Et donc voici mon palmarès
Ours d’or : Last and first men de Jóhann Jóhannsson Grand prix : La Romancière, le film et le heureux hasard de Hong Sang-Soo Prix du jury : Nos Soleils de Carla Simon Acteur : Hiroyuki Sanada (Le Samouraï du crépuscule) Actrice : Yu Nan (Le Mariage de Tuya) et Rosel Zech (Le Secret de Veronika Voss) Scénario : Raoul Ruiz pour Généalogies d’un crime Mise en scène : Aki Kaurismaki (Ariel)
France (4) L’Adieu à la nuit d’André Téchiné Curieux film, franchement cata pendant une demi-heure, avec son Jihadisme pour les nuls, ses petits plans foireux à la frère Coen (le coup du chéquier c'est nul...) et puis soudain le film fonctionne, le temps d'une scène nocturne à chasser le sanglier. Grâce à Deneuve, au beau personnage du fichier S et à l'alignement des planètes entre la photo de Julien Hirsch, le montage d’André Téchiné et la musique qui donnent une vraie mélancolie à l'ensemble, captant bien la dépression d'une partie de la jeunesse française. 4/6
Des nouvelles de la planète Mars de Dominik Moll Belle déception même si le film n’avait pas une excellente réputation. J’ai du mal à comprendre ce que veut nous dire Dominik Moll avec ce portrait d’un homme ordinaire confronté à l’absurde - un côté A Serious Man… Damiens fait du Damiens, Macaigne du Macaigne, les enfants sont intéressants mais le film joue tellement le décalage et la fable qu’on a du mal à éprouver une quelconque empathie pour le personnage de Mars… 2/6
Wesh, wesh qu’est ce qui se passe de Rabah Ameur-Zaïmeche, Un regard tendre et lucide sur la banlieue. Le film a des défauts d'écriture - pas très fan des flics - mais son côté saisi sur le vif et sa poésie m'a séduit, surtout que la mise en scène ne montre jamais les muscles. Je préfère quand même Les Chant de Mandrin du même auteur, mais je vais rattraper les derniers que je n'ai pas vus. 4/6
La bande des quatre de Jacques Rivette Un Jacques Rivette que je n'avais jamais vu, entre chronique de jeunes filles en fleurs (plutôt sympa), Tintinade pas terrible (tout le perso du flic bon) et réflexion sur le théâtre au féminin(enfin si j'ai bien compris). C'est à la fois charmant et désuet, inoffensif et 2h35 tout de même. Je garde les jeunes actrices, très naturelles mais ça manque un peu d'enjeu tout ça (que les cinéphiles ne me frappent pas). 3/6
Etats-Unis (4) Siberia d’Abel Ferrara Un film d'Abel Ferrara à la terrible réputation, inédit en France (mais dispo sur le Mubi allemand). Bon, effectivement le film est bien «cringe», avec toute une panoplie de fantasmes d'un autre temps - femme enceinte dont on tête les seins, désert de pacotille... mais il y a quand même des visions cauchemardesques assez puissantes. Et puis Willem Dafoe. 3/6
Grand Canyon de Lawrence Kasdan Aveu : je connais mal le cinéma de Lawrence Kasdan. Je vais explorer sa filmographie car ce Grand Canyon m'a plutôt séduit par l'écriture des personnages, son côté old school (la zik est parfaite) et la poésie existentielle qui s'en dégage. Le film a été un échec pour l'auteur, il précédait pourtant Short Cuts et Collision, sans l'ambition démesurée du premier et les effets mélodramatiques du second. Et puis j'aime Danny Glover et Kevin Kline. 4/6
Des trous dans ma tête de Guy Maddin Une autobiographie fantasmée par le maître du cinéma fantasmé. J’ai eu beaucoup de mal à accrocher, au début - montage épileptique, trop d’expérimentations formelles… mais progressivement le récit se calme et se resserre sur un drame familial avec, comme souvent chez Guy Maddin, une mère envahissante et bien zinzin (bon courage les psy). Pas mon préféré de l’auteur mais c’est tellement original et fou que je ne regrette pas de l’avoir vu. 4/6
Powaqqatsi : life in transformation de Godfrey Reggio Deuxième volet de la trilogie Qatsi, que j'avais vu il y a très longtemps (je m'en souvenais plus que de Koyaanisqatsi d'ailleurs). J'aime moins ce deuxième volet, déjà car le discours est un peu plus "simpliste", avec cette opposition entre le monde tradi où les hommes et les femmes battent le grain en rigolant et bien sûr le monde moderne avec les camions qui enfument les gosses. La musique est dingue, certaines images extraordinaires, le final notamment, cela a influencé tout le cinéma non-verbal que j'adore mais ce n'est pas aussi définitif que Koyaanisqatsi à mon sens. 4/6
Europe (7) Ariel d’Aki Kaurismaki Le destin d’un jeune mineur qui se retrouve chômeur du jour au lendemain, sans le sou, mais avec une belle voiture décapotable. Il débarque à Helsinki, se frotte au monde réel, se retrouve en prison et tombe amoureux (tout ça dans le désordre)… J’aime beaucoup le cinéma d’Aki Kaurismaki, ce mélange de conscience sociale et de flegme. Malgré sa réputation de film mineur, j’ai beaucoup aimé. L’acteur ressemble à Nick Cave, les seconds rôles ont des trognes pas possible, le tempo comique est comme toujours parfait et sa courte durée n’empêche pas l’émotion… Du petit lait pour le cinéphile nostalgique que je suis. 5/6
Nos soleils de Clara Simon Beau film espagnol qui confirme le talent de la cinéaste, Clara Simon. Curieusement, le film est un peu l'envers d'As Bestas, avec cette famille qui se bat pour garder le contrôle de la terre - contre l'installation d'éolienne. Mais le propos n'est pas politique, il est avant tout humain et familial. C'est un western sans flingue, gorgé de lumière et de mélancolie (le film est en partie autobiographique). 4/6
Vivre vite de Carlos Saura Mauvais cinéphile que je suis, je n'avais vu aucun film de Carlos Saura (sic). Hop, réparé avec le découverte de cette chronique sociale meurtrière, Ours d'or à Berlin. Ce n'est pas follement original (peut-être que si, à l'époque), mais bien exécuté, avec une savante utilisation de la zik, une anti-héroïne qui préfigure Valérie Sobra (et d'autres) et cette Espagne en pleine construction, entre trains qui passent et terrains vagues à perte de vue. 3-4/6
Last and first men de Jóhann Jóhannsson Film totalement déroutant de Johan Johannsson, compositeur dont j'adore la musique et qui, hélas, est décédé d'une overdose. Déroutant car cette adaptation d'un classique de SF se compose exclusivement de plans sur des monuments brutalistes de l'ex-Yougoslavie, les Spomeniks liés par la voix de Tilda Swinton et donc la musique de Johannsson. On ne va pas se mentir : il faut aimer les expériences planantes et contemplatives, accepter de s'endormir devant le film (ce fut mon cas deux fois) pour mieux l'apprécier. J'ai adoré 5/6
Le Secret de Veronika Voss de Rainer Fassbinder Un Fassbinder que je n'avais jamais vu, assez effrayé que j'étais par le minimalisme de l'intrigue. On ne va pas se mentir, l'intrigue reste minimaliste, avec ce personnage de vieille star addict escroqué par des médecins qu'un journaliste tente de sauver. Mais le charme fonctionne, principalement par la mise en scène hyper inventive. L'actrice est super, lui j'ai plus de mal. 4/6
Le Bois lacté de Christophe Hochhausler Une version allemande et contemporaine de Hansel et Gretel par un membre de l'école de Berlin. Pour les cinéphiles coutumiers du nouveau cinéma allemand, on retrouve le glacis formel à la Haneke, une réflexion sur la notion de frontière et une certaine joie de vivre (non je plaisante...) Plus intéressant sur le plan intellectuel que vraiment captivant. 3/6
Après midi d’Angela Schanelec Angela Schanelec, son cinéma austère et d'une grande puissance existentielle. Ici, une adaptation de La Mouette de Tchekhov, qui prend son temps pour déployer ses ailes dramatiques mais qui finit par nous saisir par la force même de ses cadrages. Je ne suis pas encore totalement tombé amoureux de son cinéma, mais c'est fort... 4/6
Asie (4) Le Mariage de Tuya de Wang Quanan Beau film de Wang Quan An, réalisateur chinois à la filmographie impeccable. Je conseille d'ailleurs son dernier : La Femme des steppes, le flic et l'œuf, qui pourrait être la suite (ou la préquelle) de ce film. Au-delà des clichés sur la vie en Mongolie, le film est le portrait d'une femme qui se bat pour la survie de sa famille, quitte à se marier avec tout homme qui aura les moyens d'entretenir son premier mari handicapé. Ecrit comme ça, ça peut paraitre misérabilisme mais le film évite le mélodrame pour quelque chose de plus amer. L'actrice Yu Nan (qui a une carrière internationale assez incroyable) est formidable. 5/6
Le samouraï du crépuscule de Yohi Yamada Je connais très mal l'oeuvre de Yōji Yamada, connu principalement pour la série des Tora-San dont de nombreux films - 50 en tout ! - passent cette année à la Maison culturelle du Japon. Ce Samouraï du crépuscule m'a donné envie d'en découvrir davantage. Le film est très lisible dans ses intentions (le titre résume tout), la trajectoire des personnages est sans surprise, mais il se dégage une grande humanité de ce récit d'un papa-samouraï sans le sou, amoureux de la belle Tomoe, qui doit accomplir son devoir alors qu'il aspire juste à voir grandir ses filles. La mise en scène est classique mais élégante, le film est un peu long mais toujours émouvant. Du cinéma à l'ancienne (ce n'est pas péjoratif). 4/6
La Romancière, le film et le hasard de Hong Sang-Soo J'aime beaucoup le cinéma intimiste et poétique de Hong Sang-soo, qui, contrairement à ce racontent les persifleurs, ne fait plus du tout le même cinéma qu'à ses début. Peu à peu les oripeaux de scénario ont disparu pour laisser le cinéma à nu. Ou la vie. Ou les deux plus que jamais entremêlés. C'est si dur de communiquer ses sentiments, nous dit le vieux sage - langage des signes, soirée d'ivresse, roman, film... On tente de s'approcher de la vérité des hommes, parfois en leur criant dessus, parfois en susurrant des mots doux. Film pour les amoureux de son cinéma, la romancière, le film et le heureux hasard en est le coeur battant. 5/6
Gone With the Bullets de Jiang Wen Une fantaisie d’un grand réalisateur chinois dont je n’avais vu qu’un film - le magnifique Les Démons à ma porte. Bon, ça ne m’a pas vendu du rêve sur le reste de sa filmo tant l’ensemble était foutraque, surjoué et hystérique. La première heure avec Shu Qi passe encore, mais la suite grimaçante hum… Peut-être qu’il me manquait aussi des références sur les personnages (historiques ?) pour apprécier la farce… J’ai appris avoir avoir vu le film qu’il s’agissait… d’une suite. Ceci explique peut-être cela. 2/6
Amérique du sud (1) Généalogies d'un crime de Raoul Ruiz Ludique et baroque, ce «Whodunit» de Raoul Ruiz, avec plein d'acteurs qui prennent beaucoup de plaisir à jouer (dont les jeunes Melvil Poupaud, Mathieu Amalric et Michel Piccoli). Alors bien sûr, faut aimer l'exercice de style et les références culturelles, mais le cinéphile boomer que je suis a apprécié l'exercice de style. 4/6
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