Forum de FilmDeCulte

Pas mon Carpenter préféré même si c’est certainement un de ses plus flippants. Je trouve que cette folie dans la construction du récit diminue la puissance de sa mise en scène (alors que c’est l’inverse dans Prince des Ténèbres).

Oui surtout que le nom de Stephen King est prononcé dans le film. Le film est assez méta.

_________________
CroqAnimement votre

Tu confonds avec Prince des ténèbres.

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Film que j'adorais ado, VHS poncée hors de toute proportion, complètement séduit à l'époque par son côté flippant "de travers" non pas tant par ses péripéties que par la manière dont le format et le medium même se jouent du personnage (les boucles et répétitions etc.).

C'est la première fois que je le regarde adulte. C'est toujours marrant de revoir un film qu'on connaît par coeur, jusque dans son sound design et les petits détails des expressions faciales (Charlton Heston et ses sourcils éloquents, Sam Neil qui fait le fou). Passé le charme éphémère de la nostalgie, j'ai quand même accusé le coup sur quelques trucs.

Bon, déjà la musique du générique est incroyable, avec ses gros riffs patauds qui n'ont rien à faire là. Sam Neil c'est le daron récalcitrant de cette décennie là grâce à Jurassic Park, et là il s'amuse avec un personnage tiraillé entre fin limier, arrogant et un peu beauf, et sceptique qui veut rien lâcher. L'atmosphère sinistre et pesante fonctionne bien et le côté ultra-référencé aussi : Lovecraft bien sûr (notamment pour la construction du récit en flashback), passé à la moulinette plus littérale et sanglante de Stephen King, ainsi que Nigel Kneale (Hobb's End renvoie à la station de métro dans Quatermass and the Pit et sa menace de contagion)... Mais tout ce qui tourne autour du questionnement de la réalité est asséné avec pas mal de lourdeur, occupant de plus en plus de place et sans grande nuance (Jürgen Prochnow en mode méchant conférencier, ne manque plus que le powerpoint... et puis les dialogues, bon...), comme s'il fallait s'assurer régulièrement que le spectateur capte bien le projet. Comme si tout le reste n'était pas suffisant. D'autant plus qu'on sent un cynisme encore tranchant (alors qu'aujourd'hui, et depuis quelques années, Carpenter tient surtout des propos immatures et régressifs) qui aurait pu porter l'atmosphère insécure du film avec plus d'audace que le côté meta qui ne progresse plus une fois formulé.

C'est aussi chiche en séquences flippantes plus classiques (celle des dobermans est gênante à l'extrême), plus réussi en revanche dans les trucs diffus (les gosses et le chien, la vieille qui tient l'hôtel).

Bref, c'est un exercice de style quand même méritant, d'autant plus que ça semble avoir été une galère niveau budget.

_________________
Looks like meat's back on the menu, boys!

Revue il y a un an depuis que je suis ado, contrairement à toi pas accusé le coup. Toujours aussi flippant et ça reste le chef d'oeuvre de Carpenter. Le velo sur la route me fout toujours autant la frousse.

Y'a The Thing quand même.

_________________
You are a ghost driving a meat covered skeleton made from stardust riding a rock floating through space.
FEAR NOTHING

BILANS CINEMA : 2023 I 2024

J'assume mais je trouve "In the mouth of madness" bien supérieur. un des films ou le film qui m'a fait le plus peur de ma vie de cinéphile.

Clairement un des ( le?) Carpenter qui vieillit le mieux.

Je trouve que L'antre de la folie a plutôt mal vieillit. En comparaison, sorti 5 ans plus tôt pourtant, je trouve que L'Echelle de Jacob n'a pas cette patine un peu vieillotte côté photographie et surtout ses VFX lui permettent des années après de bien supporter le poids du temps.

C'est intéressant comme comparaison. J'ai découvert L'échelle de Jacob très tard comparé à celui-là et je ne l'ai vu qu'une fois, mais je pense voir où tu veux en venir car les deux films ont ce point commun dans le rapport à la réalité du vécu du protagoniste.

Pour rebondir sur les échanges récents dans le topic littérature, le film d'Adrian Lyne est librement adapté (dans son concept, pas dans le récit) d'une nouvelle d'Ambrose Bierce, qui est un des auteurs dont Lovecraft salue l'influence. Le raport à la réalité y est décisif, mais sans recours à la dimension meta comme chez Carpenter.

Là où le bat blesse aussi dans In the Mouth of Madness, c'est dans la manière dont Carpenter, dans cet univers-là, réduit tout à "l'horreur" en tant que genre. Sutter Cane est une figure médiatique incontournable, comme a pu l'être Stephen King à cette période, un phénomène de culture de masse, ce qui permet tout le délire autour des fans qui deviennent fous et permet la contagion par la lecture (l'équivalent début 90's de Harry Potter, quoi). Mais les titres de ses livres, les extraits lus à voix haute et tout le côté monstrueux tapit à la lisière de la réalité, renvoient directement à Lovecraft qui n'a jamais été un phénomène de masse : son influence se ressent surtout sur ses suiveurs littéraires, très peu populaires, sur le jeu de rôle, un peu le jeu-vidéo, et niveau cinéma ça reste du domaine du bis (de Fulci à Stuart Gordon). Lovecraft reste un phénomène très pulp, indissociable des conditions de publications de ses oeuvres de son vivant (pas pour rien que le film cite ouvertement King mais pas lui).

Bref, tout ça pour dire que rien que culturellement, Carpenter relie des wagons de manière un peu hasardeuse et simpliste pour bâtir son univers.

Curieux de lire des foruméens actifs qui le découvrent adultes.

_________________
Looks like meat's back on the menu, boys!