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MessagePosté: 05 Oct 2022, 16:01 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Abyssin a écrit:
Sinon, certaines critiques presse me font rire quand ils reprochent au film de ne pas être très pertinent sur la critique du monde des riches. C'est comme dans The square, que certains voulaient voir comme une critique du monde de l'art moderne et en sortaient déçus. Östlund a très peu de chose à dire dessus finalement, il s'en sert plus comme cadre pour exploiter sa mécanique humoristique.

Mais oui mais c'est bien là le souci: non seulement j'ai trouvé ça bête/creux, mais en plus je n'ai pas ri une seconde, ni même esquissé un demi-sourire. Pas ma came, tout simplement...

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 05 Oct 2022, 21:43 
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C'est pas un souci, c'est juste pas le projet du film. D'où le reproche sur ces critiques que je trouve à l'ouest. Après si on n'adhère pas à la mécanique absurde d'Östlund comme toi, c'est clairement un calvaire. Par exemple, je trouve le moment gerbe parfaitement cohérent dans la démarche d'Östlund mais je comprends qu'on déteste à fond.
d'ailleurs curieux qu'il n'y ait pas eu de remarque sur la vieille qui vomit et chie à la fois.


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MessagePosté: 06 Oct 2022, 09:59 
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Ostlund est sur un segment de comédie à l'italienne plutôt delaisse de nos jours et c'est agréable. Jamais eu le courage encore de voir un Wermuller, la longueur des films, leur humour parait-il outrancier et hénaurme ne m'attirent pas vraiment. On pense surtout dans l'esprit, apres le Fellini de la Dolce Vita qu'évoquait The Square, a du Ferreri, dans son humour un peu programmatique et frustre, en prise sur l'epoque et ses grands sujets de société, et finalement, sa manière de produire un humour anti-bourgeois... pour les bourgeois ou bourgeois-soluble. Si l'on reprend la metaphore debile du bain d'acide dans lequel un cineaste plonge les personnages, on dirait plutot que les personnages sont ce bain d'acide dans lequel le film finit par se dissoudre.

C'est finalement l'aspect le plus, disons problématique, pour employer un mot a la mode du cinéma d'Ostlund, cette manière d'en être en faisant mine de ne pas en être. C'est très plaisant, très distrayant pour un film de cette longueur, même si la troisième partie tire la langue, fréquemment drôle, avec des situations construites de manière denses et cohérentes, les images sont agréablement léchées. Au point de vue du propos, le film n'est pas si creux ou tarte a la crème qu'on veut bien le dire dans la façon dont il scrute méticuleusement des rapports de pouvoirs transposables à la vie quotidienne de chacun d'entre nous, quand bien même nous ne frayerions pas avec le 0,5% de manière quotidienne.


Mais c'est vrai qu'il y a une sorte de facilite et d'inanité de la charge satirique. Dans sa manière de retourner les cliches imposes de l'époque pour critiquer une forme d'hypocrisie le film s'autorise de la sorte certaines facilites, comme son passage du patriarcat au matriarcat. Il met bien en scène une forme de banalité de la médiocrité et de la soumission, ainsi que les rêves sordides qu'agitent devant nous l'époque mais de manière trop distanciée pour produire, derrière le rire, une forme de reconnaissance. Ce n’est pas un hasard si le meilleur personnage, excellemment interprété il faut dire, est le milliardaire russe, au fond bonne bouille, pas dupe sur ce veau d’or qu’est l’argent, en même temps conscient évidemment de son pouvoir de traction. Un personnage pareil a le beurre et l’argent du beurre, le pouvoir de regarder de haut et de l’autodérision en même temps. Il est le roi et le bouffon. Et finalement la posture d’Ostlund, pas prêt à renoncer à ce confort mais ok pour faire dans le jeu de massacre culminant dans une catharsis scatologique, est proche de la sienne. Il va se ranger à côté d’un Wes Anderson, juste méchant et œuvrant au nom du réalisme, soit disant, dans ce tourbillon dénué de sens qu’est la vie, et surtout la vie des plus aisés. Son manuel politique, brièvement esquissé, sonne d’ailleurs aujourd’hui singulièrement limité, les sempiternelles remarques sur le complexe techno-militaire américain et ses tentatives de déstabilisation mondiale faites avec la componction du suédois droit dans ses bottes. Cela ne va pas chercher bien loin. Bonne comédie, comédie limitée. A l’image donc, d’un troisième acte, qui vire à la démonstration lourde.


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MessagePosté: 06 Oct 2022, 13:21 
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bmntmp a écrit:
comme son passage du patriarcat au matriarcat.
Quel patriarcat?

bmntmp a écrit:
Ce n’est pas un hasard si le meilleur personnage, excellemment interprété il faut dire, est le milliardaire russe,
Ouais il est rigolo. Sa scène avec sa femme sur la plage est géniale. Moi j'ai un petit faible pour Woody Harrelson. Son personnage me fait rire.

bmntmp a écrit:
Et finalement la posture d’Ostlund, pas prêt à renoncer à ce confort mais ok pour faire dans le jeu de massacre culminant dans une catharsis scatologique, est proche de la sienne. Il va se ranger à côté d’un Wes Anderson, juste méchant et œuvrant au nom du réalisme, soit disant, dans ce tourbillon dénué de sens qu’est la vie, et surtout la vie des plus aisés.
Comprends pas ta référence à Wes Anderson.


bmntmp a écrit:
A l’image donc, d’un troisième acte, qui vire à la démonstration lourde.
Quelle démonstration? Je vois ça plus comme une inversion des rôles assez drôle et une continuation du jeu de massacre. Par contre, il y a un truc qui me fait trop rire dans cette partie
La mort de l'âne. Les mecs sont sur une prétendue île déserte et se posent même pas la question de ce que fout un âne ici et restent dans leur trip "Robinson crusoé". La manière dont est épinglée leur bêtise, j'adore


Sympa ton texte sinon.


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MessagePosté: 06 Oct 2022, 15:23 
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Le film pratique une inversion des rôles un peu facile. Au début, en passant par l’objectivation du corps masculin, pour glisser vers les difficultés de s’affranchir des stéréotypes de genre (en glissant au passage une petite remarque sur le fait qu’être mannequin homme, c’est comme être footballeur femme), pour aboutir au matriarcat final, où le mannequin devient le toyboy désormais conscientisé sur les contraintes qui touchaient sa comparse dans la vie réelle façon mecs meufs de Robert Hospyan). La femme de ménage prend le pouvoir dans la robinsonade car le codeur, le milliardaire, l’handicapée, la stewardess, le machiniste, les mannequins ne sont pas fichus d’en foutre une. Ça fournit des blagues correctes mais ça va pas chercher bien loin.

Wes Anderson c’est pour le côté chic du cinéma, Vuitton compatible (ce que d’ailleurs Anderson n’a jamais prétendu ne pas être). Et le côté croisière s’amuse et tour d’ivoire. Ostlund y ajoute le choc, qui n’en est pas et une défense des classes laborieuses trop cosmétique encore pour convaincre.


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MessagePosté: 06 Oct 2022, 16:09 
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bmntmp a écrit:
façon mecs meufs de Robert Hospyan
QGK likes this

Le film met effectivement la femme en dominatrice des relations entre les personnages (la chef d'équipage aussi). C'est plus une inversion des clichés qu'un passage du patriarcat (qui n'est pas présent dans le film) au matriarcat. Pour Wes Anderson, je vais être en désaccord. Je ne vois pas ce qui est Vuitton compatible, le fait que ça se passe dans un yacht de luxe ne le justifie pas et honnêtement j'ai du mal à voir un côté chic chez Östlund.


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MessagePosté: 06 Oct 2022, 16:28 
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Oops my bad QGJ. Deux millions de vues sur youtube quand meme.


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MessagePosté: 06 Oct 2022, 21:51 
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Antichrist
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J'ai fait ça un jour moi ?
Le court métrage de la semaine: "Mecs meufs" de Liam Engle
https://www.parismatch.com/Culture/Cine ... gle-929105


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MessagePosté: 08 Oct 2022, 13:00 
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C'est un sacré morceau quand même. Un cinéma assez unique finalement, une comédie acide assez basique sur le papier mais d'une ampleur assez rare et avec plus de profondeur que sa surface "choc bourgeois" veut bien nous le laisser croire. J'aime comme le film échappe finalement souvent à ce qu'on pouvait en attendre. Par exemple le tout début te laisse croire que ça va être une peinture au vitriol du monde de la mode mais très rapidement on passe à autre chose, à installer une situation toute bête qui s'éternise et qui sous son apparente trivialité cache beaucoup. Ce que j'ai aimé dans cette première partie c'est à quel point finalement Ostlund semble aimer ses personnages ou du moins avoir un regard d'une vraie tendresse envers eux. Quand le couple se rabiboche à la fin de la séquence, il y a quelque chose de véritablement sincère soudainement, les personnages sont plus que ces marionnettes que l'on s'amuse à manipuler au profit de sa petite démonstration sociologique (ce qu'on a tendance à beaucoup lui reprocher).
La suite est toute aussi surprenante oscillant sans cesse entre observations fines et quelque chose de plus directement trivial, voire même ouvertement vulgaire culminant avec cette scène de repas apocalyptique et tout ce qui suit, ce naufrage qui n'en finit pas baigné de merde et de vomi alors que résonne un débat aviné entre un marxiste américain et un capitaliste russe. Quoiqu'on en dise c'est inattendu, c'est singulier, le film nous surprend et questionne sans cesse la position de chacun dans cette micro société qu'est le yacht de luxe. Et puis les persos sont assez géniaux, l'oligarque russe est excellent et là encore bien plus riche que sa façade d'ogre fortuné. La vanne de la grenade pour conclure le chapitre est brillante (même si j'ai pas compris, il y a deux explosions, la grenade et quelques secondes plus tard, une autre beaucoup plus grande)...
La troisième partie est peut-être la moins réussie, paradoxalement, alors que c'est là aussi assez surprenant. Mais on commence à trouver le temps long. L'inversion des positions de domination se fait peut-être trop évidente même si une fois de plus c'est plus complexe que simplement "la femme de ménage devient la chef", c'est plus trouble. J'ai aimé les espèces de moments "boys will be boys" avec les sifflets et les vannes, là encore une vraie tendresse. Je n'ai pas aimé la fin, trop ouverte pour rien, le dernier plan est incompréhensible (le copain qui court seul dans la forêt), tellement dommage de finir sur cette fausse note (alors que l'ironie de la découverte de l'hôtel fonctionne bien sur moi, c'est parfait). Même si j'adore le plan de dos de Yaya, c'est très beau, ce flottement, cette silhouette sans visage. Par ailleurs le film est magnifique, la photo, l'élégance de la mise en scène, c'est un grand plaisir (je sortais du HSS, qui a une des pires photo vues récemment, ça m'a fait un choc).

Bref, du mal à comprendre l’animosité. Je trouve le film bien plus original que The Square, vraiment dense, passionnant, drôle même si trop long (la joute verbale entre Harrelson et le russe dure un peu trop longtemps par ex). Sans doute pas une grande palme mais elle est loin d'être honteuse (même si je suis aussi surpris que ce soit ce film qui ait fait l'unanimité dans le jury).

4-4.5/6

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MessagePosté: 08 Oct 2022, 13:01 
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D'ailleurs le nouvel épisode de La gêne occasionnée, le podcast de Bégaudeau est sur le film, très curieux d'écouter ça.

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MessagePosté: 08 Oct 2022, 13:08 
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Art Core a écrit:
La vanne de la grenade pour conclure le chapitre est brillante (même si j'ai pas compris, il y a deux explosions, la grenade et quelques secondes plus tard, une autre beaucoup plus grande)...
Une seconde grenade, non? Qui touche un truc un peu sensible qui balance à la plus grande explosion.


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MessagePosté: 08 Oct 2022, 13:09 
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Oui c'est ce que je me suis dit mais c'est pas hyper clair. Bon c'est un détail.

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MessagePosté: 08 Oct 2022, 14:01 
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Comme toi un peu gêné par la fin ouverte qui me paraît moins riche que floue.

Hâte d'entendre la Gêne aussi. Ca fait un bail que j'avais arrêté.


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MessagePosté: 08 Oct 2022, 14:40 
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C'est vrai que le dernier plan génial devant l'hôtel aurait été meilleure.


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MessagePosté: 09 Oct 2022, 10:33 
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Art Core a écrit:
D'ailleurs le nouvel épisode de La gêne occasionnée, le podcast de Bégaudeau est sur le film, très curieux d'écouter ça.


Il se roule toujours dans la matière en jubilant ou il a fait une psychanalyse pendant les vacances ?


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