Mr.Orange a écrit:
J'ai laissé infusé quelques jours le film dans ma tête pour voir si j'aurais des choses intéressantes à en dire. J'en suis pas encore tout à fait convaincu
Si si tkt.
Citation:
Là où je suis plus partagé c'est sur le point de chute avec
Alors l'aspect "publicitaire" n'était pas non plus conscient, enfin c'était pas un objectif en particulier. Disons que c'est, en quelque sorte, inhérent à la volonté d'avoir une fin, un cut au noir/titre qui sonne comme la conclusion de la "démonstration" qu'est le film et par démonstration, j'entends "expression du propos" (sur la communication et l'ouverture avec autrui comme cathartiques).
Citation:
Ensuite sur le discours sur la masculinité :
<3
Citation:
Là-dessus, je ne peux qu'abonder dans ton sens, c'est, en somme, un contre-coup maladroit de mon point de vue essentiellement masculin.
Après, les personnages féminins ici auraient pu être masculins sans que le script change d'un poil. Des mecs très romantiques ou qui ont peur de s'ouvrir par vulnérabilité, ça existe, maintenant, oui, le cliché dans l'inconscient populaire penche clairement davantage du côté des femmes mais utiliser le genre pour évoquer ces clichés (ou plutôt, pour être moins péjoratif, "codes de la romcom" je dirais) était ce qui rendait le film ludique à mes yeux.
oeil-de-lynx a écrit:
avec même une petite scène d'action savamment découpée
D'action?
Citation:
Les doubles sens dans les dialogues à la révision, c'est du caviar aussi.
Emoji mains jointes.
Citation:
Là où je vais chipoter : la discussion beauf du début qui m'a fait un peu peur, sachant que je suis pas fan des Baloches, plus une vanne geek sur l'objectification sexuelle des métamorphes, trop insistante et contente d'elle-même alors que c'est juste éventé depuis X-men 2. On peine à croire que dans un monde où les mutants font partie du quotidien, quelqu'un se donne la peine d'expliciter une évidence pareille.
Putain, tu as raison. Moi qui disais justement dans une autre réponse que je voulais éviter les répliques didactiques exposant l'univers, j'ai plongé en plein dedans. En fait, j'aurais dû faire sans la réalisation soudaine de Jonathan, j'aurais dû le jouer comme la suite consciente de son argumentation.
Citation:
Bref, ça partait pas super bien mais je vois qu'il faut bien ça pour amener l'univers de façon ludique et d'autant plus que la suite va déconstruire à la fois la posture beauf
Voilà, c'était délibéré : commencer comme du pur Hospyan puis révéler le coeur derrière.
Citation:
et le folklore des mutants (qui s'appellent les "puissants" dans ce monde du coup?).
Au risque de lancer un nouveau débat débile, je le vois pas de façon aussi binaire (surtout que ça traduirait un complexe de supériorité alors que beaucoup vivent leurs pouvoirs comme un handicap ou un truc honteux). Dans Harry Potter, les gens sans magie s'appellent Moldus mais les gens dotés de magie sont juste des Sorciers. Y a pas un mot spécial. De plus, l'utilisation de "puissant" comme nom et non adjectif porterait à confusion dans le langage courant :
- T'es un puissant?
- Non.
- Ah je croyais que t'avais des pouvoirs.
- Oui j'en ai un!
- Ah donc t'es un puissant?
- Mais non puisque j'ai un pouvoir!
C'est pas
Le Dîner de cons ici.
Pendant un temps, je me disais qu'ils se surnomment des "uber" mais c'est encore plus con.
Citation:
Les influences de Nolan et Sorkin se voient mais infusées de ton ADN, celui de la fragilité masculine.
Meilleure synthèse.
Citation:
D'autres remarques, la meuf qui dit qu'elle n'est pas là pour soigner son mec, ou quelque chose du genre, et le gars est bien d'accord sauf qu'au final c'est bien ce qui se passe dans les deux cas.
Le gars est PAS d'accord. Il lui retoque
"Mais ça c'est le principe du couple, être là pour l'autre. Et inversement". J'ai justement jamais compris/adhéré à cette revendication/dénonciation de la part de certaines femmes parce que, pour moi, c'est le principe du couple. Ça marche dans les deux sens. J'ai peut-être eu de la chance, dans les trois seules relations de couple que j'ai connu, mais ça a toujours été comme ça.
D'ailleurs, quand il lui répond ça, elle ne sait pas trop quoi répondre. Pas tant parce qu'il l'aurait "mouché" ou quoi (ça reste simple, ce qu'il lui dit) mais parce qu'il brise un peu la façade de mec arrogant qu'il arborait jusque là et que ça la désarme quelque peu.
Citation:
Entre l'empathe et celle qui a le pouvoir d'aimer, elles ne sont presque définies que par ça. On voit ce qu'elles apportent aux mecs, la réciproque n'est pas montrée. Pas très woke 2022, tout ça.
Jerónimo a écrit:
Je suis assez d'accord avec ça, j'en parlais sans avoir bien cerné le truc dans on avis mais le cliché est on ne peut plus gros, sans être vraiment contre balancé (par l'univers par exemple, lu par une pirouette finale), et clairement ça manque un peu de maturité, de second degré ou d'un niveau de lecture supplémentaire. A revoir mais c'est un point d'achoppement du traitement de ta thématique je pense, il y a un truc à creuser.
J'entends la remarque sur l'absence de réciprocité (la situation de Jeanne et Jonathan est débloquée par les événements mais c'est surtout chaque pote - Claude & Mahalia - qui aide son propre pote, même si ça passe par un effort choral enchevêtré) mais pour ce qui est de la maturité, je sais pas, cf. ce que je réponds à oeil-de-lynx : "on n'est pas là pour guérir les mecs" me paraît plus immature que la réponse que lui fait Jonathan et que je tiens, personnellement, pour vérité. Se limiter à une généralité biaisée par des mauvaises expériences personnelles n'est pas signe de maturité, derrière ses apparences de revendication féministe donc progressiste. Comprendre et accepter que c'est
a two-way street et que ça fait partie du contrat, ça c'est être un adulte.
oeil-de-lynx a écrit:
Plus sérieusement, quelques regrets : cet univers de base, un genre de marvel déconstruit passé au filtre de la romcom. Là aussi, on sait que c'est dans ton ADN depuis toujours quand on te connait, mais c'est dommage que ça arrive si tard, à la fois dans ta vie et dans la hype quand ces deux genres respectifs sont pas loin de la fin de vague. Après, je suis moi-même abreuvé (écoeuré) par cette culture et j'ai trouvé ça frais.
Pas de regrets donc.
Je suis moi-même initialement un giga-client du genre et aujourd'hui blasé par l'absence de renouvellement du genre (et c'est malheureusement loin d'être fini) mais c'est justement ce que je voulais proposer : une exploitation
low-fi et
low key et terre-à-terre des codes du genre pour raconter autre chose que
"avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités" ou
"est-ce qu'on est pas tous un peu fascistes/objectivistes?".
Citation:
Après, j'entends bien que le but de court c'est de montrer tes talents et convaincre, et je pense que tu a montré avec brio, que tu sais inventer, écrire, filmer, diriger et j'espère sincèrement que c'est la carte de visite qui te manquait. C'est pour ça que j'ai pas hésité à participer, je croise les doigts pour la suite. J'avoue, je ne connais rien du circuit des courts-métrages donc je peux pas dire où tu te situes, quand même au-dessus de la mêlée, je pense.
Merci.
Baptiste a écrit:
Le film harponne le regard et l'esprit dès sa première réplique et son échange de vues à tout allure rappelant le début de The Social Network. L'éclairage finchérien, le montage nolanien, on repère vite les influences de FF, bien digérées et mises au service d'un scénario malin, mix entre comédie romantique, buddy movie, film de super-héros et film cerveau nolanien.
Fuck yeah.
Citation:
Cependant deux aspects importants m'ont gêné: l'obsession de l'invisible à voir des amis coucher au point de passer UN MOIS TOUS LES SOIRS à se rendre chez eux et en plus, sans être sûr de pouvoir rentrer
Où sont passés tous mes depalmistes sûrs?
Citation:
et le moment "niais" de la fin, son super-pouvoir c'est d'aimer, vraiment? On dit souvent qu'il n'est pas souhaitable de tout aimer donc je ne vois pas en quoi son pouvoir est désirable.
Alors je vais répondre à la question que je vous avais posée plus haut dans le topic et à laquelle quasi personne n'a répondu : elle n'a pas de pouvoir. Les choses qu'elle "fait" (parce que je prends bien garde de ne pas utiliser le mot "pouvoir" à la fin), ce sont des choses dont on est tous capables. Ce "pouvoir"-là, on l'a tous. Le pouvoir d'aimer et de faire que l'être aimé se sente à l'aise, drôle, beau, vu...on l'a tous.
C'est pas un truc "magique" qu'elle utilise sur Claude pour qu'il ressente tout ça, c'est juste comment elle est avec lui, comment elle le regarde, comment elle lui parle...quelque chose qu'on a tous vécu quoi.
Il y a quelques années, j'avais lu un
comic strip de Nicholas Gurewitch qui m'avait profondément secoué et c'est sans doute une influence :
Le mec fait le souhait d'un truc que techniquement on peut obtenir sans avoir recours à la magie mais que beaucoup passent des années à rechercher. Puis vient le regret de ne pas avoir souhaité quelque chose de plus inaccessible ou impossible.
J'ai toujours trouvé cette petite BD très juste, très à-propos, qu'elle témoignait d'une vérité qui me parle à fond.
Et c'est un peu la même notion que je voulais transmettre à la fin de mon court. Si elle garde le secret sur son "pouvoir", c'est parce qu'elle n'en a pas. Son pouvoir, on l'a tous. On en est tous capable.
"C'est niais", comme je le fais dire à un personnage cynique et blasé à un autre personnage cynique et blasé, mais c'est la vérité, merde.
Et je pensais pas qu'il y aurait des spectateurs qui interpréteraient ça littéralement mais je m'en réjouis, je trouve ça mine de rien révélateur. Ce que ça dit, inconsciemment, de ceux qui l'interprètent comme ça.
Alors j'attends maintenant les pied-de-la-lettristes premier degré qui vont me dire "mais...elle dit à un moment 'je suis pas impuissante'!".
Et oui, les gens mentent. Les gens cachent des choses. C'est l'un des sujets du film. Claude a un secret inavouable, Jonathan n'a jamais dit à son pote ce qu'il a vécu avec son ex et Mahalia est un ange marionnettiste qui cherche à guérir les gens (non)(mais un peu).
Citation:
Mais d'un point de vue de la construction d'une carrière, je trouve le saut vertigineux par rapport à ton précédent court, c'est esthétiquement très réussi et bien rythmé, même si ça correspond pas forcément à ce que j'aime (encore que, la photo, l'éclairage m'ont séduit).
Oui pour la photo dans le bar, je voulais quelque chose d'oppressant, un cadre saturé, dans la déco, les couleurs, avec une lumière et des couleurs chaleureuses mais oppressantes, à l'inverse du resto qui est chaleureux mais feutré, intime, plus mesuré dans sa déco, peu de gens, peu de bruit.
Pour l'appart de Claude, quand il est face à son ordi, on a mis un peu de fumée parce que je voulais quelque chose d'un peu pesant et pour habiller cet espace délibérément nu et froid, fait de blancs et de gris. L'appartement d'un homme invisible,
unassuming.
Pour l'appart de Jonathan, fallait épouser le délitement du couple, passant du coloré au mélancolique.
Pour le reste, j'ai visé le naturel (à part la fin du
walk-and-talk dans le studio télé, je voulais qu'on passe de la lumière à l'ombre pour le désaccord et l'inconnu).
Müller a écrit:
J'ai su que c'était réussi car j'ai dû m'interrompre un certain temps, et que j'attendais avec impatience de reprendre... alors qu'il restait en fait à peine une réplique ou même juste un sourire avant la fin.
Putain le mec s'est niqué mon envolée lyrique finale.
Citation:
Le travail d'accroche est réussi. Il y a une vraie volubilité cinématographique, une maîtrise du langage des images, une profusion d'influences que l'on sent patiemment étudiées, comprises, aimées et retranscrites avec sens, et une certaine bonhommie. Ces références, citées par les autres plus haut, restent néanmoins criantes. C'est généralement le signe que la personne, l'artiste, est prêt à passer à autre chose, atténuer cette ostentation et se forger sa propre patte.
C'est pas dit
Citation:
Cette patte ressort plus dans l'écriture que je trouve étouffante, y compris pour les acteurs. Les différences de jeu entre les deux mecs s'effacent par leurs textes sur le même mode, le même rythme, le même ton d'ensemble fait d'appréhension, d'overthinking, d'entrechoc des monologues à coups de punchlines et d'humour pince-sans-rire. On entend toujours l'auteur plutôt que les personnages, en gros.
Le "tout le monde parle pareil" sorkinien.
Citation:
Au regard de ça, je dirais que ça manque de silence(s), en fait. Qui permettrait d'accorder à ces corps filmés la même confiance qu'à son texte qui fait encore trop doudou. C'est pas un grand pas à franchir.
C'est un film sur la communication, fallait que ça tchatche
bmntmp a écrit:
Sinon j'ai déjà dit que j'étais un peu gêné que le wingman
Citation:
Un peu d'accord pour dire que la musique à la fin est un peu vulgaire.
Vous n'avez pas de coeur.
Citation:
Sinon, le film, c'est beaucoup de champs/contrechamps, gros plans non ?
Oui je me suis dit très tôt que dans un film porté à ce point sur du ping pong verbal et le face-à-face de deux interlocuteurs en conflit, il ne fallait pas avoir peur du champs/contre-champs. La science (ou l'art) c'est de savoir quand alterner. Quand utiliser le 3/4, quand utiliser le serré
over-the-shoulder, quand passer au
two-shot, quand balancer un mouvement, etc. Chaque fois, tu racontes quelque chose de différent, c'est pas random. Et c'est beaucoup de plans serrés parce que je voulais quelque chose d'étouffant.