Les Inconnus de retour : qu’est devenu Seymour Brussel, le 4e comédien de la bande ?
Seymour Brussel avait démarré sa carrière aux côtés des Inconnus, avant de claquer la porte à cause de leur producteur. Il exerce comme ostéopathe biodynamique à Paris et en Seine-et-Marne. Nous l’avons rencontré.
Par Valentine Rousseau
On se gare sur l’herbe, dans une cour commune, pour accéder à la maison de Seymour Brussel, à La Houssaye-en-Brie. C’est dans ce village de Seine-et-Marne que le quatrième de la bande des Inconnus, oublié du grand public, habite et travaille. Dans la salle d’attente de son cabinet d’ostéopathie biodynamique – discipline qui s’appuie sur les énergies et les vibrations du corps –, une pancarte posée par sa fille flèche « le cabinet de papa ». Au bout de la rue, la forêt de Crécy, où l’humoriste de 64 ans aime se promener, cueillir des champignons. Sa vie a pris un chemin de traverse, éloigné de ses anciens copains de café-théâtre.
La troupe, au départ, comptait cinq membres avec Smaïn, parti mener une carrière solo à la sortie du film « le Téléphone sonne toujours deux fois », en 1985. Seymour, lui, est resté jusqu’en 1989. Il a quitté la bande à cause de leur producteur, Paul Lederman. « Au début, on travaillait avec Claude Martinez, son associé. Un homme humain, droit, sensible. Il s’occupait aussi des Gipsy Kings qui cartonnaient à cette époque. Lederman produisait Coluche, entre autres. Quand celui-ci est mort, en 1986, il s’est rabattu sur nous. Grosse malchance. Le Luron le surnommait les Dents de la mer. »
Il commence avec Pascal Légitimus dans « le Théâtre de Bouvard »
Assis devant sa table de praticien, près de son poêle à bois, Seymour parle vite, déborde d’énergie. On peine à croire qu’il pratique chaque jour la méditation. Qu’il argumente son opposition au vaccin anti-Covid et son refus de porter le masque ou qu’il livre avec franchise ses souvenirs avec les Inconnus, son ton est le même. Passionné, vif, enjoué. Il n’a rien oublié.
Seymour a d’abord connu Pascal Légitimus en 1982. Ils ont joué ensemble pour « le Théâtre de Bouvard », diffusé chaque soir sur Antenne 2. Didier Bourdon puis Bernard Campan les ont rejoints les mois suivants. C’est là que le groupe s’est soudé. « Ce qu’on a pu se marrer ! J’en garde d’excellents souvenirs. » À l’été 1987, le quatuor démarre une quotidienne sur Europe 1, déroule 600 sketchs en un an. « On simulait des interviews en lien avec l’actualité. Le soir, on jouait au Théâtre Fontaine. On cartonnait. »
Sauf que Seymour Brussel n’a pas supporté que leur producteur touche 50 % de leurs droits d’auteur. « Les copains m’envoyaient dans son bureau pour que je m’engueule avec lui. Je lui disais que ce n’était pas normal. Il n’écrivait aucun texte et touchait des droits d’auteur ! Je n’ai pas eu gain de cause. J’ai proposé aux autres qu’on parte ensemble. Ils n’ont pas voulu. Ce n’est pas grave. » Des regrets ? « Non, je ne pouvais pas baisser mon froc, sourit l’humoriste, bonhomme. On gagnait beaucoup d’argent. Je voulais monter une société pour acheter des parkings à Paris. Un placement juteux. Ils n’ont pas voulu. On serait rentiers, aujourd’hui ! »
L’ostéopathe revoit Pascal Légitimus qui le consulte « quand il a mal au dos. Je m’entends très bien avec toute sa famille, je les aime beaucoup. Ils viennent se soigner chez moi ». À Paris. Parce que Seymour partage son travail entre deux cabinets : l’un à Denfert-Rochereau (XIVe) le lundi et le jeudi, en Seine-et-Marne le reste de la semaine.
Il savait qu’il ferait ce métier dès l’âge de 6 ans. « J’étais sensible à la maladie des gens qui m’entouraient, je m’enfermais dans les toilettes et j’envoyais de l’énergie pour qu’ils guérissent. J’ai gardé ce don pour moi jusqu’à l’adolescence, où j’ai lu des livres sur les magnétiseurs. » Parallèlement à sa formation, il joue la comédie. Son potentiel humoristique remonte au CM1. De premier de la classe, il est alors devenu trublion. Au lycée Marcelin-Berthelot (à Saint-Maur-des-Fossés), il est viré de la cantine pour avoir mis le feu à ses bulletins de 3e dans la cour du collège. « J’aimais faire rire parce que j’avais envie d’être aimé. »
Il est resté proche de Bernard Campan
Il a longtemps souffert d’avoir été déposé avec sa sœur à 7 heures du matin chez la nounou, récupéré à 20 heures par des parents qui travaillaient beaucoup. Sa première année de vie passée à l’hôpital, contaminé par un staphylocoque en naissant prématuré, son allure chétive, sa croissance à la peine, n’arrangeaient rien. « À 13 ans, j’ai décidé d’être rugbyman, j’ai fait de la musculation. Regardez-moi ! » s’amuse-t-il en montrant sa carrure impressionnante.
S’il aime soulager les douleurs des autres, écrire des livres pour les aider (« la Peur, l’origine de nos maladies » et « le Corps autoguérisseur », au Courrier du livre), il prend aussi plaisir à noircir des pages de blagues. Il a joué deux spectacles, « Carte Vitale » au Palais des Glaces puis « Ma patiente a des limites », à l’Archipel jusqu’au confinement. « Bernard (Campan) et Pascal (Légitimus) sont venus me voir », raconte-t-il avec sérieux. Seymour est resté proche du premier. « C’est avec lui que je m’entendais le mieux, déjà à l’époque. Il est le plus humain, le plus généreux, le plus gentil. Il a une autre sensibilité, je sentais qu’il allait jouer des rôles plus profonds. » Presque quarante ans après, le fil des Inconnus ne s’est jamais brisé.