Désolé Lohmann, pas eu le courage de voir La Flor, peut-être pour mon Locarno... 2025.
Et donc le palmarès
Léopard d’or : Distant Voices de Terence Davies Film magnifique, qui m’a ému aux larmes et donner envie de chanter sous la pluie.
Grand prix : Vitalina Varela de Pedro Costa Mon deuxième essai fut le bon. En avant jeunesse m’avait laissé perplexe, ce Vitalina Varela m’a donné envie de tout dévorer, tant la mise en scène est sublime.
Prix du jury : Les Aventures de Gigi la Loi d’Alessandro Comodin Coup de coeur pour ce film d’errance à l’Italienne.
Actrice : Hédi Temessy et Erika Bodnár,(Almanach d’automne) Les deux actrices principales du film de Béla Tarr, deux personnages forts, complexes et ambigus.
Acteur : Djolof Mbengue (l’Afrance) Super acteur de presque tous les plans de ce beau film (trop méconnu) d’Alain Gomis
Mise en scène : Shinya Tsukamoto (Haze) et Alexei Guerman (Mon Ami Lapchine) J’aime bien donner un ex-aequo à la mise en scène : ici, deux monstres dans des registres totalement différents : le huis clos mural pour Tsukamoto, les scènes-fresques pour Alexei Guerman.
Scénario : Victor Erice (Le Sud) Le prix peut paraître petit pour lui, surtout que ce fut l’un de mes sommets de cet auto-Festival. Mais j’ai trouvé le film si bien écrit, cette manière qu’il a de nous conter une histoire finalement assez simple.
Le bilan des films vus :
France (5) After Blue de Bertrand Mandico Je ne suis pas forcément le plus grand fan de cette nouvelle vague du cinéma français - Mandico, Gonzalez, Ossang - mais force est de reconnaitre que cela tente quelque chose, de créer une mythologie et une esthétique avec trois fois rien. Comme souvent, à cet exercice ultra-référencé, il manque un scénario qui tient la route sur la durée. Après une première demi-heure réjouissante, le récit fait du surplace, ressasse son univers zarbi, ajoutant quelques éléments - la cowgirl, l'androide - mais sans changer de cap. L'actrice principale n'est pas incroyable, non plus, alors que Vimala Pons explose tout le casting par sa présence. Pas totalement convaincu, donc, mais je ne regrette pas le voyage. 3/6
L’Afrance d’Alain Gomis Confirmation que j'aime beaucoup le cinéma d'Alain Gomis, cette manière qu'il a de créer une atmosphère particulière sur une trame très simple, comme un jazzman qui partirait en freestyle autour de deux-trois accords. Ici, un homme perdu entre deux identités, la première sénégalaise, la seconde française, au point d'y perdre son âme. Cette "transformation" est filmée comme une transe et une malédiction. Pour un premier film, c'est déjà un sacré morceau. (Il retourne au Sénégal) 4/6
Maine Océan de Jacques Rozier Je connais très mal l'oeuvre de Jacques Rozier dont je n'ai vu (et aimé) que les Naufragés de l'île de la tortue. Sans être totalement ébloui par Maine Océan, j'ai bien aimé la poésie qui se dégage de cette comédie qui préfigure les Podalydès et Edouard Baer, avec ces scènes qui s'étirent jusqu'à l'absurde. Dommage que le film soit un peu long (surtout après la géniale scène de la samba). 4/6
Sans soleil de Chris Marker Je connais assez mal l'oeuvre de Chris Marker, à part La Jetée, un de mes films préférés. J'avais vu il y a très longtemps ses fameux films-essais, mais ça m'avait laissé de marbre... Le temps a passé, ma cinéphilie est plus aguerrie mais j'avoue toujours préférer le lyrisme de Reggio à la voix-off lue qui commente les images de Sans Soleil. Et certains effets ont pas mal vieilli aussi. Après, je film procure un effet méditatif certain, le sentiment que le cinéma non narratif pouvait permettre une meilleure compréhension de l’être humain (et cela m'a grave donné envie de retourner au Japon). 4/6
Tonnerre de Guillaume Brac Je connais mal le cinéma de Guillaume Brac - je n'avais vu et aimé qu'A l'abordage - et la première heure a été une vraie fausse piste émotionnelle. J'ai cru en l'histoire d'amour en terre inconnue (l'Yonne) entre le musicien et la journaliste et si je percevais déjà des failles dans la passion, je ne m'attendais pas du tout au virage pris par le film. Pourquoi pas, mais dès lors tout m'a paru pas très bien écrit, ce mélange de naturalisme et d'éléments dramatiques que l'on doit accepter. Bien sûr Vincent Macaigne est parfait, et ses scènes avec Bernard Menez sont le meilleur film. Ils écrasent peut-être un peu trop le reste du casting. 3/6
Etats-Unis (2) Zeros and Ones d’Abel Ferrara On m'avait prévenu... Film tourné durant le Covid au scénario incompréhensible, ce thriller sans action est sans doute le plus mauvais film d'Abel Ferrara, sorte de relecture confuse de New Rose Hotel mâtinée de religion (enfin bon...). Ethan Hawke n'a pas le charisme de Willem Dafoe, en plus. Je "sauve" la photo du film, quelques plans nocturnes de Rome et pis c'est tout. 1/6
Actual people de Kit Zauhar Premier film au féminin d'une jeune réalisatrice sino-américaine, Actual People traine son spleen existentiel dans une fac de philo de New York, entre beuverie, mycose vaginale et musique indé plutôt stylée. Kit Zauhar a une vraie présence devant la caméra, mais ça manque d'un petit quelque chose pour vraiment me toucher et aller au-delà du Frances Ha-like. 3/6
Europe (9) Vitalina Vitalina de Pedro Costa J'étais resté circonspect devant En avant jeunesse. Par contre, celui-ci, qui me parait beaucoup plus accessible tant son discours est limpide, m'a vraiment séduit. Alors c'est lent, on ne va pas se mentir, je l'ai vu en deux fois. Mais c'est aussi incroyablement beau et fort, avec un personnage de veuve dont la détresse finit par nous anéantir. Les derniers plans m'ont donné des frissons dans la nuit. (Plan au Cap Vert) 5/6
Les Aventures de Gigi la Loi d’Alessandro Comodin Joli film d'Alessandro Comodin, entre Miguel Gomes pour les envolées poétiques et Michelangelo Frammartino pour son regard sur l'Italie des campagnes, qui suit un policier municipal dans ses tournées ensoleillées. Pour rompre l'ennui, on flirte à la CB, on fait des filatures à la nuit tombée et on forme la jeunesse. La scène finale est très belle. (Le mec confie l’histoire d’un homme embarqué chez les fous) 4/6
Almanach d’automne de Béla Tarr Film de "jeunesse" de Béla Tarr, avant qu'il ne croise la route de l'écrivain László Krasznahorkai, sous la haute influence de Fassbinder. On retrouve donc une "famille" recomposée qui vit sous le même toit et qui va se déchirer pour profiter de la richesse présumée de la matriarche. Déjà on retrouve le talent du cinéaste pour la composition des plans, l'utilisation décalée de la musique et son regard extrêmement pessimiste sur l'âme humaine. Il m'a fallu un peu de temps pour entrer dedans mais c'est déjà d'une grande maîtrise et ça reste bien en tête, comme les comptine déviante de Mihály Víg. 4/6
Un autre homme de Lionel Baier En plein auto-Festival de Locarno, petite découverte que ce film suisse de Lionel Baier (dont je n'avais pas aimé la dérive des continents) sur un jeune journaliste qui devient critique de cinéma par effraction et s'entiche d'une plume (charmante Natacha Koutchoumov). L'argument est petit, je n'aime pas du tout le virage psycho du mec (mais ça s'arrête vite), mais je me suis identifié au héros (sauf que je ne copie pas Travelling), et à son sentiment d'imposture à ses débuts. 3/6
Mon ami Ivan Lapchine d’Alex Guerman - Un film que je voulais voir depuis longtemps d'Alexei Guerman père, dont j'ai beaucoup aimé Khroustaliov ma voiture et Il est difficile d'être un Dieu. Guerman y imposait déjà son style : longs plans-séquences à la caméra portée avec de nombreux protagonistes qui passent devant, derrière, sur le côté, narration fragmentée, avec une voix-off qui explique chaque tableau. C'est à la fois relativement hermétique - j'avoue avoir mis du temps à entrer dedans, surtout que, comme dans un roman russe, des personnages entrent et sortent de l'intrigue sans crier gare - et fascinant. 4/6
Fairytales d’Aleksander Sokourov Alexandre Sokourov est facilement dans le top 5 des cinéastes plasticiens, un des rares réalisateurs actuels qui expérimentent encore la forme du cinéma elle-même. A ce titre, Fairytale offre du jamais-vu, sur le plan esthétique, avec cette vision de l'Enfer (ou du moins du purgatoire), où les monstres du 20ème siècle se demandent s'ils vont être pardonnés pour accéder au paradis. Sur le plan technique, c'est assez dingue, Sokourov et son équipe ont truqué de vraies vidéos d'archive pour mettre des dialogues dans la bouche des tyrans. Il y a certaines scènes complètement folles - la vague des victimes, la scène du moulin. Rien que pour l'expérience, cela vaut le coup de le voir sur le grand écran. Après sur le fond, je reste perplexe sur cette volonté de mettre à égalité Hitler et Staline, de parfois tenter de nous faire rire de leur "facétie" 3/6
L’Engrenage de Fatih Akin Premier film de Fatih Akin, réalisateur allemand un peu passé de mode dont j'avais beaucoup aimé Head-On et De l'autre côté. C'est du très classique, sorte de Mean Streets à Hambourg, mais l'acteur Mehmet Kurtulus, qui fera d'ailleurs une belle carrière, apporte beaucoup de douceur à son personnage de brute, si bien que son dilemme moral finit par toucher. Sur le plan de réalisation, c'est encore très amateur (et sans doute bien fauché) mais j'aime comment Fatih Akin décrit "son" quartier d'Altona, multi-culturel et confessionnel. Bien sûr les anti-héros sont des losers mais imaginer un trio turc, grec et serbe a quelque chose d'immédiatement utopique et séduisant. 3/6
Distant Voices de Terence Davies Quel beau film. En grande partie autobiographique, Distant Voices, Still Lives raconte de manière fragmentée la vie d'une famille de la Middle Class anglaise, où l'on chasse le blues en chantant à tue-tête. Ne vous laissez pas tromper par l'affiche : c'est souvent déchirant, toujours enivrant, tant l'auteur nous fait ressentir l'émotion qui traverse la vie de ses personnages. Peut-être le plus beau film de Terence Davies, en tout cas de ceux que j'ai vus. 5/6
Le Sud de Victor Erice Je poursuis mon auto-Festival de Locarno avec ce beau film de Victor Erice, portrait d'une jeune fille qui tente de percer le mystère qui plane autour de son père. Si la mise en scène manque un peu de nerf pour totalement m'emporter, c'est l'écriture qui est remarquable, la manière dont il nous fait saisir la complexité des sentiments qu'éprouve la jeune fille pour son paternel, mélange d'admiration et de résignation. 4/6
Asie (2) Beirut Hotel de Danielle Arbid Le film, de facture assez classique, repose sur le charme de Darine Hamzé, plus femme amoureuse que femme fatale, et sur le Liban, pays insaisissable, évidemment parfait pour les embrouilles géopolitiques. Le film est court (1h30), prend soin de ne jamais trop révéler son intrigue mais la saudade dans la voix de l'actrice (magnifique au demeurant) m'a envouté. 4/6
Haze de Shinya Tsumamoto Film dingo (comme d'hab) de Shinya Tsukamoto sur un homme qui se réveille entre quatre murs très serrés, la première partie - qui dure 30 minutes - est absolument incroyable, comme si le huis clos sublimait la mise en scène hardcore du Japonais (par moment j'ai pensé à Caniba, d'ailleurs). Et puis le film devient plus gore ensuite (j'aime moins), avant cinq dernières minutes WTF étrangement puissante. 4/6
Amérique du Sud (1) Zahori de Mari Alessandrini Premier film argentin sur une jeunesse buissonnière en Patagonie, passé par Locarno, Zahori prend (un peu trop) son temps pour déployer un récit d'émancipation féminine en terre mapuche. Mais la beauté des paysages immortalisés en Scope et la retenue dramatique dont fait preuve la réalisatrice, méritent le coup d'oeil. 3/6
Afrique (1) Zaineb n’aime pas la neige de Kaouther Ben Hania Documentaire de Kaouther Ben Hania, que j'ai vu dans l'optique d'une interview non réalisée au final. Mais je ne regrette pas la découverte, sorte de Boyhood très doux, qui suit sur six ans une jeune fille qui ne veut pas vivre au Canada avec sa nouvelle famille. Ce que Kaouther filme bien, c'est l'évolution émotionnelle de la jeune fille, butée mais attachante, qui, finalement tissera des liens plus forts que sa mère. 4/6
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