui est politique, d'avoir peur de dire quelque chose.

Art Core a écrit:
Au delà de ça on passe un peu le film à se demander ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas. Bernadette a-t-elle été filmé en boîte avec Filip des 2be3 torse nu ? A-t-elle fait virer le chauffeur de Chirac (d'ailleurs scène improbable, la première dame dans une 205 au milieu de la campagne sans aucun garde du corps ?) ?...


filip j'ai jamais entendu pareil, je suppute que c'est une extrapolation d'anecdote du style elle était chez drucker et y avait les 2be3 pour performer et ils ont fait une photo ensemble et voilà.
le chauffeur c'est reel mais beaucoup moins créatif et beaucoup plus monarchique, elle l'a juste fait muter à pétaouchnock.
et oui lunaire le coup de la 205 dans la campagne , genre bernadette chirac n'a pas été conduite par un chauffeur de la république une seule seconde de sa vie adulte.
ces deux derniers points illustrant ce que je disais sur le fait que le film zappe la réalité de ce qu'elle était et de ce qu'était sa vie pour faire un portrait imaginaire à la place. même pour un biopic décalé, c'est quand même bizarre.


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MessagePosté: 13 Oct 2023, 16:11 
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oeil-de-lynx a écrit:
Le soutien à Balladur en 95 ?


D'où le sketch des Guignols de l'info avec la garde partagée du jeune Sarkozy entre Chirac & Balladur (ou encore la parodie de Gangs of New York période RPR).
À moins que ce soit avant l'élection de Chirac durant sa période "putain 2 ans".


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MessagePosté: 13 Oct 2023, 16:43 
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C'était pendant la période "putain 2 ans", avant sa première élection. Il y avait aussi des sketches qui présentaient Chirac le dos hérissé de poignards et de haches.


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